Crédits photo : Fifou
En pleine crise du disque, le streaming a totalement modifié l'industrie musicale française. Avec 243 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2017, soit 42% du marché total, et un nombre de 4,4 millions d'abonnés en France, ce nouveau mode de consommation de la musique a bousculé tous les codes. Sauf que des rumeurs de fraudes ont régulièrement été dénoncées, notamment dans l'univers du rap où les records s'accumulent. « Evidemment que ça triche, regardez sur Internet, vous pouvez acheter tant de vues, tant de machins, oui ça triche. Est-ce que ça triche plus dans un genre musical plus qu'un autre ? J'en sais rien. Est-ce que ça triche plus en France ? Jen sais rien. Mais évidemment que ça triche » a lâché Pascal Nègre en novembre dernier, confirmant les suspicions autour du streaming. Alors qu'il publie son nouvel album "Ceinture noire", numéro un des ventes, Maître Gims aussi s'exaspère des triches.

"A cause de ces gens qui trichent, ça fausse tout"

A tel point que l'artiste a proposé à tous les rappeurs qui décrochent des certifications grâce au streaming d'ouvrir la billetterie d'un Zénith pour confirmer leur supposée popularité. Cela à travers le hashtag #ZenithChallenge. Dans une interview pour Générations, l'interprète de "La même" a approfondi sa pensée. « Quand tu as un public, tu as un public. C'est une réalité ce qui se passe. Mon discours, c'est un discours de justicier. Je viens d'une époque où il n'y avait pas de streaming, on a fait les choses dans les règles, on s'est battu pour avoir des certifications » a lâché Maître Gims, en colère contre les tricheurs. Il décrit d'ailleurs la révolution du streaming comme un virage « brutal » et « violent ». « Et aujourd'hui ça me fait chier qu'avec un clic, un petit billet, tu paies des gens qui te multiplient tes vues, tes machins en streaming. Et qui pètent le champagne en disant "On fait si ça", qui faussent un peu le truc » a renchéri le rappeur.

De nouvelles certifications pour limiter la fraude

Car c'est l'injustice qui pousse Maître Gims à prendre la parole sur ce sujet de triches dans le streaming : « A côté, il y a des gens qui travaillent dur, des gens qui ont du talent et qui ne verront peut-être jamais le jour. Aujourd'hui, on est dans des chiffres. Si tu ne fais pas tant de chiffres, tu n'as pas la chance d'être écouté. Ma guerre, elle est là ». Surtout que l'interprète de "Corazon" n'est « même pas concerné » : « Dieu merci, ça marche bien pour moi. J'aurais pu me taire (...) mais il y a des gens qui ont du talent et qui méritent d'être entendus. Mais à cause de ces gens qui trichent, ça fausse tout ». Pour Maître Gims, les chiffres faussés annoncés en première semaine peuvent avoir un impact considérable sur une carrière : « Aujourd'hui, on va savoir que tu as fait moins qu'untel, ça veut dire que tu es plus nul. C'est tout, c'est comme ça qu'un gamin réfléchit. Donc on ne t'écoute pas, tu ne fais pas beaucoup de vues ».

Pour lui, « il faut en parler » : « J'ai l'impression que les choses commencent à bouger. Tout est en train d'être revalorisé ». Maître Gims a révélé que de nouvelles certifications allaient être annoncées par le SNEP ainsi que des mesures pour éliminer la comptabilisation des « comptes fantômes » sur les plateformes. « Ça va être plus difficile d'avoir des certifications » a-t-il conclu. A suivre !

Regardez l'interview de Maître Gims sur le streaming (16*30) :