Crédits photo : Pochette de "&"
Le succès surprise de "LØVE" a conforté Julien Doré dans l'envie de conserver les ingrédients qui lui ont permis de séduire plus de 400.000 fans. Oui, impossible de ne pas comparer "Le Lac", son dernier single, avec le tube "Paris Seychelles". Oui, sa façon de chanter a bien changé depuis "Les limites", sa voix étant devenue celle d'un crooner sensible, et ses textes ont eux aussi pris un tournant plus chargé en nostalgie et en émotions, agrémentés de noms de villes et de phrases parfois mystiques. Mais le voyage intime, poétique et solaire dans lequel nous emmène Julien Doré sur "&", enregistré dans le chalet de son enfance à St-Martin-Vésubie, et où il est évidemment question d'amour qui finit mal (en général), est bien plus que ce qu'on pourrait croire.
Le spleen dans la voix
Tout au long de ce quatrième album, Julien Doré nous enveloppe d'une douceur cotonneuse grâce à ses productions soignées et enveloppantes, parfois cinématographiques, sur lesquelles sa voix nous caresse, comme du velours. A l'instar de "Porto Vecchio", "Eden" ou "Magnolia". Plus grave, les larmes dans la voix, le chanteur n'est jamais aussi touchant et sincère que lorsqu'il s'arme de son piano et de nappes de synthés délicates pour évoquer la mort sur "Sublime & silence", une déclaration d'amour désespérée, en apesanteur. Le temps se suspend alors, comme à plusieurs reprises sur ce disque, notamment avec "Mon écho", véritable crève-coeur, où l'interprétation sur le fil de Julien Doré et son texte rempli de spleen nous percutent. « Où vont les silences des rivières ? » se demande-t-il sur ce titre introspectif et humaniste, où des choeurs hantés s'invitent pour nous faire frissonner. Désarmant, le véritable tourbillon émotionnel "De mes sombres archives" vaut à lui seul l'écoute de cet album.
Découvrez "Sublime & silence" de Julien Doré :
Mais que le public des débuts se rassure, Julien Doré n'a pas tant changé que ça, et sa mélancolie omniprésente laisse également place à son personnage de crooner décalé, qu'il a toujours incarné depuis "Nouvelle Star". Avec l'envie de réchauffer un peu les coeurs écorchés, le chanteur joue les Philippe Katerine sur "Coco câline", sorte de tube de l'été improbable, entre délire personnel et premier degré lunaire. Le grand écart est total ! « Je te veux, coco câline / Je te veux, prends-moi / Sur la plage coco câline, sur la plage, coco ». Accompagné de la révélation Juliette Armanet sur "Corail", Julien Doré redevient séducteur sur ce duo 80's au kitsch assumé, tandis que le chanteur se met à l'italien sur l'étonnant "Romy". A nu, il livre aussi ses failles sur "Moonlight Serenade", qui impose son texte le plus personnel mais brise le miroir avec un beat eighties des plus désuets. « Faut pas trop m'aimer moi, sinon je panique ». Que Julien Doré se prépare pourtant à un nouveau raz de marée d'amour...
