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« Désolée de ne pas pouvoir vous dire que je vais bien ». Dans les colonnes du Parisien, Françoise Hardy s'excuse de ne pas être porteuse de bonnes nouvelles. Ce n'est un secret pour personne, l'artiste de 77 ans se bat courageusement depuis des années contre un cancer du pharynx qui a progressivement dégradé son état de santé. Celle qui enchantait la France avec "Tous les garçons et les filles" il y a presque 60 ans le dit sans détour : elle ne rechantera plus. « Quand quarante-cinq radiothérapies et une immunothérapie vous ont peut-être soignée mais aussi privée définitivement de salive et rendue sourde d'une oreille, vous ne pouvez plus chanter » constate-t-elle, résignée. Alors, elle écrit. L'icône des années yéyé retrace le destin des 209 textes qu'elle a écrits entre 1962 et 2018 dans l'ouvrage "Chansons sur toi et nous", qui fourmille de souvenirs et d'anecdotes : « J'avais fini par accepter quand mon éditeur m'avait suggéré de commenter mes textes quand il y avait lieu. Travailler malgré mon état et toutes les difficultés qui vont avec me fait du bien et me maintient en vie ».

"Travailler me maintient en vie"

Le livre a pris forme durant ces derniers mois, marqués par la pandémie ayant mis le monde entier sur pause. « Je suis confinée de toute façon à cause de mon mauvais état, mais le confinement pose des problèmes de ravitaillement, de soins médicaux, rend plus difficile et incertaine l'aide de mes amis » confie Françoise Hardy, qui dit « compatir de tout [son] coeur à la souffrance et à l'angoisse de tous ceux en général, des chanteurs et des acteurs en particulier, qui sont privés de leur travail ». Il y a quelques jours dans Paris-Match, elle affirmait ne pas avoir « peur de mourir ». « Mais j'ai très très peur de souffrir. D'autant plus que c'est déjà le cas » expliquait Françoise Hardy. C'est la raison pour laquelle elle s'engage médiatiquement pour le droit de son mourir dans la dignité, à l'instar de Line Renaud, alors qu'un projet de loi sur l'euthanasie doit être examiné cette semaine à l'Assemblée nationale. « À partir d'un certain moment où il y a beaucoup trop de souffrance et où il n'y a aucun espoir, il faut abréger les souffrances. C'est la moindre des choses. C'est humain » estime Françoise Hardy, qui refuse d'être impuissante quand son « état deviendra encore plus insupportable ».

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En 1973, dans le titre "Pouce, au revoir", elle fredonnait « Je voudrais en finir, arrêter de courir / Je voudrais pouvoir dire, pouce au revoir ». A-t-elle parfois envie de se laisser partir ? « J'ai envie d'être là pour ceux que j'aime, mais quand je vais trop mal physiquement, la peur de souffrir sans espoir d'aller mieux m'angoisse » répond la mère de Jacques Dutronc. Aussi, le répète-t-elle avec force : « Je déplore que la France manque d'humanité au point de ne pas légaliser l'euthanasie. Même l'Espagne et le Portugal l'ont fait ».