Crédits photo : Pochette de l'album "Le chemin"
Emmanuel Moire revient de loin. Après avoir été révélé dans la comédie musicale "Le Roi Soleil", le chanteur français a brillé sur son premier album "Là où je pars", trusté de mélodies aériennes, et a troublé son public alors qu'il pensait avoir trouvé "L'équilibre" dans la pop-électro. Quatre ans plus tard, l'artiste est de retour, debout, solide, plus fort et serein que jamais, riche de ses erreurs et plus confiant après sa victoire dans "Danse avec les stars". Il n'élude presque aucune question dans les textes de son nouveau disque "Le chemin", que l'on ressent très travaillé et à son image. Si c'est le single pop "Beau Malheur" qui a lancé l'exploitation de l'opus, porté par un texte plein d'espoir malgré les échecs, la tonalité du projet se veut plus intime, plus délicate, comme une trêve, une respiration haletante après les multiples tempêtes.

A l'instar d'un journal intime, Emmanuel Moire se met ici à nu. Il nous ouvre les portes de ses blessures et déceptions, et nous raconte avec simplicité, les yeux dans les yeux (comme sur la pochette), ce qu'il a dû traverser pour que "Le chemin" arrive jusqu'à nous. Dès les premières notes de piano de "La vie ailleurs", brumeux et crescendo, l'auditeur prend conscience de l'état d'esprit du chanteur qui n'hésite pas à donner de la voix au fur et à mesure du morceau, comme pour s'imposer. Une piste d'ouverture inattendue et agitée, sans aucun doute l'une des meilleures pièces de l'album. Il renoue ensuite avec les chansons d'amour déçu sur le coup de cœur "Venir voir", porté sobrement par sa voix haute et blessée, et un piano douloureux que l'on retrouve également sur les touchants "Je ne sais rien", "Ce qui me vient" et "Le jour". Au passage, il livre un message très personnel, sans fard, à ses parents sur "Vous deux".

Re-découvrez le clip "Beau Malheur" d'Emmanuel Moire :



Mais Emmanuel Moire ne regarde pas qu'en arrière et distille plusieurs pistes exaltantes, très pop, témoins de sa renaissance. Il n'y a qu'à écouter "Mon possible", entêtant et humble dans son texte rêvant d'un meilleur avenir, ou le single potentiel "Ici et ailleurs", radiophonique à souhait et immédiatement fédérateur grâce à ses paroles positives et ses "oh oh" en arrière-plan sur le refrain. Témoin d'une dualité omniprésente, le chanteur montre également un visage plus sombre sur "La blessure", qui nous plonge dans une ambiance nocturne, où tel un prédateur il guette sa proie après avoir souffert. Sur ce tube qui s'ignore, il multiplie les lectures, n'hésite pas à faire s'envoler sa voix en fin de morceau et nous chahute dans ce charmant chaos. Une même recette qui ne prend d'ailleurs pas sur "L'abri et la demeure". Aimant les risques, le chanteur ose aussi retenter l'électro sur le sensuel et réussi "Ne s'aimer que la nuit", hymne à l'amour sans lendemain.