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dimanche 21 juin 2020 13:11

Les Black Eyed Peas en interview : "La musique latine fait partie de notre ADN"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Alors que sort l'album "Translation", Pure Charts a pu s'entretenir avec les Black Eyed Peas via l'application Zoom pour parler de l'importance de la culture latine dans leur musique et échanger sur leurs collaborations événements avec Shakira ou Maluma.
Crédits photo : Polydor
Propos recueillis par Yohann Ruelle.

Un an et demi après ''Masters of the Sun'', vous voici de retour avec un album taillé pour l'été appelé ''Translation''. Pourquoi être parti dans cette direction latino ?
Taboo : Nous avions déjà collaboré avec des artistes latino dans le passé comme Daddy Yankee, Paulina Rubio, Juanes... La communauté latine a toujours été une grande source d'inspiration pour les Black Eyed Peas. Et puis nous venons de Los Angeles, qui est une grande ville cosmopolite, donc les rythmes latins ont toujours résonné très forts en nous, nos premières chansons en sont imprégnées. La musique latine fait partie de notre ADN.
Will.i.am : Personnellement, j'adore la structure du reggaeton. Alors on y a infusé d'autres sonorités que nous aimons comme l'afrobeat ou ce son futuriste à la Black Eyed Peas.

Vous avez l'habitude de collectionner les tubes et là encore, "RITMO" a connu un succès massif dans le monde ent...
Will.i.am : Wouhouuuuuuuuuuuu !
(Ils se mettent tous à hurler de joie)

« C'est incroyable le chemin qu'on a parcouru »
"RITMO" est un énorme hit planétaire, "MAMACITA" tourne en boucle à la radio. Ça vous surprend encore, ce lien avec le public ?
Will.i.am : La raison pour laquelle j'ai crié, c'est parce que nous avons réalisé l'impossible. C'est incroyable le chemin qu'on a parcouru. Nous venons du hip-hop mais ''Where Is the Love'' nous a fait entrer en 2003 dans la culture pop. Ça a été notre premier tube. Nous avons enchaîné ''Let's Get It Started'', ''Hey Mama'', ''Pump It'', ''Don't Phunk With My Heart'', ''My Humps'', ''Don't Lie''... Pour certains, deux albums remplis de tubes c'est déjà beaucoup. Et puis, cinq ans plus tard, on est revenu dans un registre électro avec ''I Gotta Feeling'', ''Boom Boom Pow'', ''Rock That Body'', ''Dirty Bit''... En 2011, on remplit trois fois le Stade de France avant de prendre une pause pendant huit longues années. On ne voulait pas s'arrêter mais la santé de notre ami Taboo, qui a été diagnostiqué d'un cancer et l'a battu, était notre priorité. Il y a deux ans, on est revenu avec un disque de jazz hip-hop underground. Je suis super fier de ''Masters of the Sun'' que je considère aussi bon que nos deux premiers albums. Il nous a permis en plus d'introduire le talent de J. Rey [ndlr : la nouvelle chanteuse du groupe]. Alors, après tout ça, qu'on signe un retour pop latino et que ça marche du tonnerre ? C'est juste dingue. Je me sens incroyablement reconnaissant envers le public. Ça prouve simplement notre capacité, en tant qu'auteurs et producteurs, à apporter notre contribution à la culture.
Apl.de.ap : On a toujours faim de plus ! On tient réellement à continuer de proposer une musique avec de l'énergie et des influences venues de toutes les cultures. Mais ça reste une surprise de voir toutes ces vidéos sur TikTok avec nos morceaux, ces chorégraphies que les gens reprennent. On se sent très chanceux d'avoir encore une plate-forme pour introduire de nouveaux talents comme J. Rey Soul.

Justement J. Rey, ça te fait quoi de faire partie de cet héritage ?
J. Rey Soul : C'est juste incroyable, c'est presque surréaliste. Tu sais, j'ai grandi aux Philippines et j'ai été découverte par apl. Dieu m'a mise sur le bon chemin, au bon moment. Quand je l'ai rencontré, apl m'a tout de suite prise sous son aile, il est comme mon âme soeur. Très naturellement, il m'a dit : ''J'aimerais te présenter à mes frères Will et Tab''. Il m'a fait venir aux États-Unis et depuis, nous n'avons pas arrêté de faire de la musique. C'est un rêve qui se réalise.




« Il m'a fallu 13 ans pour finir le titre avec Shakira »
Sur l'album, vous avez choisi de réinventer des morceaux connus de tous comme ''The Rhythm Of The Night'', ''La Isla Bonita'', ''U Can't Touch This''... Que représentent-ils à vos yeux ?
Will.i.am : (Il se met à chantonner) Da da da de da da da da. J'ai toujours trouvé le refrain de ''Rhythm Of The Night'' génial et j'avais envie de le moderniser avec le son d'aujourd'hui, de traduire cette mélodie des années 90 en quelque chose qui soit 2020. Il y a plusieurs chansons qui font le cross-over entre la musique américaine et la musique latine, et c'est par exemple le cas de ''La Isla Bonita''. On ne l'a pas utilisé comme sample mais j'avais en tête cette fusion des genres qu'on retrouve sur ''All Night Long'' de Lionel Richie, qui fait le pont entre culture américaine, musique africaine et sonorités caribéennes. C'est magnifique et c'est cette approche-là qu'on avait envie de transmettre sur ''Translation''.
Taboo : Tu as mentionné ''U Can't Touch This'' et je dois bien le confesser : nous avons toujours été fan de MC Hammer. Nous sommes des enfants de cette ère-là, le début des années 90 avec Kid 'N Play, Heavy D, De La Soul... Toute cette mouvance hip-hop, on a grandi avec. ''U Can't Touch This'' a été un tel tube à l'époque, avec cette ligne de basse infectieuse. C'est notre façon de lui rendre hommage.

La chanson ''Girl Like Me'' marque votre première collaboration avec Shakira. Depuis quand vous connaissez-vous ?
Will.i.am : Oh, ça remonte à longtemps. On avait fait un concert ensemble sur la Place Rouge à Moscou durant l'été 2006. C'était un superbe show et on avait parlé à l'époque de travailler ensemble. Un an plus tard, on s'est retrouvé en studio Shakira et moi pour bosser sur quelques chansons. Le refrain que vous entendez aujourd'hui remonte à ces sessions ! Cette chanson est probablement celle sur laquelle j'ai le plus longtemps travaillé. (Rires) Et pourtant j'en ai fait des morceaux ! Je crois qu'on avait mis deux ans à faire ''Where Is The Love ?'' mais ''Girl Like Me''... Il m'a fallu 13 ans pour la finir !

« Tout s'est fait par Instagram et WhatsApp ! »
Comment s'était passé l'enregistrement en studio ?
Will.i.am : Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi concentré dans le travail. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme Shakira tout court ! J'avais conservé cette mélodie bien au chaud dans mon disque dur. J'avais essayé de l'inclure sur l'album ''The E.N.D'' mais ça ne collait pas vraiment. Idem pour ''#willpower'' [album solo de will.i.am paru en 2013, ndlr]. Mais pour celui-ci, la musique, le rythme afrobeat, les sonorités latines, c'était parfait. Après toutes ces années, j'ai finalement eu le courage de présenter le morceau fini à Shakira. Elle m'a écrit un très beau message en retour par e-mail : ''Merci d'avoir d'exhumer la chanson des archives et de lui avoir redonné vie''. On a écrit de nouveaux couplets, gardé la même progression et le refrain. Elle est formidable dessus, la façon dont elle a intégré ces références aux années 80, très Blondie... C'est une de mes chansons préférées de l'album.

Il y aussi des morceaux avec Maluma, J Balvin, Ozuna, Becky G, Nicky Jam... Comment avez-vous fait pour réunir ce casting cinq étoiles?
Will.i.am : Becky G, qui est une chanteuse mexicaine et une amie, m'a encouragée à ne pas avoir peur d'envoyer des messages privés. ''Ne soit pas trop timide ou fier, contacte les artistes directement !'' m'a-t-elle dit. J'ai fait un véritable effort sur moi car je n'ai pas l'habitude de faire ça. Envoyez des bouts de chansons sur le net, via les réseaux sociaux ? J'ai presque envoyé l'album en entier par message privé ! (Rires) C'était le plus dur pour moi : appuyer sur le bouton envoyer. Avec cet album, on a autant appris que contribué. Et c'était enrichissant. Tout s'est donc fait par Instagram et WhatsApp : ''Hey Nicky Jam, faisons une collab'', ''ok super, envoie le morceau''. La seule personne à qui nous n'avons rien envoyé est Maluma. Nous avons fait ''Feel The Beat'' ensemble, de A à Z en studio.




« On a tourné deux clips la veille du confinement »
La conception de l'album a-t-elle été impactée par la crise sanitaire du Covid-19 ?
Will.i.am : Non, nous avons pu compléter l'album juste avant le début de la pandémie. Nous avons travaillé avec le producteur israélien Johnny Goldstein via Facetime entre octobre et février. La quarantaine n'était pas encore arrivée.
Taboo : Nous avons eu la chance de tourner deux clips à la suite un jour seulement avant le début du confinement ! On a essayé de tourner d'autres vidéos durant cette période d'enfermement mais c'était vraiment particulier, il y avait moins de techniciens disponibles et tout le monde doit porter des masques, des gants, utiliser du gel hydroalcoolique... C'est compliqué.
Apl.de.ap : Après, il faut reconnaître que cette situation inconfortable a été bénéfique pour l'album, puisque Will s'est entièrement focalisé sur sa finition. Il était enfermé et a pu se concentrer sur ce qu'il sait faire de mieux : la production. C'est un projet fait à la sueur de son front et on ne le remerciera jamais assez pour son talent.

L'album se clôt avec le titre ''News Today'', qui évoque justement la crise que nous traversons. Comment-elle est née ?
Will.i.am : Chaque matin pendant la quarantaine, j'arrivais en studio et j'essayais de chasser de mon esprit toutes les pensées négatives autour de ce qu'il était en train de se passer. Mais c'était impossible. Avant de m'endormir le soir, je ne pouvais pas m'empêcher de regarder les informations et je me réveillais le matin plein d'inquiétude. J'ai simplement couché sur papier mon ressenti, mais je n'étais pas sûr que la chanson soit faite pour cet album. J'ai appelé Apl et Taboo, quand ce n'était encore qu'une ébauche, et nous l'avons complétée ensemble. Ça me semblait être la chose à faire même si depuis, les protestations contre le racisme et les violences policières ont éclaté et j'aurais aimé en parler aussi. Les gens manifestent, les gens se battent pour ce qui est juste. Donc ne vous étonnez pas si une autre version de l'album voit le jour dans les semaines à venir !
Pour suivre l'actualité des Black Eyed Peas, rendez-vous sur leur site officiel.
Écoutez et/ou téléchargez l'album "Translation" sur Pure Charts.

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