mercredi 17 juillet 2013 18:00

Vincent Niclo : "J'ai plus connu la galère que le succès jusqu'à présent"

Alors que l'album "Opéra Rouge" a séduit plus de 200.000 Français en un peu moins d'un an, Vincent Niclo enchaîne avec un album hommage au ténor Luis Mariano, qui aurait fêté ses cent ans l'année prochaine. Dans les bacs le 23 septembre, ce disque de reprises très simplement intitulé "Luis" a été réalisé avec Florent Bidoyen, déjà présent sur "Opéra rouge", et contiendra un duo avec Rossy de Palma. Vincent Niclo évoque en exclusivité pour Pure Charts son coup de cœur pour Luis Mariano, mais également pour Céline Dion, dont il assurera les premières parties à Bercy en novembre.
Crédits photo : DR.
Propos recueillis par Jonathan Hamard.

Ton nouvel album sortira tout juste un an après "Opéra rouge", qui aurait pourtant pu être exploité sur la longueur compte-tenu du succès qu'il rencontre encore actuellement. Étais-tu pressé ? Avais-tu besoin de travailler sur un nouveau projet ?
Luis Mariano aurait eu cent ans en 2014. J'avais très envie de lui rendre hommage. C'est un artiste exceptionnel qui le mérite. Je fais cet album parce que je suis intimement convaincu que c'est un artiste qui n'occupe pas la place qu'il devrait avoir dans la mémoire et le cœur des gens. Pour moi, c'est l'une des plus grandes voix de son siècle. On n'a retenu de lui que son côté opérette alors qu'il a été un immense ténor. Il a été l'un des précurseurs des Bocelli, Pavarotti... De tous les autres ténors... Et surtout, c’est le premier comme je le fais aujourd’hui à avoir mêlé le chant classique à de grands standards de variétés. C'est lui qui a importé en France des grandes chansons comme "Besame mucho", "O sole mio"... Après, tous les autres l'ont repris. C'est en cela que sa carrière me fascine.

« Faire une reprise pour faire une reprise, ça ne m’intéresse pas »
Pourquoi lui a été oublié alors que d'autres comme Pavarotti et Bocelli, pour te reprendre, sont arrivés après lui ? Que lui manque-t-il pour la postérité ?
Je crois que le public n’a retenu de lui que le chanteur d'opérette, alors qu’il est avant tout un exceptionnel ténor interprétant des airs d’opéra et des chansons qui constituent aujourd’hui notre patrimoine. Il a été une immense star dans les années 50. J’avais envie de faire redécouvrir ce chanteur capable de notes très rares. Je suis persuadé que beaucoup de jeunes qui ont entre vingt et trente ans ne le connaissent pas.

Que va-t-on retrouver dans cet album "Luis" ?
On va retrouver les deux aspects de ce chanteur, que j'assume autant l'un que l'autre. C'est à dire que je voulais mettre l'accent sur sa carrière de ténor sans oublier la star de l’opérette. Alors, bien évidemment, on ne pouvait pas passer à côté de "Mexico" et "La belle de Cadix", qui sont devenus cultes. Mais j'ai aussi choisi des titres qu'il a été l’un des premiers à chanter et que les autres ont repris par la suite. Il y aura par exemple le premier single, "Besame mucho", "Volare" et "O solé mio". Il y aura aussi des morceaux dont beaucoup ignoraient sans doute qu'il les avait interprétés, comme "Ave maria" et "Noël blanc", et des titres moins connus comme "Cavalier". Les gens vont être assez étonnés en découvrant la liste et la diversité de tous ces titres. Parce que ce ne sont que des tubes énormes dont il a été le détonateur. Les autres se sont finalement accaparé tout ça par la suite (sourire).

« Si on commence à se demander ce qui va plaire ou pas, on ne fait rien ! »
On ne compte plus les interprétations du titre "Ave maria". Il y a quelques jours, Arielle Dombasle a proposé sa propre version sur son nouvel album. Qu'as-tu apporté de plus ?
Comme pour "Opéra rouge", faire une reprise pour faire une reprise, ça ne m’intéresse pas. On a mis des titres de côté parce que j'avais l'impression que je ne leur apportais pas grand-chose. Dans "Besame mucho" ou "Ave Maria", on dira qu'on aime ou pas, mais on ne pourra pas me reprocher d'avoir copié les autres. On a fait un vrai travail de recherche avec Florent Bidoyen, le réalisateur de cet album.

Qui avait déjà travaillé sur le premier...
Oui. On avait fait "Opéra rouge" ensemble. On a essayé d'apporter une identité vocale sur chaque titre tout en se détachant des autres. On a voulu mettre des sons assez modernes derrière, sans dénaturer l’œuvre, en essayant de lui apporter un nouveau souffle. Il fallait surtout que ça parle au plus grand nombre. C'est ce qui s'est passé déjà avec "Opéra rouge". On pensait que c'était un projet très adulte. Mais on s'est aperçu finalement que l'éventail était beaucoup plus large qu’on aurait pu l’imaginer. Sur les réseaux sociaux, j’ai la chance d’être suivi par des personnes qui ont quinze ans, jusqu'à des femmes beaucoup plus âgées. C'est un spectre très large. Et j'en suis très content (sourire) !

Crédits photo : Cyril Jerusalmi
Tu te lances un défi, comme avec "Opéra rouge", puisque tu essaies d'allier quelque chose de populaire et quelque chose de plus élitiste...
Avec Florent le réalisateur, on a toujours essayé de respecter l’œuvre, de rester au plus près d’elle. Faire une reprise, ce n'est pas dénaturer l’œuvre mais s'en rapprocher au maximum en lui apportant sa propre griffe. Je rentre dans une chanson comme dans un laboratoire. Avec Florent, on prend la chanson et on essaie de la disséquer. On la tord dans tous les sens. Parce que ce n'est pas si simple d'apporter quelque chose à une chanson. Pour "Opéra rouge", tout le monde nous attendait au tournant. Il y avait d'un côté les puristes qui trouvaient que j'avais fait de l'opéra un peu pop, comme dans "Ameno". Au final, on s'est aperçu que les gens sont assez contents du résultat. Je pense que dans "Luis", on retrouvera bien ma personnalité et que l'on discernera la manière dont j'ai appris à connaître et à aimer ce que faisait Luis Mariano. Je sais que je vais me retrouver confronté aux puristes, ceux qui le connaissent très bien. J’espère de tout cœur qu’ils ne seront pas dérangés par l'approche que j'ai eue de ses titres.

D'ailleurs, les puristes, comme tu les appelles, seront très surpris par la célèbre note du refrain de "Mexico", différente. Pour le coup, c'est un pari risqué...
Effectivement. Mais c'est bien que ça change, non (sourire) ? Cette interprétation, elle découle aussi du fait que je ne sache pas aussi bien faire les voix de tête que lui, comme ça a été fait par Mariano et les autres. J'ai une voix qui est assez corpulente, forte. Et j'ai voulu faire le "Mexico" en pleine voix. Je trouve que ça apporte à cette chanson un certain dynamisme. C'est vrai que je ne me suis pas posé la question de savoir si ça allait plaire ou pas. Un peu comme j'ai fait dans "Opéra rouge". Car si on commence à se demander ce qui va plaire ou pas, on ne fait rien. J'ai préféré le faire comme ça parce que je l'ai senti comme ça. Voilà tout.

Vocalement, on sent qu'il y a eu un travail important pour développer ta voix. C'est la tournée des Zénith qui t'a permis de progresser aussi rapidement ou un travail quotidien ?
Je travaille beaucoup. Il n'y a pas de secret. Les cordes vocales sont comme des muscles. C'est comme si je préparais une compétition. Je me prépare comme un athlète pour m'attaquer à des titres comme ceux-là. Je prends toujours des cours avec Thierry Grand de l’Opéra de Paris. En ayant un tel rythme, plus la scène et la promo, je chante presque tout le temps. Donc j'ai presque envie de dire que c'est normal que j'arrive de mieux en mieux à me servir de mon instrument.

« L'aventure continue avec Céline Dion. C'est inespéré ! »
Il faut aussi beaucoup de temps de repos. Tu aménages un planning pour ça ?
J’essaie mais ce ne n’est pas facile ! Il faut savoir reposer sa voix. Les cordes vocales sont un muscle qui a aussi besoin de se régénérer et de se reconstituer. Je l'ai vécu en tournée. J'ai chanté presque tous les jours. Au bout d'un moment, la voix fatigue. Il n'y a plus l'énergie. Mais il ne faut pas trop de repos non plus. Parce que sinon, le muscle perd en tonicité.

Sur ce nouvel album, il y aura un duo avec Rossy de Palma. C’était une évidence d'aller lui demander de reprendre avec toi Luis Mariano ?
Je trouvais que c'était le personnage qui allait bien avec le projet. C'était comme tous les paris fous que je me suis lancés. Je l’adore. Je me suis d'abord demandé pourquoi elle accepterait de chanter avec moi. Et puis que me suis dit "Qui ne tente rien n'a rien". Je trouvais qu'elle avait la personnalité et le physique pour un projet qui est aussi très latino. Le côté espagnol de Rossy, et son côté déjanté, très Almodovar aussi, ça me plaisait. Pour la petite anecdote, on a contacté son agent le jour où elle arrivait à Cannes pour le Festival, à l'aéroport. Il était là pour l'accueillir. Il était très enthousiaste et nous a dit qu'il allait pouvoir lui en parler tout de suite. Il y a des signes comme ça dans la vie. Je me suis dit à ce moment-là que ce n'était pas un hasard. Elle a écouté ce que je voulais qu'on fasse. Je sais qu'elle a aussi écouté "Opéra rouge". Elle a regardé les clips et a donné sa réponse quelques jours plus tard.

Crédits photo : Cyril Jerusalmi
L'autre évènement de cet automne, ce sont les concerts de Céline Dion à Bercy. Tu assureras les premières parties. C'est la cerise sur le gâteau !
Tout à fait (sourire) ! Le rêve continue avec Céline Dion. C'est complètement inespéré ! Je reviens de Las Vegas où je suis allé voir son show époustouflant. Avec moi, elle a été très protectrice. Elle a été tout d'abord d'une grande gentillesse. Mais ça, on le savait déjà. Elle m'a beaucoup parlé en me rassurant, parce qu'elle sait très bien la pression que je vais devoir surmonter. Elle m'a parlé de plaisir, de garder en mémoire ce grand moment parce que j'allais m'en souvenir toute ma vie. J'ai trouvé son discours absolument génial. Du coup, je vais aborder la première partie avec l'envie de profiter.

Vous vous êtes déjà croisés l'année dernière sur l'émission "Le Grand Show". Il y a véritablement eu pour toi un avant et un après. Tu l'as ressenti ?
Complètement ! Ça a réellement changé ma vie d'artiste ! Je savais que ça pouvait être le début de la fin ou un vrai tremplin. Je l'ai abordé comme ça, comme un défi. C’était une chance incroyable de pouvoir chanter ce titre devant elle. Et puis, elle a aussi beaucoup aimé "Ameno". Elle ne l'avait jamais entendu. Après le show, j'ai eu l’honneur de recevoir les félicitations de son mari. C'est de là que sont partis les projets de concert. Mais quand on a commencé à en parler, je pensais que ça n’arriverait jamais.

« Ce n'est pas naturel d'aller se mettre à poil sur scène devant les gens »
Tu croyais que c'était une proposition pour la forme ?
J'ai rêvé comme un gosse devant son sapin de Noël. Je me suis dit qu'il y avait peu de chances pour qu’on m’en reparle. Un jour, j'ai reçu un coup de téléphone pour m'annoncer la nouvelle. Je ne les remercierai jamais assez de ce cadeau unique.

A Bercy, aura-t-on droit à Luis Mariano ou aux Chœurs de l'Armée Rouge ?
Je pense qu'on aura les deux (rire) !

C'est compliqué de juxtaposer deux univers aussi forts en quelques minutes...
C'est vrai. J'y réfléchis, mais je pense que ce sont finalement deux univers pas si éloignés que ça l'un de l'autre. On a réussi à créer une identité de notre musique qui est à cheval entre la pop et l'opéra. Mais on marche sur un fil.

Il y a eu un avant et un après "Le Grand Show", mais il y aura aussi un avant et un après Bercy. C'est évident. Comme tu t'y prépares ?
Mais j'espère que ce sera positif (sourire) ! Honnêtement, je ne pense pas à ça. Tout a changé pour moi ces derniers mois déjà. Les gens m'arrêtent dans la rue. Il s'est passé quelque chose à travers la télévision depuis "Le Grand Show". Moi-même j'ai été dans une telle transe quand j'ai vécu ce moment. La magie de la télévision a fait que c'est rentré chez les gens. Bercy, ce seront plusieurs dates importantes pour moi. J'espère qu'il y aura d'autres dates clefs dans ma carrière par la suite.

« Je suis le même dans la vie et sur scène »
Tu parles de la magie de la télévision. Ces moments sont de plus en plus rares avec l'arrêt des programmes culturels de France Télévisions, remplacés par l'offre "Alcaline". Quand on construit comme toi une carrière, on a besoin de ces émissions-là. Tu ne te dis pas que ce sera de plus en plus compliqué ?
C'est de toute façon très compliqué. Moi, ça a toujours été très compliqué. J'ai plus connu la galère que le succès jusqu'à présent. J'en profite là, pendant que je surfe sur une vague qui est plutôt à mon avantage. On verra par la suite. Il y a plein d'artistes qui rêvent de faire ce métier et qui viennent me voir en me demandant s'il y a des recettes pour y arriver. Je leur réponds que non. Il faut juste croire à ce qu'on fait. C'est celui qui ne raccroche pas qui finalement un beau jour va décrocher quelque chose. C'est vrai que pour perdurer il faut faire de la télévision ou passer à la radio. Moi, j'ai la chance d'avoir été très exposé. J'aborde chaque télé avec tout mon vécu, parce que je me dis que c'est peut-être la dernière. C'est peut-être là que passe une certaine détresse ou une sensibilité à fleur de peau. J'ai une tendance à me laisser submerger par mes émotions. Mais c'est comme ça que je suis. Donc je ne vais pas le cacher. Je ne joue pas les choses, je les vis.

Au-delà de tes clips et tes chansons, on apprend petit à petit quel homme est Vincent Niclo. Tu n'appréhendes pas cette notoriété ?
Je n'ai pas peur parce que je montre qui je suis. Je ne joue pas un rôle. Après, on m'aime où on ne m'aime pas. Ca, je ne peux rien y faire. Je suis le même dans la vie que sur scène. J'ai envie de donner des choses aux gens, à travers des chansons. Les gens qui m'écoutent me le rendent à travers des paroles d'amour, des messages après les concerts. C'est ça qui m'anime. Je pense qu'on ne fait pas ce métier par hasard. On a des failles. La chanson, c'est comme une psychothérapie. Je pense que j'ai des failles de mon enfance. Pourquoi ? Je ne sais pas. Ce n'est pas naturel d'aller se mettre à poil sur scène devant les gens (sourire). Il faut être un peu fou pour faire ce métier.
Pour plus d'informations sur Vincent Niclo, visitez son site officiel et sa page Facebook.
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie de Vincent Niclo.

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