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Music Industry, an infinite Journey - Bye Bye Sales, Hello Subscription


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Chiffres d’écoutes gonflés, succès fabriqués... la méga fraude qui gangrène l’industrie du disque

La tricherie massive dans le streaming, parfois par les artistes eux-mêmes, inquiète. Le ministère de la Culture a commandé une étude au Centre national de la musique, la Sacem a déposé deux plaintes et la police enquête sur d’éventuels cas de blanchiment.

 

Par Eric Bureau 

Le 15 octobre 2022 à 18h13

« Tu t’attaques à un sujet très touchy ! Personne ne va vouloir en parler. Moi, je préfère ne pas savoir. » « Tout le monde accuse son voisin, mais en fait tout le monde est mouillé. » « C’est l’omerta, car on touche au crime organisé. » « C’est une zone de non-droit. » Contrairement à ce qu’on pourrait croire, on n’enquête pas sur un fait divers, juste sur de la musique. Mais s’il y a un sujet tabou aujourd’hui dans l’industrie du disque, c’est bien celui de la triche dans le streaming (gonfler artificiellement le nombre d’écoutes des chansons sur Internet) qui serait, selon beaucoup d’observateurs, très répandue. Voire massive.

Sollicitées, les trois majors Universal, Warner et Sony ne s’expriment pas. La plate-forme française Qobuz ne communique pas avant la publication d’une étude menée par le Centre national de la musique (CNM). Et la plupart de nos interlocuteurs témoignent sous couvert d’anonymat.

 

Pourquoi on en parle maintenant ?

La triche dans les ventes, c’est vieux comme l’invention du vinyle. On en a parlé à toutes les époques, lorsque les directeurs artistiques et les managers des artistes allaient acheter eux-mêmes des centaines de disques pour grossir les chiffres. À partir du moment où la consommation de la musique est devenue numérique et payante (surtout avec la création de Spotify en 2006 et de Deezer en 2007), elle ne pouvait malheureusement pas être épargnée.

Le streaming étant depuis quatre ans la pratique musicale la plus répandue dans le monde et en France (76 % du total des ventes au premier semestre 2022) et donc un gros marché (360 millions d’euros par an dans l’Hexagone), il n’est pas étonnant que la fraude explose. L’ampleur ? Impossible à quantifier même si certains évoquent 10 % de fraude globale, voire jusqu’à 50 % dans le rap, musique très souvent pointée du doigt. « Ce qui est certain, c’est que cette pratique nuit à tous ceux qui travaillent correctement », tranche Alexandre Lasch, directeur général du Snep, le Syndicat national de l’édition phonographique.

Pour démêler le vrai du fantasme, la ministre de la Culture alors en poste, Roselyne Bachelot, a commandé début 2021 une étude au Centre national de la musique (CNM). Preuve que le sujet est complexe, voire explosif, le CNM a mis un an et demi pour obtenir les données qu’il demandait. Son président Jean-Philippe Thiellay a même dû poser plusieurs ultimatums. « Les plates-formes Deezer, Qobuz et le label Believe ont été les premiers à coopérer, mais cela a été plus compliqué pour les autres. J’ai craint l’échec et je m’apprêtais à constater l’absence de coopération des autres acteurs, quand les dernières données nous ont été fournies en fin de semaine dernière. Seul Apple Music n’a pas joué le jeu. Nous analysons maintenant ces données et il faudra plusieurs semaines avant que nous en tirions des conclusions. »

 

« Tout le monde se dit contre la fraude, mais tout le monde a la main dans le pot de confiture, accuse un producteur indépendant. Pour moi, c’est de la triche organisée à grande échelle. Comme le dopage dans le Tour de France. Il y a de gros enjeux politiques et surtout financiers. Les grandes plates-formes et les majors sont cotées en Bourse et leur valeur est basée sur les streams. C’est hypercomplexe de savoir ce qu’elles font car toutes sont liées par des contrats de confidentialité. Elles ne peuvent pas communiquer sans le feu vert de leur direction à l’étranger. »

Pourquoi la fraude s’est-elle développée ?

D’abord parce que ça rapporte de l’argent. Encore faut-il faire de gros scores : 1 million d’écoutes sur Internet rapportent en moyenne 1200 euros de droits d’auteur. Le volume des streams a aussi une énorme influence sur la popularité d’un artiste, sa médiatisation, sa présence dans les playlists et la programmation des radios…

Et parce que c’est simple : un document interne du Snep, qui regroupe majors et grands labels indépendants, révélé par Les Échos début 2017, calculait qu’« un titre écouté 31 secondes (la durée minimum pour être comptabilisé) en boucle à l’aide d’un logiciel génère 20 000 écoutes par semaine. Sachant qu’un titre classé dans le top 10 hebdomadaire obtient en moyenne 1,4 million d’écoutes, 70 logiciels d’écoute en boucle suffisent pour propulser un titre dans le top 10. »

« Les chiffres de première semaine, dans la musique comme dans le cinéma, sont de plus en plus importants, analyse un attaché de presse. Les artistes veulent marquer le coup. Pousser un titre peut donner un coup de main à court terme, mais personne ne construit une carrière sur des faux streams. Et tout le monde fait de plus en plus attention. » Laurent Bouneau, directeur des programmes de Skyrock, confirme : « Pour éviter de me faire avoir, je ne regarde que les résultats officiels du streaming payant et j’attends de voir si un titre tient sur plusieurs semaines avant de le programmer. »

Les nouveaux artistes peuvent aussi se vendre dans les maisons de disques en annonçant un énorme succès. Un employé d’Universal raconte ainsi qu’il y a quelques années, un chanteur de musique urbaine s’était présenté avec des chiffres impressionnants. Et tout aussi faux. « Il avait oublié que les labels et les plates-formes se parlent et on a démasqué l’arnaque. On ne l’a pas signé. » « Certains artistes demandent carrément un budget pour cela quand ils signent. Ils le déguisent en budget marketing numérique, comme si c’était normal », témoigne un patron de label.

Plusieurs interlocuteurs vont même plus loin et évoquent sous couvert d’anonymat le « blanchiment d’argent ». « On achète des faux streams avec de l’argent du trafic de drogue et on récupère de l’argent propre avec les revenus des écoutes, détaille un responsable de la filière. C’est heureusement marginal, mais il y a des affaires en cours. »

Qui triche ?

La seule plate-forme qui donne ses chiffres, c’est la française Deezer. « Chaque jour, on détecte et retire 7 % d’écoutes frauduleuses, contre 3,5 % en 2021, 2 % en 2017 et 0,7 % en 2013, détaille son vice-président, Ludovic Pouilly. On retire donc des millions de streams. Au début, elle concernait des artistes émergents, qui voulaient booster leurs écoutes pour se faire connaître et signer dans des maisons de disques. Mais depuis deux ans, la fraude a doublé. Des artistes plus reconnus accompagnent leurs vrais streams de faux streams, notamment à la sortie de leurs chansons, pour faire de plus gros chiffres. » Mais pas question de donner des noms.

« Il suffit de regarder le top des singles chaque semaine », répond, provocateur, le manageur de plusieurs artistes indépendants, le classement des chansons les plus écoutées étant généralement squatté par des rappeurs. Début 2017, le quotidien Les Échos avait récupéré un document interne du Snep, qui s’inquiétait que « certains artistes de rap cumulent des scores d’écoutes démesurées sur les plates-formes de streaming audio ».


 

« Tous les poids lourds du rap ont triché à un moment donné », assure l’ancienne employée d’une plate-forme de streaming. « Il y a un concours de muscles pour être numéro un, constate Pascal Bittard, le fondateur du distributeur numérique Idol. Mais le phénomène est beaucoup plus massif et généralisé. » « On stigmatise beaucoup le rap, mais il y a de la fraude dans tous les genres musicaux », souligne Ludovic Pouilly, de Deezer.

Rares sont les artistes qui prennent publiquement leurs distances avec cette pratique. Gims l’a fait en 2017 sur ses réseaux sociaux, Hatik plus récemment dans une interview. Encore moins sont ceux qui dénoncent d’autres artistes, si ce n’est Booba, qui avait accusé Ninho et Vald de gonfler leurs chiffres.

Un compte Twitter, lui, le fait depuis septembre 2019. Son nom : Stop Fraude Streaming. Il a une petite audience (922 abonnés) mais compte parmi ses lecteurs le Snep, le syndicat qui établit les classements des ventes et les certifications (disques d’or, de platine…). Les artistes montrés du doigt par ce compte anonyme (une vingtaine par mois !) sont généralement des rappeurs, parfois des artistes pop. Capture d’écran à l’appui, ce compte signale aussi les chansons et les albums qui ont été retirés d’une plate-forme (un « take down »), plus ou moins longtemps, après une suspicion de triche.

« Nous sommes des analystes data et nous avons créé ce compte parce que nos alertes n’étaient pas entendues, explique l’un d’eux. Nous fonctionnons à partir des données des plates-formes de streaming, qui sont très fournies et révélatrices. Si les chiffres de vente sont biaisés, des artistes sont lésés. Et selon nous, le top des ventes n’a actuellement aucune valeur. »

Comment font-ils ?

Les pratiques sont multiples : réseaux de smartphones tournant en boucle, robots informatiques, algorithmes puissants, piratage de vrais comptes, achats de clics… Un producteur parle « de jeunes banlieusards qui transportaient dans leurs sacs à dos des dizaines de téléphones qui écoutaient des titres sans discontinuer et voyageaient dans le RER ou en voiture afin de ne pas être repérables ».

Plus simplement, de nombreux sites proposent au vu et au su de tous de « booster vos écoutes et votre popularité » en achetant des abonnés, des vues, des streams. Un d’entre eux propose les 1000 écoutes à 7 euros, les 25 000 à 89 euros. Un autre fait une promo à 5 euros les 1000 lectures sur Spotify et 2950 euros pour 1 million !

Plus discrètes, des entreprises proposent directement leurs services par téléphone. « J’ai été contacté par le patron d’une société qui m’a reçu dans son bureau à Paris pour me proposer ses services, raconte un producteur indépendant. Il m’a dit que tout le monde croquait, qu’il aidait les artistes à passer des caps, mais ne fabriquait pas de succès. Il connaissait son sujet et m’a expliqué ses méthodes pour être indétectable. Son cynisme m’a fait froid dans le dos, je me suis dit en sortant que la fraude était vraiment d’ampleur. »

Il y a enfin les « fermes à clics », dont tout le monde parle, mais que peu ont vues. En fait de fermes, un entrepôt, une maison, une simple pièce en France ou à l’étranger. En 2017, trois Chinois avaient été arrêtés par la police thaïlandaise. Dans leur maison : des murs de smartphones, 400 téléphones alignés sur des étagères et près de 40 000 cartes SIM dans des boîtes, le tout relayé à des ordinateurs…

Quelles sont les sanctions ?

Les « lanceurs d’alerte » du compte Stop Fraude Streaming trouvent que les plates-formes ne sanctionnent pas assez. « Il n’y a que Spotify qui pratique le take down », assurent-ils. « Il y a des équipes anti-fraude dans toutes les plates-formes et toutes les majors, mais elles sont dans un entre-deux ambigu, estime l’ancienne employée de l’une d’elles. Vaut-il mieux taper sur un artiste et le perdre ou garder cet artiste qui fait venir les gens ? »

 

Interrogé, Spotify ne dévoile ni chiffres ni méthodes. « Nous avons beaucoup investi depuis quatre ans dans l’analyse et la détection des faux streams, nous avons développé des équipes spécialisées et avons différentes mesures de sanctions graduelles, énumère Antoine Monin, le directeur général de Spotify France et Benelux. Cette implication porte ses fruits puisque les streams frauduleux ont baissé de manière significative. »

Chez Deezer, « on ne fait pas de take down, car c’est stigmatiser un artiste alors qu’il n’est pas forcément responsable de la fraude, explique Ludovic Pouilly, son vice-président. Des artistes peuvent acheter des faux streams pour un autre artiste juste pour nuire à sa réputation. Nous pensons que retirer des statistiques les écoutes suspectes a un impact beaucoup plus fort et direct, puisqu’on touche à l’argent et au classement dans les charts. »

La plus grande maison de disques numérique, Believe, a trois personnes dévolues à la traque. « Le problème de shooter un artiste d’une plate-forme, c’est qu’il va aller chez sa concurrente, estime Romain Vivien, directeur général de Believe France. Alors, on préfère l’éducation. Pour ne plus entendre personne dire : Ce n’est pas si grave, c’est du marketing ! Même dans la musique classique, des artistes se sont fait avoir par des agences de développement d’audience. Et la pédagogie marche. Le nombre de faux streams a diminué chez nous. » Même volonté de prévenir à la Félin. La Fédération des labels indépendants a mis en garde en mars ses 230 membres.

Y a-t-il d’autres solutions ?

« La meilleure réplique est collective », ajoutent tous nos interlocuteurs. « Mais avant, il faut avoir une vision claire et globale de la fraude, estime Alexandre Lasch, le directeur général du Snep. Pour l’instant, personne n’a de vue globale. C’est pour cela que nous attendons avec impatience l’étude du CNM. Elle va nous permettre de lever des fantasmes et de mieux agir. »

Pour certains, le système même de partage des revenus du streaming, dit « market centric », favorise la triche en survalorisant l’écoute frénétique, notamment chez les jeunes. Ils prônent le passage au « user centric », qui répartirait davantage les revenus en fonction des goûts de chaque utilisateur. « Ce sera plus difficile de tricher, estime le patron d’un label modeste. Mais les fraudeurs s’adapteront encore. Non, il faut surtout que les plates-formes, qui sont le maillon essentiel du streaming, fassent preuve de plus de transparence et de fermeté. »

Le patron de Spotify France estime que, « depuis deux ans, on est de plus en plus nombreux à s’attaquer au problème et à se parler, malgré les contrats de confidentialité qui nous lient aux artistes et aux labels ». Le leader mondial, avec 188 millions d’abonnés dans 183 pays, a aussi lancé plusieurs actions juridiques contre des sites de vente de faux streams qui utilisaient sa marque sans autorisation.

Car la guerre est déclarée. Deezer a réussi avec l’IFPI (Fédération internationale de l’industrie phonographique, basée en Suisse) à faire fermer des sites de vente de faux streams en Allemagne et au Brésil. La Sacem, qui reverse les droits d’auteur aux artistes, « prend ce sujet très au sérieux » et a déposé deux plaintes pénales cette année pour escroquerie. À notre connaissance, ce sont les premières en France.

« Il y a une série de dispositifs pour attaquer l’escroquerie, l’accès frauduleux à un système de traitement et la pratique commerciale trompeuse, rappelle Jean-Philippe Thiellay, le président du CNM. En parallèle de notre étude, nous avançons sur le sujet avec les services juridiques du ministère de la Culture et la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes). »

 

 

 

 

 

Il y a 14 heures, JuliaRoberts a dit :

Y'a ça aussi.

 

https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/musique/gonfler-ses-ecoutes-cest-voler-les-artistes-honnetes-comment-deezer-traque-les-faux-streams-15-10-2022-XJXPSB57RNETXMOMR2NY3XNYTY.php

 

 

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«Gonfler ses écoutes, c’est voler les artistes honnêtes» : comment Deezer traque les faux streams

La plate-forme française de streaming musical s’est attaquée à la fraude dès 2013. Depuis, Deezer a monté une brigade et développé des algorithmes pour détecter les pratiques anormales.

 


 

Par Eric Bureau 

Le 15 octobre 2022 à 18h13

Créé en 2007 à Paris, Deezer a été la première plate-forme de streaming musical à s’attaquer aux faux streams, qui gonflent artificiellement le nombre d’écoutes de certains artistes. « Et ce dès 2013, quand on a décelé les premiers cas », précise Ludovic Pouilly, vice-président chargé de la lutte contre la fraude au sein de la société aux 9,4 millions d’abonnés dans 180 pays (dont 3,3 millions en France). « Un de nos éditeurs de playlists en Italie nous avait signalé qu’un chanteur inconnu était plus écouté que Rihanna. En Asie, un minuscule label faisait plus de parts de marché que les autres. On s’est aperçu que ses artistes n’étaient écoutés en boucle que 31 secondes. »

C’est l’une des plus anciennes méthodes de triche. Les streams musicaux n’étant comptabilisés qu’à partir de 30 secondes d’écoute, beaucoup de fraudeurs faisaient tourner les chansons toutes les 31 secondes ou créaient de faux titres de 31 secondes. « Mais c’est tellement visible qu’elle n’a plus cours, ajoute Thibault Roucou, responsable du partage des royautés (le paiement des artistes) et des données chez Deezer. Depuis dix ans, les méthodes se sont perfectionnées. La fraude est devenue très sophistiquée et organisée, et elle génère beaucoup d’argent. Car le streaming peut rapporter gros. »

« Chaque jour, on retire des millions de faux streams »

« Chaque jour, on détecte et retire 7 % d’écoutes frauduleuses, contre 3,5 % en 2021, 2 % en 2017 et 0,7 % en 2013, détaille Ludovic Pouilly. On retire donc des millions de streams. La fraude s’est développée. Au début, elle concernait des artistes émergents qui voulaient booster leurs écoutes pour se faire connaître et signer dans des maisons de disques. Mais, depuis deux ans, la fraude a doublé. Des artistes plus reconnus accompagnent leurs vrais streams de faux streams, surtout les premières semaines après la sortie de leurs chansons ou albums, pour faire de plus gros chiffres. » Mais pas question de donner des noms. « On stigmatise beaucoup le rap car c’est la musique la plus écoutée, mais il y a de la fraude dans tous les genres musicaux », dit-il.

 

Deezer a développé ses propres armes. Lorsque Thibault Roucou y est entré comme informaticien en 2013, il a constitué avec deux autres spécialistes des datas (les données informatiques) une petite équipe anti-fraude, supervisée par Ludovic Pouilly. « Notre objectif, depuis le départ, c’est que les artistes et les ayants droit soient justement rémunérés, résume ce dernier. Gonfler ses écoutes, compte tenu du système de partage actuel dans le streaming – dit « Market Centric », où les artistes les plus écoutés touchent le plus d’argent –, c’est voler les artistes qui ne trichent pas. »

 

Aujourd’hui, une quinzaine d’employés de Deezer travaillent dans cette « brigade transversale », qui utilise des méthodes informatiques de plus en plus fines. « Nous avons développé quatre algorithmes différents, explique Thibault Roucou. Certains scrutent les pratiques des utilisateurs, d’autres, les chiffres des artistes. Grâce à l’intelligence artificielle et aux données multiples que nous entrons dans les ordinateurs, nous essayons de déceler les comportements anormaux. »

Ce dernier ne peut évidemment pas révéler ses systèmes de détection, mais il nous montre plusieurs cas. « Dans nos tableaux de calcul de royautés, quand on voit comme ici des colonnes ou des camemberts rouges, ce n’est pas bon signe, résume-t-il. On regarde les écoutes par pays, par heure, par matériel audio — ordinateur, smartphone — et leur répartition. Sur cet artiste, tous les utilisateurs font plus de 100 streams par jour et uniquement sur le Web. C’est bizarre. Cet utilisateur écoute en boucle, 24 heures sur 24, des titres qui ne durent que 46 secondes. C’est un comportement très curieux. »

« Ils ne sont jamais coupables mais, comme par hasard, la pratique cesse dès le lendemain »

Autre cas, autre fraude. L’équipe de Deezer nous montre un compte utilisateur avec une carte du monde constellée de petits points. « On observe la répartition des streams par pays pour chaque artiste, détaille Thibault Roucou. Sur ce compte piraté, on voit que, en plus de ses écoutes normales, il y a des petites écoutes régulières tout le temps mais dans des pays comme l’Inde, l’Australie, l’Amérique du Sud, la Russie… C’est évidemment impossible. Si un artiste français fait un énorme score en Colombie, par exemple, il faut regarder. Mais il faut être prudent aussi, car un pic d’écoute peut émerger s’il y a beaucoup d’expatriés français dans ce pays. »

 

Ludovic Pouilly cite un exemple : « On pensait avoir décelé une fraude au Brésil de la part d’un gros artiste d’une major. On s’est aperçu que le pic était bien réel, car il y avait eu un partenariat local où l’artiste demandait à ses fans de streamer beaucoup pour gagner des places à son concert. Depuis, on a interdit ce type de jeu. »

Quand une fraude est avérée, que fait Deezer ? « On enlève les streams des calculs, car cela a une répercussion directe sur les revenus des fraudeurs et les tops des ventes, répond son vice-président. On prévient évidemment le distributeur, les maisons de disques, le management de l’artiste. Ils ne sont jamais coupables, évidemment, mais, comme par hasard, la pratique cesse dès le lendemain… »

Pratiquent-ils le « take down », c’est-à-dire la suppression d’un titre ou d’un album pendant une période donnée ? « Non, ce serait stigmatiser un artiste, alors qu’il n’est pas forcément responsable, répond Ludovic Pouilly. Chez Deezer, on a un comité d’éthique qui ne prend cette décision que quand il y a des contenus problématiques. On a réussi avec l’IFPI (Fédération internationale de l’industrie phonographique, basée en Suisse) à faire fermer des sites de vente de faux streams en Allemagne et au Brésil. On pousse avec l’UPFI (Union des producteurs phonographiques français indépendants) pour monter de telles opérations contre des sites en France. La meilleure réplique est collective. »

 

 

 

 

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La BPI (le SNEP britannique) crée une nouvelle récompense pour le seuil du milliard de streams UK pour 2023. Ce milliard incluera tous les streams des titres d'un artiste (en tant qu'artiste principal et en featuring). Comme pour l'or et le platine, ce sera basé sur les données "réelles".

 

Citation

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The BPI has revealed a major expansion of its BRIT Certified Awards scheme with BRIT Billion.

 

The prestigious new award launching in 2023 will celebrate and acknowledge outstanding achievement in recorded music by artists who surpass the landmark of one billion career UK streams.

 

This new award represents the first significant upgrade to the certifications programme since April 2018, when it was rebranded from the BPI Awards to the BRIT Certified Awards. Like the existing BRIT Certified scheme and its Platinum, Silver and Gold tiers, the Billion Award will be verified using Official Charts data, 

 

Expected to launch officially in spring 2023 – when the first wave of recipient artists will be announced – BRIT Billion will also mark 50 years of the BPI and the 50th anniversary of the certifications programme, which the BPI established in 1973.

 

This will be the first time in its five-decade history that the certifications scheme officially recognises an artist’s combined success across multiple projects. The One Billion career total will include tracks an artist has appeared on either as the principal performer or as a featured artist, as credited by the Official Charts.

 

Created for the BPI by Gaudio Awards, who also produce the Official Charts No.1 Awards, the BRIT Billion award design incorporates the iconic BRITs ‘B’ and an encapsulated BRITs statuette, and each award will be personalised with the recipient artist’s name.

 

Geoff Taylor, chief executive BPI, BRIT Awards & Mercury Prize, said: "With total weekly audio streams in the UK now regularly exceeding the three billion mark, it seems an appropriate moment to recognise exceptional artist achievement through streaming, as the primary currency for recorded music. This new blue-riband award will sit alongside our existing Certified Awards, giving artists and their label and management teams the special opportunity to celebrate outstanding UK career success in streaming, and the valued contribution they have made to British music."

 

Toby Leveson, senior digital content manager, BPI, said: “Big streaming milestones are increasingly becoming a key marker of success, so this is a really exciting new arm of the iconic BRIT Certified Awards, and we can’t wait to celebrate artists hitting one billion UK streams next year!”

 

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Slipped disc: The decline of CD sales and the Christmas No.1 album

December 23rd 2022 at 5:41PM
 

Taylor Swift’s Midnights is this year’s Christmas No.1 album, following a chart contest with Cliff Richard and Michael Buble. 

At one point, it looked as if Midnights’ streaming total in the past week might be higher than its physical performance, something that has never happened for a Christmas No.1 album. In the event, physical made up 53.9% of Midnight’s weekly total, which is still by far the lowest ever share for a Christmas No.1.

Wth CD sales diving in 2022, based on Music Week research, the longstanding tradition of physical music in the festive period is now looking uncertain.

The Christmas No.1 single is still a mainstream media story even with the dominance of LadBaby in recent years. But the chart-topping album has become less of an event in the streaming era.

In years gone by, securing the top spot in the albums chart with big numbers in the week of Christmas was a sign of a surefire hit, either from a chart mainstay of that year or a strategic Q4 release in the run-up to Christmas. 

Last year, despite becoming her first LP available on DSPs from release, Adele’s 30 still registered 62,083 physical sales in chart week 51 (out of a total of 70,813 - Official Charts Company) to retain the No.1 position for Christmas. During the final week of 2021’s gifting season, its physical sales increased from the prior week.

The final weeks of Q4 have traditionally been a time when physical music could make its mark on the albums chart, even amid the ongoing switch to DSP consumption. But 2022 shows signs of being the year that streaming - already dominant in terms of consumption throughout the year - finally ends that end-of-year boost for physical.

 

With no album managing to top 20,000 chart sales in the past week, Taylor Swift was able to cruise back to the summit for a third non-consecutive week at No.1 with Midnights. The album became this year’s Christmas chart-topper by registering a further 17,109 sales, including 9,216 physical copies, 7,690 from streams and 203 downloads. Its total stands at 404,600 after just two months.

While that caps off a triumphant year for Taylor Swift, it does raise questions about the physical music market at Christmas and the long-term future of CD amid an accelerating decline for the format. Only one album (Cliff Richard’s Christmas With Cliff at No.2 - 15,837 sales) sold in excess of 10,000 physical copies in the past week.

According to Official Charts Company data for the year up to week 50 (ending December 15), CD sales were down 18.9% year-on-year. That compares to a year-on-year decline of 10.5% (to 14 million) for the format during the whole of 2021.

Physical represented 29% of the albums market in the past week compared to 28.2% in the prior week. A year ago, physical was at 37.2% of the albums market in the week leading up to Christmas.

Back in 2016, almost 50 million CDs were sold, and Christmas was the period when sales peaked. Michael Buble’s Christmas reached No.1 with 317,114 copies sold in seven days in the run-up to December 25 in 2011. In 2015, Adele’s 25 (then not available to stream) sold a staggering 449,970 copies in a week.

Of course, the market has since shifted to a consumption model, but weekly sales in the run-up to Christmas were still topping 100,000 as recently as 2017 (Eminem’s Revival at No.1 and Ed Sheeran’s Divide at No.2 both made six figures). In the last five years, physical has been on the wane but the Christmas No.1 album was still above 50,000 physical copies for that key week in 2018 (The Greatest Showman), 2019 (Rod Stewart’s You’re In My Heart) and 2021 (Adele).

 

There was a credible challenge this year from three festive releases, new and old, by Cliff Richard, Michael Buble and Andrea, Matteo & Virginia Bocelli. But without the usual retail boost, the two 2022 releases - Christmas With Cliff and the Bocellis’ A Family Christmas - were unable to make up the ground. 

As the week progressed, Swift’s main threat appeared to be from Buble’s 11-year-old Christmas album, which was powered by streams (84.3%) and ultimately made No.3. SZA’s SOS, which finished at No.4, does not even have a physical edition. 

While fewer big albums dropping late in the year could explain the slower market performance in the past week, the difference was not just at the top of the chart. In Christmas week 2021 and 2020, four of the Top 5 albums topped 10,000 physical sales, while in 2019 each of the Top 5 albums surpassed 20,000 weekly physical sales.

It’s also notable that big festive releases of recent years, such as LPs from Robbie Williams and Gary Barlow, have not returned to the chart in 2022. The chart-topping Together At Christmas from 2020 by Michael Ball & Alfie Boe did manage to stage a revival this year, but only as high as No.51. The duo are in the Christmas week Top 20 with new release Together In Vegas.

Part of the problem is the lack of availability of CD, a remarkably good value gifting option at this time of year. But record stores now give over much more floor space to vinyl, while many supermarkets have stopped selling music completely or limited it to select titles.

Warner Music ingeniously got around this problem by packaging Cliff Richard’s Christmas With Cliff in a magazine format that could be stocked in supermarkets.

Vinyl has made a big impact in Q4 with key releases from Taylor Swift, Harry Styles and Arctic Monkeys. But with prices increasing - £30 is common for an LP - the format is not likely to be an impulse buy for the Christmas shopper looking for the right gift.

 

In the latest issue of Music Week, ERA’s Kim Bayley noted the rise in prices for vinyl.

“Great products which deliver high perceived value will always sell,” she said. “During the Christmas gifting season, we can expect more demand. But value and price need to be aligned.

“We recognise that costs are rising for all parts of the industry, but there is a risk that if vinyl costs rise too much it may inevitably affect demand, in particular from younger, less affluent audiences.”

In the latest issue, we crunch the Q4 numbers for the first eight weeks of the quarter that shows vinyl unit sales up by 7.4% year-on-year. But, as this Christmas week has shown, it’s been a bumpy quarter and vinyl is not set to grow at the same rate as last year, when sales soared by 10.6% for the 12 months. 

In terms of value, however, there has been a significant increase, which is good news for retailers and labels. According to Official Charts Company data up to week 50 in 2022, vinyl retail value is up 10.5% year-on-year.

As well as consumers’ ability to absorb rising prices, there have been concerns about production capacity and supply issues. But if that has held back growth of vinyl at retail, there are hopes the situation could be improving.

“The production of vinyl remains an issue, but there has been a massive improvement on the situation in the last 12 months,” HMV and Fopp MD Phil Halliday told Music Week. “There’s certainly an opportunity for growth in 2023, most notably on catalogue, where some segments have been significantly impacted over the last 18 months.” 

Subscribers can read the full story on vinyl and Q4 here.
 

Christmas No.1 album weekly sales


2022

Taylor Swift - Midnights (17,109  - 9,216 physical copies)
 

2021

Adele - 30 (70,813 - 62,083 physical copies)


2020

Paul McCartney - McCartney III (33,079 - 30,557 physical copies)
 

2019

Rod Stewart - You’re In My Heart (71,330 - 68,015 physical copies)


2018

The Greatest showman (68,606 - 55,025 physical copies)

 

Article intéressant en anglais (désolé !) sur le déclin des ventes de Noël et des ventes de CDs au Royaume-Uni et un début d'explication sur les raisons de ce déclin : prix élevé des vinyles, les magasins qui ont arrêté de vendre des disques et/ou qui se concentrent exclusivement sur les vinyles, etc...

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Tencent Music passe devant Amazon Music et colle maintenant Apple Music en termes d'abonnés:

 

#1. Spotify - 187,800,000 abonnés
#2. Apple Music - 84,700,000 abonnés
#3. Tencent Music (Chine) [notamment QQ Music, Kugou, Kuwo] - 82,700,000 abonnés⬆️
#4. Amazon Music - 82,200,000 ⬇️
#5. YouTube Music - 55,100,000 
#6. NetEase Music (Chine) - 37,600,000

#7. Yandex (Russie) - 13,700,000

#8. Deezer - 9,500,000

 

Autres: 62,800,000

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Révélation

Audiences radio : NRJ, Skyrock, Fun, Virgin… pourquoi les musicales dégringolent

EXCLUSIF. En baisse continue depuis dix ans, les radios musicales guettent, démunies, des signes de stabilisation de leurs audiences et la fin du boom des plates-formes de streaming.

Par Kevin Boucher et Benoît Daragon 

Le 11 janvier 2023 à 20h18

Quatre fois par an, la même fièvre froide qui, au réveil, se transforme en mal de crâne. Ce mercredi, à la veille de la publication d’une nouvelle salve d’audiences par Médiamétrie, les patrons de radios ont tous fait une cure d’antidépresseurs. Dix ans que les musicales voient leur public diminuer de vague en vague. Celle de novembre-décembre 2022, officialisée ce jeudi matin, n’y déroge pas.

Jamais les 12 radios nationales mesurées n’ont été aussi peu écoutées. Au dernier pointage, elles ont rassemblé chaque jour 17,35 millions d’auditeurs en moyenne. Plus de 4 millions de perdus par rapport à la même période en 2012. Bien sûr, c’est toute la bande FM qui est morose mais les cinq généralistes, elles, résistent mieux avec 17,8 millions de fidèles. « Aujourd’hui, France Inter, RTL, RMC, France Bleu et Europe 1 pèsent plus qu’NRJ, Skyrock, Fun Radio, RFM et compagnie… Impensable il y a quinze ans tant elles étaient surpuissantes », s’étrangle un grand professionnel de l’audiovisuel.

Accros à leurs téléphones portables, les jeunes ont pris la tangente

Longtemps en bataille avec RTL pour le titre de première station de France, NRJ semble reléguée en 2e division. Elle a perdu 2 millions d’auditeurs en une décennie, pour atteindre 4,1 millions cet automne. Et elle est loin d’être la seule. À part Nostalgie, Skyrock et RTL2, qui résistent bien grâce à des positionnements clairs, toutes les autres mordent la poussière.

« Quand je suis seul en voiture, j’allume la radio, mais quand mon fils est à côté de moi, il met Spotify », reconnaît un dirigeant de maison de disques. Comme l‘a fait Netflix avec la télévision de papa, ces plates-formes de streaming, qui offrent un accès illimité à un catalogue sans fin, sont en train de donner un coup de vieux à la FM. Accros à leurs téléphones portables, les jeunes ont pris la tangente. 65 % des 13-24 ans écoutaient chaque jour une musicale en 2012, contre 35 % aujourd’hui… Ce sont eux qui font la différence. « Six minutes de pub pour tomber sur un morceau que tu n’aimes pas, forcément à un moment le choix est vite fait », raille un visage emblématique du PAF.


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Ces juke-box numériques, voilà l’ennemi tout désigné ! « La concurrence du digital est plus importante sur la musique que sur l’info ou le divertissement. La valeur ajoutée d’une radio musicale semble plus faible par rapport à une généraliste », décrypte Tristan Jurgensen, patron de Fun Radio et de RTL 2. Mais il veut croire que de même que si Netflix n’a pas tué la télé, Spotify n’enterrera pas la radio. Les deux vont cohabiter. « En matière de musique, c’est fromage et dessert. On va partager son temps entre les deux. Les plates-formes, c’est top, mais la radio offre un truc en plus. Grâce aux animateurs mais aussi à nos sélections musicales qui évoluent chaque jour », ajoute-t-il.

 

Maryam Salehi, directrice générale du groupe NRJ, abonde « Vos playlists, au bout d’un moment, vous les connaissez par cœur. Et elles n’ont pas cette chaleur humaine, irremplaçable. Une radio surprend et la voix animateur remplace celle de la personne qui est assise sur le siège passager. » Les maisons de disques font le même constat. Elles ne tournent pas le dos aux FM, bien au contraire. « On travaille avec tout le monde, certifie le patron de la promotion d’un important label. Pour l’économie de notre industrie, on ne peut se passer ni des unes ni des autres », jure notre interlocuteur, qui constate que les plates-formes aident autant à faire les playlists des radios, que le contraire.

« Les marges à 35 %, c’est fini depuis longtemps »

Tous les acteurs guettent le moment où le marché va se stabiliser puis rebondir. « Ils attendent les bras croisés », s’agace un taulier de la radio, qui enchaîne : « Depuis les années 1990, ils utilisent tous les mêmes filons, ils n’ont pas évolué. Les jeunes humoristes préfèrent travailler sur YouTube que dans un morning. »

Longtemps archi rentables, les radios affrontent cette révolution numérique sereinement. « Les marges à 35 %, c’est fini depuis longtemps, mais, oui, économiquement ça va rester viable », jure un connaisseur. Toutes doivent néanmoins se serrer la ceinture. C’est ce que vient de faire Virgin Radio en reprenant le 1er janvier le nom Europe 2. Le groupe Lagardère économise ainsi les importantes royalties payées à Richard Branson, le créateur de la marque britannique. Lagardère lui versait un pourcentage de son chiffre d’affaires, environ 300 000 euros ces dernières années. Il y a quinze ans, au moment du changement de nom, quand les audiences étaient au sommet, c’était bien plus.

 

 

 

 

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Révélation

Fraude sur les plates-formes de streaming : entre 1 et 3 milliards de fausses écoutes en France en 2021

EXCLUSIF. Après un an et demi d’enquête avec les plates-formes de streaming et les maisons de disques, le Centre national de la musique dévoile une étude unique au monde sur la manipulation des écoutes en ligne. Elle met en lumière une fraude massive qui concerne tous les genres.

Par Éric Bureau 

Le 15 janvier 2023 à 22h00

C’est un rapport de 57 pages qui a donné bien du fil à retordre au Centre national de la musique (CNM). Cet organisme, créé fin 2019, qui dépend du ministère de la Culture, a enquêté pendant un an et demi sur la manipulation des écoutes en ligne à l’échelle nationale sur l’année 2021. Une escroquerie qui peut permettre aux artistes et à leur entourage de gagner plus d’argent et de faire croire artificiellement qu’ils ont plus de succès que ce que l’on imagine.

Avec le concours de trois plates-formes qui luttent activement contre les tricheurs — Deezer et Spotify, les deux leaders en France, et Qobuz — et des cinq principales maisons de disques et distributeurs digitaux — Warner, Universal, Sony, Believe, Wagram —, le CNM dresse un état des lieux inquiétant, avec une fraude massive.

 

Ce document, qui avait été commandé en juin 2021 par Roselyne Bachelot, alors ministre de la Culture, vient d’être dévoilé à une quarantaine de représentants de l’industrie du disque. « À notre connaissance, c’est la première fois au monde qu’une étude officielle démontre qu’il y a de la fraude dans le streaming », résume le président du CNM, Jean-Philippe Thiellay. Mais il ne cache pas les difficultés que son équipe a rencontrées pour recueillir des données : « Je regrette que tout le monde n’ait pas joué le jeu, compte tenu des gros enjeux. Amazon Music nous a donné des chiffres de 2022 et Apple Music et YouTube n’ont pas participé du tout. »

2,6 % de faux streams pour Deezer en 2021

Entre 1 et 3 milliards de fausses écoutes en 2021, c’est le chiffre calculé par le CNM sachant qu’il y a 100 milliards de chansons écoutées en streaming par an en France. Les trois plates-formes de streaming qui ont collaboré à cette enquête combattent les tricheurs avec différentes méthodes.

En 2021, la française, Deezer, première à s’engager et à créer une brigade, a détecté 2,6 % de faux streams, Spotify 1,1 % et Qobuz 1,6 %. « On est loin des 10 % dont on a souvent entendu parler, reconnaît Romain Laleix, directeur général délégué du CNM. Mais la fraude est massive et a un impact fort puisqu’elle fausse la rémunération des artistes. Ce qui est préoccupant, c’est que la pratique s’est développée en 2022. Deezer a ainsi détecté 5 % de faux streams, le double. »

Le rap touché, mais pas seulement

La fraude est plus répandue dans le hip-hop car c’est le genre le plus écouté. Mais les pourcentages varient selon les plates-formes. Spotify, dont les abonnés sont surtout fans de rap et de r’n’b, a détecté beaucoup plus de streams douteux dans ces deux genres que dans les autres, qui représentent 92 % des escroqueries identifiées! En particulier dans la production française. Mais chez Deezer, la triche est proportionnellement plus importante dans la pop, l’électro, le rock… et même dans les musiques de relaxation et religieuses.

« Ce n’est pas si surprenant, car il est plus facile d’ajouter des fausses musiques dans des playlists d’ambiance que dans des répertoires d’artistes très connus », commente la directrice des études et de la prospective du CNM, Séverine Morin.

Très peu de triche dans le top 10

Contrairement à une idée répandue, les faux streams détectés ne le sont pas parmi les artistes les plus populaires. Chez Spotify et Deezer, qui représentent deux tiers des écoutes en France, les chiffres diffèrent, mais le constat est le même : l’immense majorité de la fraude a lieu hors des 10 000 chansons les plus écoutées. Les pourcentages sont même très faibles dans le top 10, de l’ordre de 0,25 % sur Spotify et 0,65 % sur Deezer.

 

« Mais cela ne signifie pas que la triche n’existe pas au plus haut niveau, commente Séverine Morin. C’est juste qu’elle est très ciblée et sur une période très courte, pour faire gagner par exemple une place dans le top à un gros artiste. »

Des pratiques habiles et variées

L’escroquerie s’organise à travers de vrais vendeurs de faux streams, qui ont pignon sur rue sur Internet et qui sont bien difficiles à condamner et à fermer. Les fameuses « fermes à clics » existent bel et bien. Ce sont des dizaines d’ordinateurs montés en réseau qui font tourner des titres en boucle — il faut trente secondes d’écoute pour qu’un stream soit pris en compte — sur des faux comptes ouverts avec des cartes bleues périmées ou volées.

Les tricheurs utilisent aussi des virus pour prendre le contrôle de PC et lancer des écoutes de chansons sur les plates-formes, organisent des cyberattaques sur de vrais comptes, proposent des faux sites d’artistes à des fans, ajoutent des titres bidons sur des pages de musiciens… « Elles font face à des fraudeurs d’une grande habileté et réactivité », signale la directrice des études du CNM.

Que faire face à la fraude ?

Le Centre national de la musique fait quelques recommandations pour lutter plus efficacement et venir en aide aux plates-formes de streaming qui, pour l’heure, sont bien seules. Il rappelle qu’il existe tout un arsenal juridique — la Sacem, qui reverse les droits d’auteur, a d’ailleurs déposé deux plaintes au pénal en 2022 —, mais reconnaît que les commanditaires sont difficiles à retrouver et les actions collectives compliquées à engager.

Il préconise donc d’intensifier le travail avec la répression des fraudes (DGGCRF) et le ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Le CNM propose aussi de mettre en place une charte de prévention et de lutte, avec audit et contrôle régulier, formation des artistes et clause contractuelle entre ces derniers, les labels, les distributeurs… Une nouvelle enquête devrait être menée en 2024.

 

 

 


 


Accouchement de souris, non ?

 

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Je viens de lire l'article sur les radios. J'ai l'impression que les gens qui interviennent dedans ont décidé de porter des œillères. Honnêtement je ne vois pas comment le format pourra continuer d'exister dans le futur face aux plateformes de streaming. Même lors de son âge d'or, qui allumait une radio musicale pour entendre la voix d'un animateur ? C'est la seule différence avec les plateformes et elle n'est pas très pertinente.

 

L'argument des ''sélections musicales'' ne tient pas non plus. Les playlists font le même job et en mieux, il suffit de voir les sélections de nouveautés chaque vendredi : une centaine de chansons. Aucune radio ne propose ça. Avec des artistes moins connus que ceux de la scène mainstream en plus.

 

Le seul intérêt que je pourrais trouver à une radio musicale à l'heure actuelle, ce serait qu'elle propose des chroniques dans la veine de certains podcasts qui parlent de musique. Mais même là, le travail est déjà fait par d'autres.

 

Je ne vois pas comment elles vont survivre. Les radios généralistes oui, c'est une certitude mais les radios musicales... Je n'en suis pas certain. 

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Article de Télérama sur les faux streams, plutôt intéressant parce qu’ils interrogent pas mal de monde 

Révélation


Le Centre national de la musique publie enfin son rapport sur les “fake streams”, ces écoutes frauduleuses qui gonflent les audiences sur les plateformes. Enquête sur un fléau qui s’est accentué, et qui concerne surtout les nouveautés françaises.

« Voilà un exemple de fraude détectée cette semaine, sur un artiste français. » Sur son ordinateur portable, Thibault, jeune ingénieur de chez Deezer, pointe du doigt une série de graphiques. À la tête d’une équipe d’une dizaine de personnes, il est chargé depuis plusieurs années de traquer les fraudes sur la plateforme d’écoute de musique en ligne basée à Paris, à l’aide d’algorithmes complexes, basés sur des réseaux neuronaux. Devant nous ce jour-là, il décrypte un cas de triche manifeste : « À la différence d’un artiste normal – dont l’audience connaît un pic d’écoutes le matin, le soir et les week-ends –, celui-là ne montre aucune différence horaire. Le schéma est le même : chaque utilisateur écoute plus de cent fois ses chansons, nuit et jour. » Des habitudes bien trop mécaniques pour être réelles, comme si des robots agissaient pour son compte…

Depuis plusieurs mois, toute l’industrie de la musique bruisse de ces mots tabous : « fake streams », « faux streams » ou encore « streams frauduleux » synonymes d’audiences gonflées, de rémunérations abusives, de records usurpés dans le monde merveilleux de la pop. Des rumeurs qui font tache alors que les Victoires de la musique, la grande cérémonie populaire, s’apprêtent à décerner le 10 février prochain pour la dixième année de suite le trophée de l’album le plus streamé à Angèle et Ninho. Leurs statuettes seraient-elles en toc ? Sûrement pas, le succès de leurs concerts prouve bien leur popularité, mais peut-être redorées, de-ci, de-là, au stream de pacotille, indispensable au lancement de tout album en 2022, si l’on en croit les interlocuteurs rencontrés tout au long de notre enquête et les résultats d’un premier rapport du CNM sur « La manipulation des écoutes en ligne », enfin rendu public après de long mois.

Gonfler l’audience… et la rémunération

Derrière le jargon franglais coexistent plusieurs techniques d’arnaque bien rodées : après les stream farms (fermes à streams), soit des dizaines de téléphones portables jouant en boucle un répertoire vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ce sont aujourd’hui les bots (pour « robots ») qui font la loi, à partir de puissants logiciels programmés pour faire tourner, via des comptes d’utilisateurs fantômes, des chansons pendant une durée minimale de trente et une secondes, laps de temps au-delà duquel une écoute est comptabilisée et génère des revenus. Ces derniers mois, pour déjouer les radars, des pirates informatiques sont même allés jusqu’à détourner des comptes d’abonnés réels, afin d’y faire jouer des titres à leur insu. Le but est toujours le même : gonfler l’audience d’un artiste, donc sa rémunération.


Deezer, mais aussi Spotify, Amazon Music, Apple Music et même Qobuz… toutes les plateformes ou presque seraient aujourd’hui touchées par le phénomène, pourtant contraire à leur charte d’utilisation. « Ces pratiques sont totalement illégales », martèle Benoit Tregouet, patron du label Entreprise (Fishbach, Bagarre), très remonté sur la question. « Cela relève de la concurrence déloyale, mais aussi de l’escroquerie : la rémunération des artistes étant basée sur leur part de marché, cela revient à voler ceux qui ne trichent pas. » Aujourd’hui, les plateformes rémunèrent en effet les artistes à partir d’un pot commun (la somme des abonnements), qu’ils se partagent au prorata de leurs écoutes. Plus un artiste a de l’audience, plus il capte une part importante de ce montant, au détriment des autres. En gonflant artificiellement son nombre de streams, le tricheur fausse le marché.

 

Tout le monde rechigne publiquement à donner des chiffres, mais le phénomène pourrait être massif. « Depuis un an et demi, en tout cas, il s’est accentué », reconnaissait cet automne Ludovic Pouilly, vice-président de Deezer et l’un des rares acteurs du milieu à s’épancher ouvertement sur le sujet. « Aujourd’hui, on détecte 7 % de streams frauduleux sur l’ensemble des écoutes quotidiennes sur notre plateforme, et quarante-cinq mille comptes sont considérés comme suspects. » Sur un catalogue de près de cinquante millions de titres, augmenté chaque jour de cent mille références nouvelles, le gain est substantiel. Sans compter tous ceux qui passent entre les mailles du filet… En ouvrant grand ses portes, Deezer, qui emploie six cents salariés dont une vingtaine spécifiquement consacrés à cette lutte, entend montrer l’exemple dans la lutte contre les faux streams.

“Pour les artistes qui ne fraudent pas, le jeu est truqué...” Clarisse Arnou, du label Yotanka

Tous ne donnent pas autant de gages. Contactés il y a plusieurs mois, Amazon Music comme Spotify n’ont pas donné suite à nos sollicitations sur la question, mais selon nos informations, le leader mondial du streaming (Spotify), longtemps soupçonné de fermer les yeux, aurait récemment mis en place des outils de lutte importants. En revanche, des plateformes comme celles d’Amazon ou d’Apple rechigneraient à coopérer. Ailleurs, au sein des majors de la musique notamment, l’omerta règne en maîtresse.

À qui profite le crime ? C’est la question à laquelle le Centre national de la musique (CNM), missionné par le ministère de la Culture, s’est attelé. Son rapport sur les fraudes confirme l’extrême difficulté à mettre la main sur des données tangibles, comme à faire parler les acteurs de la musique. S’il salue l’implication d’un nombre croissant de professionnels, il déplore aussi le manque de transparence de YouTube, Apple Music ou Amazon qui n’ont pas souhaité transmettre leurs données. Autre écueil, l’utilisation d’outils de surveillance différents selon les plateformes, qui rend complexe, et parfois impossible l’analyse sur l’ensemble du marché. Résultat, avec 1 à 3% de faux streams détectés et écartés selon les plateformes, le rapport se situe très en dessous des 7% avancés par Deezer jusqu’alors. Toutefois, souligne Jean-Philippe Thiellay, le président du CNM, « il est certain que la réalité des faux streams dépasse ce qui est détecté. » 

 

Aucun style n’est épargné

Les regards se tournent régulièrement vers le rap, qui domine les charts sur les plateformes. Ironiquement, ce sont d’ailleurs les rappeurs qui en parlent le plus, dans leurs chansons, s’accusant les uns les autres d’y avoir recours. « Faux streams sur tes chansons, faux streams sur tes chansons, tu veux la faire à qui ? » raille Ziak, rappeur d’Evry. Comme son confrère parisien Alpha Wann : « Tu peux pas t’acheter du goût, mais tu peux t’acheter des streams et des vues. »

Tous les genres, pourtant, sont concernés, jusqu’aux musiques d’ambiance révèle le rapport du CNM. « Si le phénomène est souvent réduit au rap, c’est parce qu’il domine les écoutes aujourd’hui », explique Ludovic Pouilly, de Deezer. « La fraude aux streams est comparable au dopage dans le cyclisme, dénonce de son côté Clarisse Arnou, dirigeante du label Yotanka, orienté pop, et présidente de l’Upfi, groupement de producteurs de disques indépendants. Pour ceux qui ne fraudent pas, le jeu est truqué. » Qui sont les artistes les plus suspectés ? Benoit Tregouet a sa petite idée : « Si l’on imagine que les étrangers ne viennent pas tricher chez nous, et que la musique de patrimoine n’est pas la plus concernée, le phénomène se concentre en réalité sur les nouveautés françaises, qui représentent à peu près 25 % du marché. »

 


Face à la concurrence exacerbée sur les plateformes de streaming, la logique du chiffre s’est imposée à tous. Sans un nombre d’écoutes suffisant, impossible d’intégrer les playlists qui vous rendront encore plus populaire, ou espérer être diffusé à la radio, dont les programmateurs ont les yeux rivés sur… les plateformes. Le succès appelant le succès, qu’on soit petit ou gros, la tentation est souvent grande de passer le pas. Pour les premiers, l’enjeu consiste à se faire remarquer par une maison de disques, ou être programmé dans des salles. Pour les autres, il s’agit de combler les trous d’air, de garder son rang au moment de la sortie du nouveau disque. Les solutions en ligne à bas coût et faciles ne manquent pas. Boostium.fr, SpotifyStorm.com, acheter-des-vues.fr… proposent en toute décontraction d’augmenter artificiellement les abonnés sur les réseaux sociaux, le nombre d’écoutes ou de vues, moyennant tous les budgets : 7 euros pour mille écoutes, 99 euros pour vingt-cinq mille écoutes, voire bien plus…

 

Entreprise de marketing digital basée à Aix-en-Provence, Open The Eyes se targue de travailler « avec des artistes très connus comme avec des anonymes, aussi bien dans les musiques urbaines que dans la variété française, la pop, le rock ou le blues ». Son patron, Charles Rohée, connaît bien l’industrie du disque pour y avoir longtemps œuvré comme producteur, au sein d’un label de réédition. En 2013, il fonde sa société, qui propose aujourd’hui à des artistes, parmi tout un éventail de stratégies commerciales, rien de moins que de « faire entrer un single dans le top Snep », soit le classement officiel des ventes en France. Comment ? À travers une liste de cinquante mille contacts ciblés par des campagnes de mails. « Des abonnés à Spotify ou Deezer, à qui nous proposons des morceaux à écouter sur leur plateforme. Ils n’ont aucune obligation de cliquer, mais comme toute agence marketing, nous savons à peu près quelle proportion de gens le font. On peut ainsi, pour une sortie d’album, monter une campagne promotionnelle cohérente sur plusieurs semaines. » Tant que le minimum n’est pas atteint, les envois d’e-mails se poursuivent. Pour un million de streams, le tarif s’élève à 6 000 euros. « Pour des grosses pointures, on peut générer plusieurs millions de streams par an », assure Charles Rohée.

Entre marketing et triche, une frontière floue

« Les acteurs qui ont pignon sur rue ne sont pas les plus efficaces, ni ceux qui pèsent réellement sur le marché », modère pourtant Ludovic Pouilly, de Deezer. Dans les salons capitonnés des majors, d’autres négociations s’opèrent, plus importantes à en croire ce producteur parisien, qui souhaite garder l’anonymat. « Récemment, un individu se présentant comme “spécialiste des streams” est venu me proposer ses services, avec des procédés extrêmement fiables et intelligents : il ouvre des centaines de comptes payants dans différents pays, fait tourner les chansons bien au-delà des trente et une secondes, et limite à un chiffre raisonnable, les écoutes par titre et par semaine, en fonction des scores habituels de l’artiste. » 

Des méthodes subtiles, rendant la fraude de plus en plus difficile à détecter, corroborées par Julien (son prénom a été modifié), travaillant comme social media manager, qui « injecte » régulièrement des streams, pour le compte de rappeurs émergents principalement. « En fonction de l’argent investi, on peut jouer sur la qualité du stream : son pays de provenance, la technique (robots, placement dans des playlists artificielles, spams...), la durée, la périodicité. Plus ces streams semblent vrais, plus ils sont chers. »

 

“La chose est moins discrète pour un débutant lorsqu’il se retrouve dans les tops de Thaïlande ou de Roumanie.” Charles Rohée, d’Open The Eyes

Garder l’apparence de la normalité, c’est aussi tout le défi d’Open The Eyes. Avec ses auditeurs « sur invitation », Charles Rohée se défend d’ailleurs de faire de la manipulation de streams. « Pour moi, c’est la même chose qu’une campagne de pub à la télévision. » Sûr de son fait, il s’amuse des 7 % de streams frauduleux avancés par Deezer : « Ce chiffre-là est erroné. Tous les artistes aujourd’hui s’achètent une campagne de streams. Quand on fait des millions d’écoutes, ils sont facilement noyés dans la masse. La chose est moins discrète pour un débutant lorsqu’il se retrouve dans les tops de Thaïlande ou de Roumanie. » 

 

Face à ce type de manipulations « légales », difficile de savoir où s’arrête le marketing, où commence la triche. Signe du flou actuel, seules deux actions en justice ont été engagées en France à l’heure actuelle, à l’initiative de la Sacem, pour des cas de fraude aux streams identifiés dans le sud de la France. Devant cette difficulté juridique, le rapport du CNM propose la mise en place d’une charte de d’une charte interprofessionnelle de prévention et de lutte contre la manipulation des écoutes en ligne. Comme pour narguer la permissivité du système, le rappeur Lorenzo s’est amusé en décembre dernier à diviser son nouvel album en soixante-huit morceaux de trente et une secondes chacun, afin de multiplier ses audiences. Sur Instagram, il fanfaronnait dans une vidéo aux allures de parodie grinçante : « J’ai cassé l’industrie musicale ! » Il a depuis ramené son album à une forme normale – seize titres de trois minutes –, sous la menace d’un retrait des plateformes. Manifestement peu sensibles à son humour.

 

Jean-Baptiste Roch

 

 

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Vu que le débat des genres musicaux et des tranches d'âge ressort très souvent, je me permets de poster ceci qui a été réalisé en Italie par la FIMI. On a un rapport genre musical/tranche d'âge. Du coup je pense qu'on pourrait potentiellement appliquer un raisonnement assez similaire avec notre marché (bien qu'il y ait des différences notamment sur les sons latins par exemple).

 

 

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