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« GraffitiBridge » est sorti en 1990 simultanément à la sortie en salle du film dumême nom. Ce n'est donc pas à proprement parlé un album de Prince mais une B.O.avec différents interprètes (dont The Time dont faisait partie les biens connusJimmy Jame et Terry Lewis). Prince est producteur, arrangeur, compositeur et musicien sur ce disque. Certains morceaux sontcomposés en collaboration.Le film a été un bidecomme toutes les tentatives de Prince au cinéma : le voir jouer dans« Purple Rain » est à mourir de rire tellement il est ridicule…Bref.



Je n'ai pas vu ce film mais je suis curieux de voir ce qu'il raconte et comment les chansons que je connais par cœur sont mises en scène.

 

Beaucoup de titres del'album sont issus de vieilles démos ou de morceaux prévus pour d'anciensprojets, d'où peut-être une explication pour l'éclectisme des univers d'une chanson à l'autre.

 

Release It, Love Machine, Shake et The Latest Fashionsont interprétés par The Time. Prince est présent aux chœurs de ces 3 morceauxtrès funk avec pour Release It une prédominance de rap sur des sample de cuivre sur des rythmes syncopés. Sur LoveMachine, une certaine Elisa auchant coquin et fébrile mais un R&B globalement mièvre qui se rapproche dutitre Round & Round parson côté daté, trop métallique chanté par le très jeune Tevin Campbell qui ad'ailleurs eu un certain succès le temps de 2-3 albums dont Prince lui acomposé quelques titres.

Shake sonne très sixties, on danserait bien leMadison ! Prince est moins présent, mais le rythme, sec, marque son empreinte qui fait que l'on reconnaît ses productions dès les premières notes.

 

Melody Cool est interprété par Mavis Staples, une sorte de Queen Latifah de l'époque avec une voix à tomber qui sauve totalement de morceau. On la retrouve avec Tevin Campbell sur le titre Graffiti Bridge, l'ultime ballade de l'album, mais celle est de trop. C'est plutôt très niais, que ce soit dans la mélodie comme au niveau des vocals qui donnent un côté Disney…vous savez, la chanson de fin que personne n'écoute, trop affairé à rhabillé ses mômes à moitié endormis. Zzzzz

 

Venons en aux morceauxdont Prince est l'interprète.

 

Can't stop thisfeeling I Got, qui ouvre l'album,est une belle entrée en matière sur un uptempo bien funkie et sautillant typiquement Princier. La chanson est introduite par un « Dear dad, Thingsdidn't turn out quite like I wanted them 2. 
Sometimes I feel like I'm gonnaexplode », la figure du Père malveillant étant récurrente dans l'œuvre musicale et cinématographique dePrince.

New Power Generation, le titre qui succède est le premier en collaboration avec la backing band The New Power Generation (auparavant, la backing band était The Revolution de 1984 à 1987). Ce morceau a un son plus lourd, un côté plus hip-hop et un déluge de voix féminines sur les ponts et lerefrain qui donne un côté Hymne épique à ce morceau.

LA ballade de cet opus est sans conteste le magnifique The Question of U. Des airs de quart d'heure américain, une structure facile mais qui s'envole avec un solo de guitare appuyé par des claps et des chœurs résonnants. Ce morceau est issu des sessions de l'album« Parade » et ça s'entend clairement.

Elephants &Flowers, là aussi c'est très Princier. Des dédoublements de voix mais un lead vocal assez inédit : une façon plus « rock » de chanter, la voix un peu voilée et agressive. La musique reste très linéaire, un peu lassante. Tick, Tick, Bang est dans cette même veine mais un son plus sourd parsemé de quelques notes de guitares électrique et des scratchs.

We Can Funk est Interprété par Prince et Goerge Clinton, figure décalée du funk et on y est clairement. Un petit régal.

Joy In Repetition, une autre superbe ballade. Introduit par le brouhaha d'une fête, le morceau est très épuré, un côté quasi-accoustique qui donne à l'auditeur l'impression effective de participer à une impro, un boeuf. Cette chanson véhicule une émotion assez forte, une sorte de torpeur de fin de soirée.

Thieves In The Temple, single et probablement seule chanson vraiment connue du grand public issue de cet album n'est pas la plus réussie mais la plus efficace.

Still Would Stand All Time, rythmé par une cloche qui se rapprocherait d'un glas est la dernière ballade de l'album, très aérienne et montre une fois de plus toute l'émotion que Prince peut insuffler dans un morceau.

Pour conclure l'album, c'est une reprise du morceau New Power Generation ( part II), reprenant là au la Part I s'était arrêtée et en faisant définitivement le fil conducteur de l'opus, l'hymne du film. A noter que ce morceau contient plusieurs samples de chansons non retenues lors de l'enregistrement de l'album, d'où le côté joyeux bordel.

 

La force de cet opus reste les 3 ballades The Question of U, Joy In Repetition et Still Would Stand All Time à écouter d'urgence et suivent le sautillant Can't stop this feeling I Got, l'épique New Power Generation et le patchwork qu'est Tick, Tick, Bang.

 

Release It et Melody Cool, même si Prince n'est pas l'interprète principal, mérite qu'on s'y attarde.



http://www.youtube.com/watch?v=XgbZZJtvpkw



 

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Plus que tout, tu m'as donné envie de regarder un de ses films: j'aime le ridicule!

 

ET tu m'as fait écouter l'album: le manque de hits, de réputation, l'aspect 'soundtrack' et cette pochette horrible ne m'avaient jamais donné envie. Merci d'avoir posté la pochette, d'ailleurs: je me suis enfin posé les bonnes questions: "Rebecca, pourquoi n'aimes-tu pas cette pochette?" Maintenant, je sais: je n'aime pas le menton triangulaire de Prince et la couleur pastel de ses lèvres (dommage qu'il n'ait pas montré son autre profil, il nous aurait fait profiter de son grain de beauté sur la joue).

 

Bon, après écoute, pas fan de l'opus qui m'a donné l'effet d'être un peu du remplissage, mais mes morceaux favoris sont "Can't Stop This Feeling I Got", "The Question of U", "Round and Round", "Love Machine" et "Shake".

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A part "The Question of U" que m'avait conseillé un fan, je ne connais pas du tout cet album.

(C'est vrai que la pochette est une magnifique petite horreur comme seul Grichka Prince sait en proposer ).

 

En tout cas merci pour le clip,

Il m'a rappelé une chose qu'on a tendance à oublier : c'est un excellent danseur ! :thumb_yello:

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Invité Leighton

Je me trompe peut-être, mais j'ai la sensation que sur Sign'O' The Times, les instrus sont beaucoup plus rythmiques que mélodiques, je me trompe ? D'ailleurs c'est ça que je n'aime pas trop sur l'album... Du coup j'écoute son BestOf, là^^

Sinon c'est assez impressionnant mais les pochettes de Prince... ne sont pas toujours des réussites

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Et quelqu'un pourrait-il m'expliquer le principe d'Elixir, son avant-dernier album ? Y'a 3 CDs mais sur l'un c'est une nana qui chante, j'ai rien compris !

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LotusFlow3r et MPLSoUNDS sont "ses" albums à lui.

 

Depuis quelques années, ses titres d'album sont vraiment à coucher dehors!

 

Pour répondre à Leighton sur l'aspect (parfois) plus rythmique que mélodique de Sign 'O' the Times: c'est vrai. Il expérimentait avec le minimalisme de ses compositions: c'est une des forces de l'album, même si ça le rend plus difficile d'accès.

 

PS: moi, j'aime beaucoup les pochettes de Lovesexy et Dirty Mind, la première pour son côté érotico-kitsch culte et la seconde pour son côté SM.

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Finalement, j'écoute réguilèrement l'album "20Ten" et je dois avouer que, même si on est loin de ses années glorieuses, tout n'est pas mauvais. J'ai un gros coup de coeur pour le titre "Beginning Endlessly" et j'aime bien "Sticky Like Glue".

Jetez y une oreille!

 

 

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  • 2 semaines après...

Prince | Lovesexy

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Dix années se sont écoulées depuis son premier disque, l'honnête For You (1978). Après avoir enchaîné succès critiques rarement démentis depuis Dirty Mind (1980), et succès commerciaux remarquables depuis 1999 (1982), l'année 1988 est l'année du premier retour de bâton dans la carrière de Prince. Lovesexy est tout d'abord un album qui n'aurait jamais dû paraître : en 1987, une semaine avant la sortie programmée du Black Album, la réponse funk aux fans de la première heure qui déplorait la dérive pop de ses derniers disques, Prince et Warner décident d'annuler sa parution. Un certain mystère se crée autour de cette sortie sabordée : Prince qualifie son œuvre de maléfique (?), Warner trouve les textes trop sexuels et violents, etc. Dans la précipitation, Prince retournera en studio fin 1987 pour donner un successeur officiel à son fantastique Sign "" The Times.

 

Lovesexy déroute. On n'a pas oublié le retrait du Black Album. Et cette pochette !? Ensuite, les tubes à la "Kiss" ou "When Doves Cry", ils sont où ? Et c'est quoi ce délire mystique ? De plus, les neuf morceaux que compose l'album sont rassemblés sur l'édition cd en une seule plage (caprice princier). La presse est assez sévère, le public aussi.

 

Le disque s'ouvre sur "Eye No", une nouvelle version d'une chanson écrite en 1986 pour un autre album non publié, Crystal Ball. Il s'agit d'un morceau funk/pop de bonne facture doté d'un texte chrétien (« I know there is a heaven / I know there is a hell »), tout comme l'était celui de "Mountains" sur Parade. Le second morceau de l'opus est le tube de l'album (une tube mineur, soyons clairs) et son premier single, "Alphabet St.", un titre funk très chaotique ressemblant à un véritable melting-pot de chansons indépendantes combinées en une seule (l'année suivante, Prince ira encore plus loin avec "Batdance") : un bon gros jam super bordélique de plus de six minutes qui n'a peut-être que pour seul fil conducteur cette éternelle rythmique minimaliste, si cher à Prince. Après ce joyeux bazar, l'excellent single "Glam Slam", qui est pourtant couplée à la fois d'une guitare qui enchaîne les solos sans se soucier de la logique mélodique du morceau et d'un final cacophonique, semble presque trop classique. Le quatrième et dernier morceau de la face A est un coup de cœur personnel : "Anna Stesia". La sombre et longue introduction à l'orgue confère directement un côté cinématographique au titre. Comme les précédentes, c'est une chanson très évolutive, mais elle est probablement bien plus maîtrisée et bien plus cohérente. Le texte aborde le thème des vices de la chair, et se termine par le très allumé « Love is God / God is Love / Girls & boys love God above », chanté à l'unison par des chœurs « noirs ».

 

La face B s'ouvre sur le morceau le plus énergique du disque, "Dance On", qui a quelque chose du "Hot Thing" du précédent opus. Le texte, à nouveau, fait référence à la religion chrétienne. La chanson titre de l'album débarque ensuite. "Lovesexy" et ses synthés à la "Dirty Mind" rappellent le Prince du début de la décennie. La chanson s'apparente plus à un jam particulièrement jouissif : encore une fois, c'est le gros bordel : guitares qui voltigent, solos de saxophone, synthés répétitifs, voix parlées, rythmique minimaliste, chœurs « black ». Prince a décrit son album comme un album de gospel. Il ne faut certainement pas le prendre aux pieds de la lettre et s'attendre à une musique d'église, mais plus à des morceaux presque improvisés où tout le monde à l'unisson met la main à la patte, ajoute sa pierre à l'édifice pour rejoindre les Hautes Sphères de Dieu. S'en suit "When 2 R in Love", un rescapé du sabordé Black Album. C'est la première ballade du disque et apporte une note de simplicité après les jams en série de la première demi-heure. À mon sens, il s'agit d'un morceau anecdotique… ce qui suit est tellement mieux. "I Wish U Heaven", l'autre morceau phare de l'opus avec "Alphabet St.", rappelle les ambiances pop psychédéliques d'Around the World in a Day. Ce court morceau binaire très coloré de moins de trois minutes est également intéressant pour son final plus long que l'intro, les couplets et les refrains réunis: en effet, dés la première minute vingt, Prince a tout présenté (couplets, refrains), la minute trente qui suit mélange solo de guitare et reprises multiples du thème "I Wish U Heaven". Ceci combiné à sa courte durée comparé aux autres titres de l'album donne à la chanson presque un aspect étonnant d'interlude. À noter cependant que le 12' single offre une version longue de 10 minutes du morceau, divisé en trois parties. La dernière chanson de Lovesexy est également la plus longue : "Positivity" : morceau de bravoure dépassant les sept minutes notable pour son glissement à la cinquième minute de percussions lourdes aux percussions légères amorçant le ralentissement du titre et la fin du voyage avec le bruit d'une rivière que l'on peut interpréter comme l'eau qui lave des péchés, comme l'eau qui coule comme nos vies s'écoulent, comme un lieu de passage, de communion, d'amour . Hold on 2 to your soul / We got a long way 2 go.

 

Lovesexy, le vilain petit canard de Prince, est un disque difficile d'accès. Pourtant malgré son aspect complètement barré et ses textes aux allures de pamphlet de secte (« don't kiss the beast / we need love & honesty, peace & harmony »), l'album est essentiel pour qui veut comprendre le génie créatif (et la mégalomanie) du Kid. Il disait que le studio était une prison : avec Lovesexy, Prince essaie d'ébranler les murs dans lesquels sont enfermés ses morceaux une fois enregistrés. Il tente d'apporter une spontanéité qui rend l'acquisition totale des chansons par l'auditeur impossible tant elles défient les codes du formatage de la chanson-type. Une expérience que l'on peut détester et adorer.

 

NOTE : 15/20

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Non, j'aime toutes les chansons de Lovesexy. J'aime cependant moins "When 2 R in Love", plus anecdotique.

Lovesexy fait partie, pour moi, de ces albums qu'on adore sans réellement savoir pourquoi. Bon, déjà, moi, j'adore la pochette.

 

J'ignore l'origine du nom "Black Album", mais ton explication (racisme) me semble plausible en tout cas. Les textes sombres (provocants et agressifs) de l'album peuvent être une autre raison.

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Merci Jim pour ta review!

Comme je te l'ai déjà dit, le fait que le CD que je possédais était monopiste, je l'ai vite mis de côté et finalement vendu une misère. Il faudra donc que je me procure une version plus récente (Vinyl replica!) pour me re-plonger dans cet opus dont seul "Alphabet St." est resté gravé dans ma mémoire: j'adore ce morceau que j'estime être un de ses meilleurs single.

Comme toi, j'aime beaucoup la cover: kitch à mort, légérement ridicule mais une réussite au final!

 

Le "Black Album" est finalement sorti dans le commerce des années plus tard, je n'ai même pas jeté une oreille dessus: ça vaut le coup?

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Le "Black Album" est finalement sorti dans le commerce des années plus tard, je n'ai même pas jeté une oreille dessus: ça vaut le coup?

 

Je crois que oui, ça vaut le coup de l'écouter au moins une fois. Je l'aime bien, ce Black Album, moins bordélique que Lovesexy (ce qui n'est pas une critique envers Lovesexy!). Il est franchement excellent dans son genre (funk), a peu vieilli et est très spécial également (cf. "Bob George", un morceau violent où apparemment la voix de Prince est transformée pour imiter celle d'un gangsta rappeur tueur et misogyne).

Par contre, je me demande quels singles étaient prévus pour la promo... Je ne vois rien de très commercial (peut être "Cindy C." ?)

Pour l'anecdote, j'ai lu que Bono et The Edge (de U2) l'ont cité comme l'un de leurs albums préférés.

 

Mes morceaux préf' sont: "Dead On It" (très hip-hop), "Bob George" et "Superfunkycalifragisexy".

 

@Tia: 'sympa ton anecdote sur "Darling Nikki", je ne savais pas. C'est clair que le texte est particulièrement chaud bouillant.

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Prince | Dirty Mind



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En 1980, Prince ne le sait pas encore mais il entame une décennie dont il sera l'un des rois incontestés. Dirty Mind est son premier chef-d'œuvre. Sur For You (1978) et Prince (1979), le Kid se cherchait : il s'essayait au funk, à la soul, au rock, au R&B, au disco, et même au hard rock. En 1980, il s'est trouvé et crée son propre son où il a le génie de ne pas choisir mais plutôt de rassembler toutes ses influences avec brio. Ce mélange d'influences et ses synthés flamboyants confèrent au disque une nette couleur new-wave. Dirty Mind, écrit, composé, arrangé et enregistré par Prince lui-même, ne sera pas un succès commercial, mais bel et bien un succès critique. Aujourd'hui encore, le disque apparaît dans les classements sérieux établis notamment par Rolling Stone ou Pitchfork.

 

Le magnum opus s'ouvre sur la chanson titre "Dirty Mind" : excellent morceau pop qui dresse parfaitement le décor aussi bien musicalement qu'au niveau des paroles. Comme sur peu d'album de l'époque, les textes abordent la sexualité sans tabou : ce titre ne déroge pas à la régle. Le riff au clavier, très simple, créé par Dr. Fink annonce, lui, l'esthétique new wave dans laquelle il faut aborder le disque. Le second morceau, "When You Were Mine", est l'un des plus célèbres du disque alors qu'il n'a jamais bénéficié d'une sortie single. Souvent interprétée en live par Prince et reprise de nombreuses fois, notamment en 1982 par Cyndi Lauper qui en proposera une excellente version – elle aura l'élégance de ne pas changer le sexe des paroles (« I know, that you're goin' with another guy ») –, la chanson est aussi l'une des meilleures de l'album. L'association minimaliste du synthé et de la guitare est du meilleur effet. De tout l'album, c'est la chanson la plus rock, et si ce n'est pas pour l'instrumental new wave, c'est clairement pour l'esprit qui anime ce morceau. "Do It All Night", le premier single en Angleterre, succède au joyau "When You Were Mine". Comme son prédécesseur, il contient un solo de synthé. Quant au pronom "it" dans le titre de la chanson, je n'ai, chers coquins de lecteurs, pas besoin de vous expliquer ce qu'il remplace. La face A se referme sur "Gotta Broken Heart Again", une courte et sympathique ballade R&B/soul mid-tempo.

 

On retourne le disque, et c'est le premier single aux US qui nous accueille : "Uptown". Bien qu'il s'agisse d'un dance/funk minimaliste très efficace et qui soit décrit comme le point fort de l'album, il est étonnant de remarquer que ce morceau n'a pas réussi à passer à la postérité, d'ailleurs Prince l'interprètera rarement en live. Dans cette chanson, il décrit un monde parfait où tout le monde serait libre de s'exprimer indépendamment de son sexe, de sa couleur de peau ou de son orientation sexuelle. Parfaitement enchaîné à "Uptown", "Head" débarque ensuite. Il s'agit d'un coup de coeur personnel. Morceau aux accents post-disco, il est une funky ode à la fellation. Au milieu du titre, Dr. Fink exécute un excellent solo de synthé de près d'une minute : un des meilleurs moments de l'album. La courte "Sister", avant-dernier morceau de l'album, a de nets accents rock'n'roll. Si le thème de fellation était déjà choquant pour l'époque, Prince réservait d'autres surprises puisqu'il est clairement question d'inceste ici et il nous gratifie des détails sordides. Le sulfureux Dirty Mind s'achève sur "Partyup", une chanson écrite en collaboration avec Morris Day, le leader du groupe The Time que l'on retrouvera sur la bande originale du Graffiti Bridge du Kid en 1989. Typiquement dans la veine de "Uptown", ce morceau est un jam dance/funk minimaliste. Il termine l'album de façon explosive.

 

Prince n'a que 22 ans à l'époque et fait preuve d'une maturité artistique incroyable, et si l'on compare Prince (1979), dans lequel il semblait imiter ces idôles et ce qui marchait à la radio plus qu'il ne s'affirmait, sur Dirty Mind (1980), en plus de s'affirmer, il balance au monde un disque visionnaire dont le rayonnement et l'influence seront époustouflantes.

 

NOTE : 16/20

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Vais-je me coltiner toute la discographie de Prince? ... mystère comme celui qui entoure The Black Album.

 

 

Prince | The Black Album

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Sa pochette est noire : probablement est-ce à cause de toute l'encre qui a été versée pour parler de sa légende. En 1987, peu de temps après la sortie de son ultime chef-d'œuvre, le double Sign "" the Times, Prince s'attaque à la création de son successeur. Cet album naît d'un regret chez certains, notamment la communauté Noire, de constater au fil des albums une dérive pop de plus en plus marquée chez Prince. En réponse, il veut écrire la Bible du funk. D'ailleurs, le titre initialement prévu est bien The Funk Bible, mais c'est la couleur de sa pochette promo qui lui donnera son nom final dans l'imaginaire du public et de l'industrie du disque. Il faut avouer que ce sombre titre lui va bien mieux, tant la musique sur ce disque est sombre et sauvage. Quelques jours avant la parution du disque, Prince, en plein trip mystique, notamment causé par un abus de drogue, se persuade que le Black Album n'apportera que le malheur. Il veut faire marche arrière et ne pas sortir l'album. Vu la noirceur et l'agressivité du disque, Warner accepte à condition d'enregistrer un successeur très vite.

 

Dés le début, le ton est donné : "Le Grind" est un excellent funk/jam indomptable jalonné de trompettes qui annoncent comme l'évenement qu'est l'album : il le dit clairement dans la chanson : « Welcome to the Funk Bible / The new testament ». On sent que Prince veut en mettre plein les yeux (« Alors, comme ça, je ne suis pas capable d'écrire du funk ? Tiens, bouffe ça ! »). Le second titre, "Cindy C.", paraît-il en référence à Cindy Crawford, creuse la veine funk. Ensuite vient "Dead On It", une parodie hip-hop et l'un des meilleurs morceaux de l'album. La guitare funk qui parcoure la chanson jusqu'à son terme est un régal : il est difficile de rester assis sur son siège à l'écoute de ce titre. Un groupe comme De La Soul n'aurait deux ans plus tard pas renié ce morceau pour leur génial 3 Feet High & Rising. La première face s'achève sur "When 2 R in Love" : la ballade du disque. Bien qu'elle ait été reprise à l'identique sur Lovesexy (1988), elle s'inscrit beaucoup mieux sur le Black Album. Sur Lovesexy, elle est hors propos ; ici, elle termine en douceur et de façon efficace la première partie.

 

"Bob George" ouvre la face B. Attachez vos ceintures! Ce morceau, aux accents rap rock comme chez Run-D.M.C., mais en plus trash, est une tuerie au propre comme au figuré. Grosse caisse synthétique tapageuse, solos de guitare hard, synthés, sirènes de voitures de flic, bruitage de fusillade et cris, voix de Prince modifiée pour imitier celle d'un gangsta rappeur assassin et misogyne, texte agressif et violent (le gangsta insulte même Prince : « that skinny motherfucker with the high voice ») À tous les niveaux, "choquant" est le maître mot. Après la tempête… ben la tempête : "Superfunkycalifragisexy", un fantastique funk sauvage et sexy qu'il interprétera sur le Lovesexy Tour. Le morceau suivant s'intitule : "2 Nigs United 4 West Compton". Avec ses sept minutes, cette pièce, presque exclusivement instrumentale, fait dans la démonstration. Véritable morceau de bravoure funk, "2 Nigs", avec ses solos de guitare, solos de synthé et ses percus qui claquent comme d'incessants coups de fouet, est l'un des meilleurs instrumentals de toute l'œuvre de Prince. Le dernier titre de l'album, le funky "Rockhard in a Funky Place", peut être considéré comme le petit frère de "If I Was Your Girlfriend" sur le précédent album. D'ailleurs, les deux chansons avaient été composées pour le triple-LP Crystal Ball, qui lui non plus n'a bénéficié d'aucune sortie. The Black Album est, pour terminer, un excellent disque très risqué qui musicalement échappe aux fautes de goûts, et on sait que celles-ci ont été répétées comme un mantra dans la carrière de Prince. Il est assez fou de constater qu'une seule année le sépare de Parade, et que Sign "" the Times ne le distance que de quelques mois, tant ces trois opus sont radicalement différents l'un de l'autre.

 

Nombreux sont ceux qui considèrent le retrait du Black Album comme le début de la fin du génie créatif du Nain Pourpre. C'est le moment où la mégalomanie d'un homme prend définitivement le dessus. Prince voyait en ce Black Album un mauvais présage, et c'est la raison pour laquelle il a décidé d'annuler sa sortie, mais manque de pot : ce n'était pas l'album, mais son retrait qui s'est à long terme révélé comme un terrible revers. On n'échappe pas au destin.

 

NOTE : 16/20

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Jim, on ne t'arrête plus!

Et c'est toujours un plaisir de te lire. Ce "Black Album", il faut que je me le procure depuis un bout de temps: là, tu ne m'en as donné que plus envie.

 

Hier soir j'ai écouté "For You" rapidement en bagnole. Le son est tellement faible que ça altère beaucoup l'écoute mais franchement, l'opus a l'air pas mal du tout. J'ai même envie de dire que j'ai eu plus de plaisir qu'à l'écoute de "Dirty Mind".

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