vendredi 11 novembre 2011 10:17

Le rock français entame-t-il une nouvelle ère ?

Par Music on Mars | Rédacteur
29 novembre 2010. Une triste épitaphe est publiée dans la presse. Celle de ce qui constituera sans doute, pour de longues années encore, le meilleur groupe de rock que la France ait connu, Noir Désir. A croire que le rock en France est mort, que les séparations des Bérus ou de la Mano l’avaient sonnée bien avant le split des bordelais. Du moins c’est ce que l’on s’entête à écrire un peu partout, mais les évidences sont parfois bien trompeuses...
Crédits photo : Laura Maschio
Un an après, Serge Teyssot-Gay passe le temps en Zone Libre et Bertrand Cantat donne de la voix chez Shaka Ponk. Comme quoi il reste de la vie, alors pourquoi pas de l’espoir ! A cet égard, la première nécessité est de comprendre les raisons impliquant que notre scène nationale rock ait si mauvaise presse. Cependant, le fait n’est pas tant de répondre aux questions soulevées par la précarité apparente de son état de santé mais bel et bien de s’en poser. Oui, le rock en France n’est pas forcément celui que l’on voudrait entendre. Mais pourquoi ?

Visionnez le clip de Shaka Ponk, "Palabra mi amor (feat. Bertrand Cantat)" :


Une première explication concerne son évolution. Si le rock hexagonal est en perte de vitesse, c’est peut-être qu’il est tout simplement trop vieux. Qu’il s’est petit à petit inscrit dans une routine empêchant son renouveau. Parlez de son groupe de rock français préféré à n’importe lequel de vos amis, les éternels Noir Dez, Telephone et Indochine pointeront à coup sûr le bout de leur nez. Les plus extrêmes mentionneront Trust, les plus extravagants les Rita Mitsouko. Le fait est qu’un seul de ces groupes peut encore se targuer de tenir debout. Comment croire alors à l’expression de la révolte adolescente singulière au genre ? Si la légitimité à la chanter d’un Nicola Sirkis ou d’un Bertrand Cantat, si juvéniles qu’ils paraissent, s’avère acquise pour un public d’initiés, elle peut facilement être remise en questions par une audience plus large.


Plus assez bankable ?


S’impose alors une seconde éventualité, celle selon laquelle la relève est là, mais qu’on ne lui donne pas sa chance, ou seulement dans la presse spécialisée et sur Internet, derniers bastions d’une culture en dehors des sentiers battus. Le rock français, en dehors de certains élus, n’est peut-être tout simplement plus assez bankable, ce qui expliquerait sa sous-représentation dans les médias de masse. Après tout, à quoi bon faire l’apologie d’une musique sombre en ces temps de crise ? Alors certes, mort médiatique est loin d’impliquer mort effective de la scène, n’empêche que le but est tout de même d’être entendu et de jouer sur scène. Alors, trop vieux, trop déprimant ou pas assez rentable ?

Ne nous fourvoyons pas, le rock français n’est pas que du rock en français ! Et contre toute attente, la grande famille du rock national se porte bien, peut-être même mieux que jamais. Phoenix ou Air côté french touch, Dagoba ou Gojira côté gros son, n’ont pourtant la reconnaissance qu’ils méritent qu’à l’international. Dans un cadre plus local, Ladylike Dragons et Izia reviennent mettre un coup de pied dans la fourmilière avec des seconds albums (respectivement "Turn Them Into Gold", sorti le 10 octobre, et "So Much Trouble", le 14 novembre) sans concessions. Comme quoi les filles au moins y croient encore ! Ce n’est pas la sortie du premier album anglophone des clermontoises de Subway ("Hide and Seek") ou le nouveau Sheeduz ("All Be True") qui parviendront à nous faire prétendre le contraire.

Visionnez le clip d'Izia, "So Much Trouble" :


Certes le rock en français est peut-être moins prolifique… Mais il bouge encore ! Eiffel, actuellement en studio, est assurément le meilleur représentant de ce rock à la française, mêlant interprétation puisée directement dans les tripes, riffs rageurs et textes littéraires, une espèce d’enfant illégitime né de l’union secrète entre Boris Vian et Pixies. Dans un autre genre, Mademoiselle K vient tout juste de remplir son premier Zénith et No One Is Innocent d’ouvrir pour Motörhead. Deportivo, Nosfell, Melissmell, les Wampas, Lofofora sont en tournée. Les prochains Café Bertrand, Soma, AqME, Mass Hysteria sont d’ores et déjà annoncés.

Et puis le rock c’est aussi, et avant tout, une attitude. Pas qu’une question de cases que l’on prendrait la peine de cocher si besoin est. Carla Pallone et Julia Lanoë de Mansfield.TYA l’ont bien compris et en jouent, comme du reste, en expliquant à qui veut l’entendre qu’elles font des chansons mélodramatiques / death metal. Pourtant c’est plutôt Folk. Ou Prog. Voire Psyché. Mais dans le fond c’est quand même sauvagement Rock. Bref, c’est de la bonne musique, made in France, sans carcans et ça fait du bien ! Alors non, le Rock en France n’est pas trop vieux. Déprimant certainement. Quant à la rentabilité, si l’on prend la peine de s’en soucier, c’est que l’on n’appartient de toute façon pas à cette scène alors à quoi bon encore se poser la question ? Mieux vaut savourer les nombreuses et réjouissantes sorties de cette fin d’année !

Visionnez le clip de Mansfield.TYA, "Animal" :


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