mercredi 05 octobre 2011 19:00

"Chantons dans le placard" : chronique

Par Mathieu Rosaz | Rédacteur
La pièce musicale de Michel Heim "Chantons dans le placard", mise en scène par Christophe et Stéphane Botti et interprétée par Vincent Escure, Alvaro Lombard et Michel Heim, s'est installée au Théâtre des Variétés à Paris depuis le 22 septembre pour 40 représentations exceptionnelles. C'est dans la petite salle, au dernier étage du théâtre que se joue ce spectacle plein d'humour et d'anecdotes qui tient le spectateur en haleine pendant 1 heure 30.
Crédits photo : Amaury Grisel
Ce spectacle avait été présenté dans le Off du festival d'Avignon et on retrouve cette ambiance dans ce petit théâtre où le public est venu nombreux applaudir ce véritable tour de force mené d'une main de maître par Michel Heim qui prend des allures de conférencier passionné et passionnant, excellant particulièrement dans le répertoire du début du 20ème siècle truffé de perles interlopes ciselées, ressorties des greniers pour notre plus grand bonheur. Des merveilles de drôlerie sans aucune vulgarité comme "Le trou de mon quai" (1906), "Ils en sont tous" (1949), "Le tsoin tsoin" (1936) ou encore "Titi, toto et patata" (1923), entre autres. Des chansons qui laissent songeur tant elles sont audacieuses et osées pour une époque où l'homosexualité était un immense tabou et à côté desquelles les chansons gay d'aujourd'hui peuvent paraitre souvent fades voire insignifiantes.

Visionnez le nouveau teaser du spectacle, "Chantons dans le placard" :


Les chansons de mauvais goût sont aussi évoquées telles "Le rire du sergent" (1970) de Michel Sardou ou encore la chanson homophobe de Fernandel de 1966 : "Il en est". Il y a aussi les clichés démodés de l'increvable "Comme ils disent" d'Aznavour (1972) et aussi les chansons gay dites “humanitaires”, pleines de bons sentiments et dont la niaiserie et la maladresse deviennent risibles ("La différence" de Lara Fabian en 1996) où écœurantes ("Le privilège" de Michel Sardou en 1991 - « est-ce une maladie ordinaire, un garçon qui aime un garçon ? »). No comment…

Visionnez Régine live, "La grande Zoa" (Olympia 1969) :
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L'ambiance est joviale, bon enfant, et les dialogues suffisamment habiles et fins pour nous faire passer d'une décennie à l'autre sans jamais avoir le sentiment que tout cela soit tiré par les cheveux. Les lesbiennes y trouvent aussi leur compte à travers "Entre elle et moi" du duo Catherine Lara et Véronique Sanson en 1991 et bien sûr le célèbre "Une femme avec une femme" du groupe Mecano en 1990. Mais le plus bel hymne lesbien reste le sublime "Ouvre" créé par Suzy Solidor en 1933. Une chanson écrite à la base pour un homme mais que seule une femme aura eu le cran de créer dans ces lointaines années-là.

Ecoutez Suzy Solidor, "Ouvre" (1933) :


Les sommets du spectacle restent les petits chef d’œuvres que sont le "Xavier" d'Anne Sylvestre, "le condamné à mort" de Jean Genet et Hélène Martin, repris récemment par Etienne Daho et les extraits de la "Essayez-donc nos pédalos", une comédie musicale datant de 1979 et écrite par Alain Marcel. Coup-de-poing dans le bas-ventre des idées reçues. Ces “premiers pédalos” (il y eut une suite) répondaient aux préjugés véhiculés par le succès de "La Cage aux Folles". Ils tordaient le cou à une middle-class rance qui confondait déjà pédé et pédophile, sexualité et maladie. « Nous les tantes », chantaient-ils en chœur. Mais la palme va à ce titre peu connu de Charles Trénet : "L'abbé à l'harmonium". « Bercés par la musique d’un bon vieil harmonium / Qui n’était pas électrique / Aussi pour le faire fonctionner / Un ecclésiastique, un Abbé pédalait / Qu’il pédalait bien l’Abbé »…

Il nous faut saluer aussi en plus de celui de Michel Heim, le grand talent du pianiste, interprète et comédien Alvaro Lombard ainsi que celui du jeune et très sexy Vincent Escure qui joue parfaitement de sa fausse naïveté avec un sourire ravageur… Un spectacle sans prétention, sans agressivité, qui se sert des clichés pour mieux les dénoncer et les détourner, n'hésitant pas à faire un peu d'“outing” de personnalités au passage… Bref, un régal scénique pour tout public ! Dépêchez-vous de réserver, car ça commence à se savoir !
Pour en savoir plus, visitez chantons-dans-le-placard.com, ou le Facebook officiel.
Réservez vos places pour le spectacle "Chantons (gay) dans le placard".
Visionnez le clip de Mecano, "Une femme avec une femme" (1990) :


Visionnez le clip de Lara Fabian, "La différence" (1996) :

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