lundi 03 décembre 2012 15:00

Mai Lan : "La pub SFR ? C'est vraiment une chance de dingue !"

Elle est l'héroïne de la très jolie campagne de publicité de SFR et c'est par ce biais que Mai Lan se présente au public. La jeune femme, qui a fait ses débuts dans le film de son frère "Sheitan" il y a six ans, a sorti son premier album éponoyme au mois de septembre et se présente sur Pure Charts. Son parcours, les deux ans qu'il a fallu pour concocter ce premier opus, ses doutes avant de se lancer avec SFR ou encore la chanson polémique "Gentiment je t'immole", qu'elle chantait il y a six ans, elle revient sur son parcours. Entretien.
Crédits photo : Lisa Roze
Propos recueillis par Charles Decant.

Comment te décrirais-tu en trois - ou quatre - mots ?
Alors... Je suis chanteuse, auteure, interprète et co-compositeur.

C'est ce qui te définit ?
C'est ce qui me définit dans ce dont on parle, en tout cas !

« Une pub, aujourd'hui, c'est comme avoir le soutien d'une radio nationale »
On parle de toi ces derniers temps suite à l'utilisation de ton titre "Easy" dans la campagne SFR. On a aujourd'hui l'impression que la musique ne peut plus exister seule et qu'il faut s'associer à des marques pour la booster...
Je vis ça très bien, moi. A partir du moment où tu es en accord avec toi-même, ça roule. Je me suis posé plein de questions au moment de prendre cette décision. En plus, je viens d'une famille où il y a vraiment une volonté d'indépendance artistique très forte. Mon père, c'est le punk des années 80 qui emmerde tout le monde, donc il y a une espèce de truc familial, c'est dans l'éducation presque. Donc j'ai beaucoup douté, mais en même temps, c'est une chance de dingue. C'est comme avoir une radio nationale avec ton titre qui tourne en boucle. C'est vraiment un média. Le partenariat est plutôt cool, SFR ce sont des gens qui travaillent dans le développement des talents émergents donc il y a aussi un processus sympa et un amour de la musique. Et je pense que la pub est très belle. C'est ça l'oeuvre de base.

Parlons maintenant de ton premier album. Comment en es-tu arrivée là, quel a été le cheminement pour y parvenir ?
C'est une très longue histoire ! Pour faire rapide, j'aime chanter depuis ma plus tendre enfance, j'ai enregistré des titres à l'époque Koutrajmé (une société de production, ndlr) pour signer des génériques de courts-métrages, etc. Ensuite, il y a eu le film "Sheitan", dans lequel j'ai joué et qui a marqué ma première apparition sérieuse sur un disque, pour la B.O. Ca, c'était génial, parce qu'il y a eu une très forte réaction à ce titre donc ça m'a donné envie de développer le truc. Ensuite, de "Sheitan" à aujourd'hui, j'ai fait des fringues et en même temps j'ai développé ma fibre de chant et musicale. Et voilà. Quand je me suis sentie prête et que j'avais mon collaborateur parfait, qui n'est autre que mon ami d'enfance, on s'est lancés pour de vrai dans le projet d'album. Toutes les chansons ont quasiment été composées il y a deux ans.

Comment vous avez travaillé ? Qui faisait quoi ?
Ca dépend des fois. Souvent, j'aime bien partir d'un petit élément qui m'inspire quelque chose. Donc ça peut être un riff de guitare, un petit rythme, une petite basse... Puis je fais ma mélodie dessus. C'est comme un espèce de travail de ping pong et en même temps c'est très connecté, on se concerte tout le temps. Ca c'est pour le début du truc. Et puis on a ensuite besoin d'avoir un peu de temps chacun dans son coin. Moi je fais mes choeurs, je développe ma mélodie puis lui récupère le truc, met plein de petits éléments et on se retrouve à la fin.

« On venait de nulle part, on n'avait rien, il a fallu tout faire ! »
Ce projet a commencé il y a deux ans, c'est à ce moment-là que vous avez commencé à travailler sur l'album...
Oui, il y a deux ans, deux ans et demi, on a écrit la quasi-totalité de l'album. Mais avant ça, il y avait déjà "Easy", "Sanctuary", "Mon petit amoureux".

Et qu'est-ce qui s'est passé pendant deux ans ? Pourquoi a-t-il fallu deux ans entre les chansons et la sortie de l'album ?
Je crois que deux ans, c'est très court. Ce qui a pris ce temps, c'est de trouver les partenaires de travail, convaincre les gens, faire des showcases, etc. Tout monter en fait. On venait de nulle part, on n'avait rien. Ce n'est même pas comme si on était un petit groupe de lycée qui avait déjà rodé des choses. Là, il n'y avait que l'essence de l'énergie créatrice mais ensuite, il a fallu tout faire. Faire tout l'album. Et nous on est très lent parce qu'on travaille à la maison, on fait tous les petits trucs à la main. Et puis ensuite l'artwork, tout ça...

La musique s'est faite avant la rencontre avec le label ? Du coup tu as dû en démarcher ?
En fait, j'avais le management en premier, et c'est lui qui a trouvé le label. Il y en avait plusieurs qui étaient intéressés. Les morceaux étaient déjà composés quand on a trouvé la maison de disques, oui.

« Chanter en français, c'est de l'ordre du challenge »
C'est un album avec quelques titres en français mais qui est majoritairement en anglais. Ca s'est imposé au moment de l'écriture ?
Oui. Parce que je pense que quand on fait de la musique, on s'inspire forcément de ce qu'on aime et moi, la musique que j'aime, elle est en grande partie anglophone. Les flows que je faisais sur mes mélodies appelaient vraiment l'anglais parce que c'est vraiment rapide, presque des raps, ou des petites comptines racontées un peu à l'anglaise. Donc l'anglais est naturel.

Sachant que ça peut être un handicap pour passer en radio...
Oui. Mais j'avoue que là, ce genre de paramètres... Après, j'avais très envie de chanter en français pour mon challenge personnel, pas pour passer en radio mais parce que c'est ma langue. Et parce que c'est une langue que j'adore et qui est magnifique. Donc il y a eu ce morceau, "Les huîtres", et j'en suis super contente mais pour moi, le français, c'est de l'ordre du challenge.

La bio qui te présente parle d'un univers décalé, un peu onirique. Comment tu le décrirais, toi ?
Moi je n'ai jamais vraiment réussi à le décrire, même si on me pose souvent cette question... Mais les journalistes trouvent régulièrement de bons termes ! Après, je pense que c'est un joyeux mélange de plein de choses, il y a une bonne part d'onirique effectivement, de fantastique, d'absurde. Mais musicalement, ça part dans beaucoup de directions même si ça reste très personnel. J'ai l'impression qu'il y a quand même une unité qui se retrouve dans la voix, le flow, la façon de faire et aussi le côté un peu patchwork bricolé, petits sons, petits machins, petits trucs... Ca part dans tous les sens parce qu'il y a une bosse folk, acoustique, pop, et puis ensuite il y a tout le reste qui débarque, la bossa nova, l'électro, la country, la soul, le trip-hop... Tout vient s'ajouter à ça !

« Les chansons de l'album, c'était un peu des coups de bols »
Quand tu as commencé à écrire cet album, tu avais une idée déjà fixée au début ou tu es allée de découvertes en découvertes au fil du processus ?
Ca n'a été que des découvertes ! Tout le temps. C'était un peu des coups de bol ou presque ! Avant de faire l'album, j'avais effectivement le projet mais je tâtonnais beaucoup parce que je n'avais aucune idée de la façon dont ça allait se passer. J'avais trop de trucs à dire, trop d'idées, trop d'univers à explorer et je n'avais pas du tout envie d'être coincée dans quelque chose. Et du coup, je me suis pris la tête, je me suis demandé ce que j'allais raconter, qui j'étais... Et je n'ai rien réussi à sortir de ces brainstormings avec moi-même. A chaque fois, les chansons sont sorties toutes seules, spontanément et c'était surprenant.

Tu n'étais pas révoltée, engagée... Tu ne t'es pas dit que tu allais dénoncer tout ce qui n'allait pas dans le monde ?
Non, non, non. J'ai l'impression que j'exprime plein de choses qui ne sont pas forcément concrètement dites mais qui sont dites quand même. Et qui sont interprétables de façon multiple, par tout le monde. Et j'aime aussi aborder le thème du rêve, de l'histoire, de l'imaginaire pour permettre à l'auditeur de vivre un petit truc, un petit moment déconnecté. J'aime bien ce côté-là.

Toujours dans ta bio, on te présente comme une artiste qui préfère s'évader que de parler du monde réel. C'est parce qu'il n'est pas intéressant ?
Non, c'est pas ça. Ca prête à confusion, sand doute ! Non, le monde réel, je le kiffe ! J'adore la vie, je prends un énorme plaisir à vivre. Ce n'est pas du tout pour échapper à quelque chose. Mais j'aime bien qu'on se permette tout d'un coup de vriller dans du n'importe quoi. Je trouve que ça fait toujours du bien de se lâcher, de ne pas être dans le concret. Le concret, c'est génial mais l'abstrait, c'est super rigolo. Ce n'est pas du tout pour cracher sur le réel, non ! (Rires)

La première chose que les gens ont pu entendre de toi c'est une chanson du film "Sheitan", qui s'appelle "Gentiment je t'immole". Comment, en 2005, tu as réussi à interpréter ce texte d'une violence inouïe ?
Avec beaucoup d'amour et de bienveillance ! Ce texte, je n'ai aucun problème avec lui. J'adore ce concept, parce que là on est vraiment dans l'ordre du concept artistique. J'adore l'effet que ça fait, c'est très agréable de prononcer ces mots-là parce que ce sont des mots qui ont tellement de sens et qui sonnent vachement bien. Le texte est super intelligemment écrit. Pour moi, c'était une façon de phaser, d'étonner... Ce n'était que du plaisir et de l'honneur. Ensuite, je suis totalement consciente que ce que je raconte est infernal mais, c'est du cinquantième degré et le public l'a bien compris je pense. J'adore que ça fasse réagir aussi violemment...

Il y a un côté jouissif aussi je suppose dans l'interprétation d'un tel titre, parce que ce sont des choses qu'on ne peut pas dire...
Exactement, oui ! C'est vrai !

Découvrez le titre "Gentiment je t'immole" extrait du film "Sheitan" :


Tu sors ton premier album en 2012 dans un marché sinistré. Tu n'es ni religieuse, ni Bretonne et tu ne reprends pas des classiques de la chanson française... Comment tu vis ça ? Tu te dis "Je le fais pour le plaisir mais il y a très peu de chances que j'en vive" ?
Moi je n'ai pas de plan de carrière, je ne suis pas du tout dans la projection. Je n'ai jamais réfléchi à la façon de gagner de l'argent. Je ne dis pas ça pour dire "Je suis une artiste, c'est génial" mais au contraire comme un problème. Je n'ai jamais réussi à réfléchir de cette façon-là. Pour moi, faire de la musique et en faire mon activité, c'est une chance dans n'importe quel contexte. J'étais trop contente d'avoir accès à tout ça, d'avoir su convaincre les gens de travailler avec moi, de sortir le projet, etc. Mais c'est vrai que c'est le chaos total. Et c'est ce chaos qui permet à des artistes comme moi, qui ont un univers complet, qui englobe l'image, tout ça. Je pense que cette période permet à ce genre d'artistes d'exister. On revient à l'essence de l'identité de l'artiste. Il y a moins la course au tube. Les artistes qui débarquent sont des artistes qu'on peut développer à long terme.

A côté de l'album il y aura donc de la scène ? C'est important ?
Oui, c'est super important mais je découvre un peu. Je n'avais pas fait grand-chose comme scène avant et j'avais assez peur. Moi j'étais bien tranquille en studio à mettre mes multi-couches, mes choeurs et tous mes trucs, mais je ne savais pas ce que ça allait donner, la voix à poil. Et en fait c'est carrément jouissif. C'est vraiment l'essence du morceau, chanté avec toute l'émotion, le truc de l'instant, le public répond tout de suite... Il y a vraiment un côté incroyable, qui peut dépasser tout le reste.
Plus d'infos sur Mai Lan sur son Facebook officiel.
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie de Mai Lan sur Pure Charts !

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