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mardi 05 octobre 2010 0:00

AaRON en interview

Si Simon Buret préfère exprimer sa poésie avec la voix, Olivier Coursier s'installera volontiers au piano ou prendra sa guitare en main pour donner vie à son esprit. AaRON est plus qu'un simple duo musical : un vrai binôme où chacun est complémentaire à l'autre dans la réalisation d'une œuvre hors du temps. Après "Artificial Animals Riding On Neverland" en 2007, AaRON propose son deuxième opus "Birds In The Storm". Les deux artistes ont bien voulu répondre à nos questions sur cette nouvelle production, pour le moins originale. Rencontre.
"Seeds Of Gold" est le single annonciateur de votre retour. A l’écoute de votre nouvel album "Birds In The Storm", je le perçois comme une transition entre ce que vous avez fait pour le premier opus et ce nouveau disque (Jonathan Hamard, rédacteur).
Simon Buret : Tout à fait. On a construit l’album avec des chansons dont chacune a sa place bien définie. On est minutieux là dessus. On voulait raconter une journée du matin au soir où chaque titre à donc son importance et s’inscrit dans un tout. C’est surtout comme ça qu’il a été construit et qu’il faut le voir. Le single importe peu, en fait, puisque extraire une seule chanson ne permet pas de se rendre compte de l'œuvre.

Il parait trois ans après le premier album "Articial Animals Riding On Neverland". Ce sont trois années de travail pour la conception du deuxième opus ?
Simon : On a été sur la route jusqu’en juillet 2009. Après, j’avais besoin de fermer un chapitre pour avancer. On s’y est donc remis en septembre pour faire de la musique petit à petit. On a fait des essais assez infructueux mais j’ai senti en septembre qu’on était prêt pour refaire de la musique sans vraiment dire qu’on allait faire un deuxième album.

Si l’on poursuit ce calendrier, on dit septembre 2009 pour les débuts de la composition de "Birds In The Storm". Combien de temps vous a t-il fallu pour en accoucher complètement ?
Simon : On aime bien tendre l’arc et se frustrer un peu avec Olivier. Ca a été rapide. A l’instinct, on peut tout jeter comme ça sur la bande et voir après ce que ça donne. On n'a pas une école de musique : on ne cherche pas à donner un résultat précis. On commence un morceau sans savoir où ça va nous mener. La première chose qu’on se demande avant de commencer, c’est de savoir si on a des choses à raconter. A partir de là, on n’a pas de réel cahier des charges, on est libre et on peut essayer de nouvelles choses sur les machines.

C’est de cette liberté qu’avait déjà émergé le premier album ?
Simon : C’est vrai que je suis déjà parti aux Etats-Unis pendant ces trois ans. J’ai demandé à Olivier de me rejoindre. J’étais là-bas parce que j’étais persuadé qu’on devait recommencer à travailler dans une bulle. Et puis en revenant à Paris, Olivier m’a convaincu qu’on pouvait recréer notre bulle ici. C’est comme ça qu’on arrive à travailler et qu’on avait déjà été fait le premier disque.

" Notre plus grande peur serait de se sentir enfermés dans un style. "
C’est une tendance à travailler en autarcie. N'avez-vous pas la crainte de ne pas vous renouveler ou de vous étouffer en composant de cette manière ?
Simon : C’est vrai qu’on ne travaille pas avec tel ou tel réalisateur parce qu’il est connu ou non. On n’a pas conscience de savoir ce qu’on doit ou ne doit pas faire. On ne s’est même pas posé la question de savoir si on refaisait la même chose. La maison de disque ne nous a pas mis la pression puisqu’elle nous a dit qu’on était libre de faire ce qu’on voulait et de prendre notre temps. Je ne sais pas si c’est un redite ou non en fait, mais je sais qu’Olivier et moi avons traversé quelque chose d’intense aussi bien en tournée que pour ce nouvel album. On est sur cette même longueur d’onde qui nous permet de travailler vite. En même temps, on n’est pas fermé. On ne s’est pas asséché du tout et si on avait le sentiment du contraire, on le sentirait.
Olivier Coursier : Ce qui est sûr, c’est qu’on sait ce que l’on ne veut pas. Notre plus grande peur serait de se sentir enfermés dans un style.

Ca pourrait sembler paradoxal : ne pas vouloir reproduire la même chose mais pourtant recréer exactement les mêmes conditions de production.
Simon : On se pousse vraiment l’un l’autre dans des expérimentations.
Olivier : On ne se pose pas de limites. On ne cherche pas à faire quelque chose en particulier.
Simon : Quand on est dans le studio d’Olivier, on n’est justement pas dans un studio vitré où on doit faire un nombre de prises et où toute une équipe est là pour nous à attendre qu’on produise quelque chose. On était dans nos textes, dans notre musique, ça en devient presque obsessionnel.
Olivier : On n’a pas cette notion de temps en travaillant comme ça. On est enfermé et on peut travailler à notre rythme et comme on le sent : faire une prise à 11 heures du matin et ne revenir dessus que le soir par exemple.

Vous parlez de nouveaux sons. C’est vrai que "Birds In The Storm" marque une évolution musicale majeure.
Simon : On a été excité d’emprunter certaines directions : d’aller dans l’extrême de l’épuration ou de charger certaines titres. Nos concerts nous ont beaucoup marqués. C’est vrai que l’énergie, parce que c’est à la limite du palpable ce qu’on vit dans la circulaire de tournées, de concerts, nous a beaucoup marqués. Toute cette intensité, ces échanges sur scène nous ont portés. Il faut le temps de le digérer et il faut le temps que ça sorte. Tant mieux si on a évolué.
Olivier : On a grandit et, bien sûr, changé. Même si c’est minime, il y a toujours un petit changement. Tout ce qu’on vit, toutes les petites choses qui nous marquent et qu’on garde avec nous influencent.

D’ailleurs le titre éponyme de ce disque est certainement celui qui démontre le plus cette évolution. Il a presque un côté rock avec l’utilisation de la guitare plutôt que du piano, ce qui est représentatif de l’album.
Simon : Oui. En fait, ce morceau porte une couleur de chacun des autres morceaux de l’album. C’est une symbiose des autres. On l’a vu comme un chemin de montagne : il y a des hauts, des bas, des explosions. C’était pour nous intéressant d’avoir ce titre qui englobe tous les autres avec les chargements, les épurations, les brisures de rythme. C’est un peu l’emblème de cet album.
Olivier : C’est vrai que le piano est moins la colonne vertébrale de l’album comme ce fut le cas sur le premier. C’est venu naturellement. Bizarrement je me sentais plus à l’aise sur une guitare.
Simon : On a apprivoisé d’autres instruments. C’est vrai qu’on bosse de manière assez anarchique sur un morceau et sur la recherche d’un son. Il n’y a pas vraiment de logique. C’est sur la guitare qu’on a trouvé plus facilement ce qu’on cherchait. La chair, ou même pourrait-on dire l’animal, qu’on met autour de cette colonne vertébrale diffère vraiment selon le rendu qu’on voulait donner.

Vous faites de la musique comme un architecte fait une maison.
Simon : Oui, mais on ne fait pas de répétitions.
Olivier : On a du matériel et on essaie. On est comme dans un laboratoire.
Simon : Les machines qu’on a, on les connait. Une fois que tout est mis en place, on peut se lancer et partir dans ce qu’on a envie. C’est assez jouissif en fait.

Vous parliez d’animal, et j’ai envie d’évoquer la pochette de "Birds In the Storm". Comme pour "Artificals Animal Riding On Neverland", c’est une sorte de tableau avec cette fois-ci un cheval qui traverse le feu.
Simon : On prend le temps qu’il faut pour choisir la pochette car l’image est aussi importante que la musique : elle englobe le contenu. En ce qui concerne la pochette, on voulait une espèce de réalité onirique, une poésie du quotidien. Un jour, je suis tombé sur un reportage au sujet d’un festival dans un petit village où ils construisent un feu par-dessus lequel ils font passer leurs animaux pour les protéger du mauvais œil et des maladies toute l’année. Et j’ai trouvé intéressante cette idée de chevaucher son animal pour ne faire plus qu’un avec et de passer à travers le feu. Ce feu qui d’ailleurs est porteur de plein de métaphores. J'en ai donc parlé à Olivier et on a commencé à chercher des éléments allant dans ce sens. Et puis, on est tombé sur cette photo. Ca correspondait tellement à ce qu’on cherchait. On a donc contacté le photographe parce qu’elle existait déjà, ce n’est pas un montage. On a trouvé ce qu’on voulait et on l’a intégrée. Cette poésie du quotidien, c’est quelque chose qu’on a tendance à zapper alors que c’est tellement important. C’est vrai qu’il y a nombre de choses qui nous entourent et qui, si elles sont prises sous un angle de vue différent, peuvent nous parler. On est très content de cette pochette parce qu’elle nous représente. Elle caractérise symboliquement ce qu’on a vécu avec ce deuxième album. J’en suis fasciné. Tout comme le titre de l’album, c’est très lisible pour moi : cette extrême fragilité avec cette liberté dans la tempête.

Justement pourquoi alors un cheval pour "Birds In The Storm" (NDLR : "Des oiseaux dans la tempête") ?
Simon : Il ne faut pas le prendre au pied de la lettre. Il faut y voir la fragilité de l’homme. Chaque être humain est un oiseau qui est pris dans une tempête. C'est l'image qui ressort de cette photo selon nous.

" Chaque être humain est un oiseau qui est pris dans une tempête. "
Cette idée d’avancer, d’aller de l’avant pour voir ce qu’il y a derrière, le feu par exemple, m’évoque le concept de la quête. Elle est d’ailleurs illustrée dans le clip "Seeds Of Gold" où des hommes avancent sans vraimennt savoir où ils vont.
Simon : La quête est quelque chose de permanent. Qui est-on ? Que sera t’on après ? Ce sont des questions qui m’habitent vraiment. Qu’est ce que c’est que de traverser une vie ?
Olivier : Les choses, tu les fais et tu ne sais pas pourquoi. C’est dix ans après que tu te rends compte, que tu comprends pourquoi tu les as faites de telle manière. Cette idée de la quête, tu as raison, est importante dans notre œuvre.

Visionnez le clip du titre "Seeds Of Gold", premier extrait de "Birds In The Storm" :


Du coup, on avance toujours, mais où ? A la fin du clip "Seeds Of Gold", on ne sait pas où toutes ces personnes vont. Une réponse ?
Simon : Oui, on va où ? On ne sait pas et c’est ça qui est bien ! On ne cherche pas non plus à savoir en même temps.

En tout cas, vous êtes quand même allés vers Zazie puisque vous avez enregistré un titre avec elle pour son dernier album : "La place du vide".
Simon : On est tout d’abord surpris de l’effet produit dans les médias. Elle nous a appelés en nous proposant de bosser sur son prochain album. On a accepté tout de suite.
Olivier : En fait, elle nous a suivis dès le début. Elle était là dès le premier concert qu’on a donné sur Paris. Elle nous a laissés carte blanche. C’est une très bonne expérience.

Justement, le titre est beaucoup plus proche de votre univers musical que du sien.
Simon : Oui c’est un vrai cadeau qu’elle nous a fait là. Ca l’intéressait de bosser avec nous. On trouvait que les deux voix pouvaient se mélanger et qu’on avait des choses à raconter ensemble. C’est bien, parce que c’est assez rare d’avoir carte blanche sur l’album de quelqu’un d’autre. Elle a été très disponible. C’est quelqu’un de très bien.

Enfin, votre actualité c’est aussi une tournée assez importante qui va très bientôt débuter. Comment-appréhendez-vous les nouveaux concerts ?
Olivier : On est entre la peur et l’excitation. On vient de terminer les répétitions. On est assez content du résultat. Il y aura beaucoup plus de place pour les improvisations.
Simon : On a la liberté de la setlist aussi parce qu’on peut jongler avec les deux albums. On peut aussi donner une nouvelle vie aux anciens morceaux : non pas les changer mais les arranger. Et puis c’est aussi un travail sur la lumière car c’est un vrai mariage sur scène que l’on souhaite réaliser. On porte aussi beaucoup d’intérêt à ces aspects là.

Bon courage pour cette nouvelle aventure alors !
Simon & Olivier : Merci, on espère que ce sera bien.

Pour suivre AaRON, rendez-vous sur leur site internet officiel ou sur leur MySpace.
Ecoutez et/ou téléchargez l'album "Birds In The Storm" en cliquant sur ce lien.
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