jeudi 20 mars 2008 0:00

Isabelle Boulay en interview

Suite à la parution de son nouvel album, "Nos lendemains", la chanteuse québécoise envahira dès ce soir la salle de l'Olympia pour trois concerts parisiens exceptionnels. Interview.
Bonjour Isabelle, après trois ans et demi d’absence, depuis votre dernier album (ndlr : si l'on exclu son album country sorti au printemps et seulement en import en France), vous revenez avec un nouvel album qui s’appelle « Nos lendemain ». On a l’impression que c’est une nouvelle Isabelle Boulay qui revient (Joëlle Martinez, rédactrice) ?
Isabelle Boulay : Je ne sais pas si c’est une nouvelle Isabelle Boulay. C’est juste une Isabelle que l’on arrive à mieux connaître, un peu plus dévoilée.

Dominique Blanc-Francard a réalisé l’album, il paraît que l’idée est née après une session acoustique lors d’un concert ?
En fait, j’ai voulu travailler avec Dominique Blanc-Francard depuis beaucoup plus longtemps. Cela fait une quinzaine d’années que je voulais travailler avec lui. J’écoutais beaucoup les disques entre autres de Stefan Eicher, « Carcassonne » et « Engelberg ». Je trouvais qu’il réussissait à créer autour de l’artiste pour lequel il produisait le disque, une ressemblance entre l’univers musical et l’artiste lui-même. Je trouvais que c’était quelqu’un qui avait une sensibilité assez importante et qui faisait ressortir au travers de la musique, le coeur de l’artiste pour lequel il faisait le travail et quand j’ai enregistré le spectacle « Du temps pour toi », c’est lui qui est venu faire la prise de son. A un moment donné du spectacle, je fais quelques chansons en acoustique avec mes six musiciens ; on est tous au devant de la scène, et donc lui ce qu’il avait préféré du spectacle, c’était ce moment là. Alors il m’avait dit si tu as envie de faire un disque, dans cet esprit là, un peu plus épuré, un peu plus acoustique, un disque moins produit, j’aurais bien envie de travailler avec toi. Et comme moi le souhait que j’avais c’était aussi de faire un disque un peu dans cet esprit là, je voulais faire un disque qui soit aussi proche des gens que lorsque les gens viennent assister à un concert. Donc on est parti ensemble et puis on a développé le disque le lendemain.

Alors il a réalisé toutes les chansons, tous les titres de l’album sauf un qui est actuellement le single promo. Pourquoi n’a-t-il pas réalisé celui-là ?
Dominique Blanc-Francard, c’est quelqu’un d’entier. Lui était moins à l’aise avec la réalisation de « Ton histoire » parce que c’est une chanson qui était très fédératrice, très pop et comme lui fait moins dans la variété populaire, il a demandé à Jacques Veneruzo s’il avait envie de réaliser ce titre. Jacques a l’habitude aussi de réaliser les chansons de Dominique. Il y a une autre chanson de Veneruzo sur mon disque que Dominique a réalisé qui s’appelle « Je ne t’en veux pas » mais pour « Ton histoire », il préférait passer la main à Jacques Veneruzo.

Il paraît que pour cet album, la plupart des chansons n’ont nécessité que très peu de prises. Est-ce que c’était justement une envie de montrer le côté le plus pur, le plus primaire, ou pas trop travaillé en fait... ?
On avait beaucoup travaillé la pré-production de cet album là. J’avais enregistré des maquettes. On a eu une pré-production qui a été assez élaborée, assez longue, qui m’a permis de faire connaissance avec mes chansons. Quand on est arrivé en studio avec Dominique et tous les musiciens, on a voulu jouer les chansons en live comme si on était sur scène pour avoir justement la magie de l’instant présent, la magie de l’instinct aussi. On a joué de façon très instinctive, tout le monde ensemble. On cherchait la vérité des chansons, on cherchait l’émotion pure. On n’était pas dans un désir de perfection, de grand esthétisme ou de grand lyrisme musical. On voulait surtout servir les chansons et partir de la matière première c’est à dire la musique et les mots, et puis juste jouer ce qu’il fallait pour arriver à faire vivre les chansons dans leur essence propre.

Alors sur votre nouvel album, il y a des collaborations très pointues et exceptionnelles : Julien Clerc, Benjamin Biolay, Maxime le Forestier... Comment cela s’est-il passé ? Est-ce que c’est vous qui avez eu envie de travailler avec eux ou est-ce que ce sont eux qui spontanément vous ont offerts un texte, une mélodie ?
Ça se passe un peu dans les deux sens la collaboration avec les auteurs, avec les compositeurs. Ce sont pour la plupart des gens de qui j’ai déjà été le public ou quelqu’un pour qui j’ai beaucoup de respect, d’admiration. Quand je pense à Benjamin, à Julien Clerc, à Jean-Loup Dabadie, à Jean-Louis Murat, ce sont tous des gens de qui je suis le public et il y a évidemment une histoire de rencontre avec chacune de ces personnes. Mais c’est vrai que la particularité et là où je me sens très privilégiée, c’est qu’eux-mêmes sont souvent des interprètes. En plus d’être des auteurs et des compositeurs, ils auraient pu aussi vouloir garder ces chansons là pour eux ; et moi je me sens très choyée de pouvoir recevoir des chansons aussi belles, de sentir aussi que ces chansons là étaient façonnées pour moi, pour mon univers, pour ce disque là. Et donc il y a des collaborations, je pense entre autres à Julien Clerc. Julien savait depuis longtemps que j’avais envie qu’il compose un jour des chansons pour moi. Ca s'est fait petit à petit et au fil du temps, au fil des rencontres. Il est déjà venu chanter avec moi sur scène et il a probablement apprivoisé petit à petit mon univers jusqu’au moment où il a eu envie de rentrer dedans. Je me souviens que la première chanson que j’ai reçue, c’est une chanson qu’il avait faite avec Jean-Loup Dabadie, qui pour moi est un des plus grands auteurs de la chanson française. Il m’avait envoyé une petite cassette, et là il me parle pendant presque deux minutes avant de commencer la chanson ; il m’explique comment ils ont fait la chanson. C’est précieux pour moi, j’ai gardé ça dans mes archives parce que il a fabriqué la chanson à la manière d’il y a 30 ou 40 ans ; c’est quelque chose de beau pour moi et d’inestimable. L’autre chanson, celle qu’il a faite avec Maxime le Forestier. On était en studio parce que lui et moi on avait fait la maquette de « Reviens, reviens » la chanson de Jean-Loup Dabadie. Et il s’est mis à jouer autre chose pendant que le technicien faisait le mixage. Il m’a dit, tu sais je crois que j’en ai une autre de chanson pour toi. Mais il faudrait que je me fasse aider de quelqu’un. Il dit je vais appeler Maxime le Forestier. C’est comme ça que ça s’est passé pour les deux chansons de Julien ; en ce qui concerne la chanson de Benjamin Biolay, il était dans le studio d’à côté et moi j’étais avec Dominique Blanc-Francard. Le studio de Bénédicte Schmitt est juste à côté, et un soir Benjamin vient voir Dominique et il lui dit «j’aurais une chanson à proposer à Isabelle. Est-ce que tu crois que ça l’intéresse ?», et ça me faisait drôle parce que c’était la première fois qu’il intervenait comme auteur-compositeur à mon égard parce qu’il a co-réalisé mes deux albums précédents « Tout en jour » et « Mieux qu’ici bas « . C’était particulier pour moi de recevoir une chanson de lui. Ça apportait quelque chose de plus et dès que j’ai entendu la chanson, j’avais la conviction qu’elle était faite pour aller sur l’album qu’on était en train de faire. Cette chanson s’appelle «Ne me dis pas qu’il faut sourire ». La collaboration avec Jean-Louis Murat, évidemment. Jean-Louis Murat étant l’homme mystérieux qu’il est. Je ne l’ai pas encore rencontré en personne. Mais j’avais rencontré son oeuvre. C’est quelqu’un pour qui j’ai vraiment beaucoup d’admiration. Et je suis assez sensible à ses chansons. Donc un jour on parlait avec Alain Artaud, qui est le directeur de ma maison de disque, et il m’a dit «tiens je ne savais pas que tu aimais beaucoup Jean-Louis Murat». Je lui ai dit «oui je l’adore, même». «Je le connais un peu, si tu veux je peux lui demander si tu veux qu’il t’écrive une chanson pour ton prochain album» poursuit-il. Je reçois donc la chanson et je suis étonnée de voir qu’il m’avait écrit une chanson de cow-boy. Il m’a écrit une chanson country alors que lui c’est un français. Puis j’ai appris un peu plus tard qu’il vivait dans la campagne, en Auvergne. Il y a quelque chose de très terrien chez lui que j’aime beaucoup.

Et Jacques Veneruso ?
Ca c’est une autre nouvelle collaboration. Je trouve que c’est un homme d’une grande humilité. Quelqu’un de simple, qui a beaucoup de rectitude. On ne se connaît pas beaucoup mais c’est vraiment quelqu’un que j’ai envie de connaître encore plus. Et puis sinon il y a toutes les collaborations comme avec Alain Lanty qui est un pianiste très connu, qui joue beaucoup avec Renaud entre autres. Il m’a composé deux chansons pour ce disque là. C’est lui qui m’a proposé une chanson qui s’appelle «L’amour d’un homme », et puis un peu plus tard avec Didier Golemanas, qui est un de mes auteurs fétiches avec qui je travaille depuis des années, est apparue la chanson « Où est ma vie ».

Il y a une chanson qui a été adaptée en français de Ron Sexsmith. Je pense que c’est la première fois que vous prenez la plume alors qu’on vous le demandait depuis un certain temps non ? C’est parce que vous vous êtes enfin sentie prête sur ce titre ?
Non, en fait, c’est que la chanson « Nos lendemain », c’est une adaptation d’une chanson de Ron Sexsmith qui est un auteur-compositeur canadien anglophone que j’adore. J’aime sa voix, elle me berce dans mes propres tournées. Quand je suis en voyage, je mets la voix de Ron Sexsmith dans mes oreilles et là je me relaxe. Il y avait une chanson sur son album « Retriever » qui s’appelle «Tomorrow in her eyes ». Et j’aimais particulièrement cette chanson là, parce que c’était une déclaration d’amour. Il disait entre autre dans la chanson, «I don’t need a crystal ball, At all because I’ve see tomorrow, In her eyes». Ce qui veut dire «Je n’ai pas besoin de prophétie ou de lire dans une boule de cristal parce que je n’ai pas besoin qu’on me dise de quoi va être fait l’avenir parce que mes lendemains, je les ai vus dans tes yeux». Alors un jour je fais appel à Guillaume Vigneault, qui est un auteur de roman québécois de mon âge, de ma génération, quelqu’un dont j’aime beaucoup le romantisme contemporain. Il a écrit deux magnifiques livres qui s’appellent « Chercher le vent » et « Carnet de naufrage ». Comme je me sentais assez proche de son écriture romancière, je me suis dit pourquoi ne pas lui demander s’il n’a pas envie d’écrire des chansons pour moi. On se met à parler de toute sorte de chose, et puis à un moment donné, je lui fais entendre la chanson de Ron Sexsmith et je lui dis «tu imagines, il n’y a pas une plus belle déclaration d’amour que ça». Je lui dis «c’est dommage que des chansons aussi belles, n’existe pas en français, qu’on ne puisse pas dire en français exactement la même chose». Il repart avec le disque et quelques jours plus tard, il vient me rendre visite ; il avait déjà commencé à travailler, il avait déjà fait les deux tiers de la chanson. Et on l’a terminé ensemble. Même si c’est une chose que je soupçonnais, j’ai vu que l’écriture c’est un métier en soi. Ca demande énormément de patience, de discipline, d’obstination, et au terme des quatre ou cinq heures qu’on a passé ensemble, j’étais lessivée. On a vraiment fait la chanson ensemble, on l’a terminée ensemble. J’y ai pris part, et je me rends compte que l’écriture ça demande beaucoup de temps, un temps dont je n’ai jamais encore disposé. Ça demande beaucoup de solitude aussi. Et moi j’ai déjà à vivre la solitude qui est inhérente à mon métier de chanteuse itinérante. Je pense que quelque part, ça demande une grande disponibilité, ça demande une lenteur de vivre que je n’ai pas encore eu l’occasion d’atteindre. Je ne sais même pas si je me mettrais à écrire des chansons parce que c’est un art littéraire qui est assez complexe. Comme moi j’ai plutôt tendance à me répandre, dans le sens ou j’explique beaucoup, je parle beaucoup ; j’aurai de la difficulté à faire entrer quelque chose que j’ai envie de dire dans un aussi petit format. Le plus grand luxe de ma vie est de recevoir des chansons des plus grands auteurs-compositeurs de la francophonie.

Dans l’album, on vous découvre sur des titres, vous le disiez tout à l’heure, un peu country, un peu folk, c’est un style qu’on ne vous connaissait pas. C’est quelque chose que vous aimez vraiment ?
Non seulement j’aime la musique country mais j’ai grandi dedans. J’ai été influencée par la grande chanson française, et québécoise, la chanson populaire, la chanson réaliste. Et si j’avais une trame sonore à mettre sur le film de mon enfance, ce serait la musique country parce que j’ai grandi en Gaspésie. La Gaspésie étant située assez proche des Amériques, il y avait plusieurs chanteurs de notre région, et des chanteuses qui faisaient des adaptations francophones de grands succès américains. Il y a une chanson entre autre que j’affectionne particulièrement. Quand j’étais petite, ma tante Adrienne qui était l’une des soeurs de mon père, vivait dans la même maison que nous. Tous les après-midis, elle venait me chercher pour que je fasse la sieste chez elle ; et elle me couchait dans un grand landau avec des coussins et elle écoutait de la musique western, country western. Il y avait une chanson de Renée Martelle qui est une artiste québécoise, c’est la plus grande chanteuse populaire de country au Québec; elle avait fait une reprise d’une chanson qui s’appelait « I’ve got a never handing love for you », et chez nous ça s’appelait « J’ai un amour qui ne veut pas mourir ». C’est la chanson que j’ai le plus entendue pendant toute mon enfance parce que ma tante faisait jouer cette chanson là, sans cesse, tous les jours de sa vie parce qu’elle avait un amour qui ne voulait pas mourir. C’est vrai que cette musique là pour moi, c’est la musique du coeur, c’est la musique de la dignité humaine ; c’est vraiment une musique qui est vraiment chère à mon coeur et pour laquelle j’ai énormément d’affection. C’’est une musique qui est très naturelle pour moi à chanter. D’ailleurs, j’ai apprécié que Dominique Blanc-Francard connaisse aussi bien la chanson country. Quand on a fait le disque ensemble, parmi tous les genres musicaux qu’on a abordé, on est allé puiser dans ce qu’il y avait de plus traditionnel, par exemple dans la musique sud-américaine. Quand on a fait la reprise de « Coucouroucoucou paloma », on avait vraiment ce souci d’aller au plus profond de la musique, dans les racines de la musique, dans le vrai folklore musical.

Avec « N’aimer, que t’aimer » qui est un tango, c’est encore autre chose… C’est un tango avec tout ce que ça comporte de tango en fait, ce côté doux, ce côté un peu plus dur ?
Il faut donner, je pense, le bénéfice de cette chanson là. Elle vient d’abord de la mélodie de Daniel Seff. Daniel avait remarqué que j’avais eu beaucoup de plaisir à faire une chanson qui s’appelle «Le coeur volcan » qui est une chanson d’Etienne Roda-Gil et Julien Clerc. Dans mon concert précédent, il avait déjà composé pour moi une chanson qui s’appelle « Nos rivières » qui était sur l’album « Ici bas » de Daniel Seff. Cette chanson, je dirais, apportait déjà les prémices du tango, et le tango est une musique très enracinée, très terrienne. Daniel me présentait cette mélodie là, un jour, avec le texte de Didier Golemanas et c’est là qu’est née la chanson « N’aimer, que t’aimer ». Cette chanson là, on l’avait faite au piano ; on avait fait un piano voix et puis en studio j’ai voulu qu’on la fasse vivre encore plus fort avec les guitares, avec l’accordéon, qu’elle devienne vraiment une chanson très typée et très sensuelle à la fois. C’était très important pour nous d’aller mettre dans la musique des valeurs de référence aussi, sans que ce soit une caricature ou un cliché. Comme je le disais tout à l’heure, on voulait vraiment ramener la musique dans sa plus pure tradition.

Dominique Blanc-Francard dit des chanteurs que c’est un peu comme des acteurs. Finalement, on leur donne un texte, deux, trois indications et ils doivent arriver à s’approprier la chanson. J’ai regardé le making-of de votre album, et on vous voit un moment parler avec Jacques Veneruso justement, et vous lui dites sur la fin de la chanson «j’ai posé le texte un peu plus tard je pense», vous avez un peu changé. Vous avez l’air un peu gênée et vous lui demandez si ça lui convient. Donc quelque part on vous demande d’être acteur et en même temps, on a l’impression que ce n’est pas si facile de proposer quelque chose ?
Quand tu es interprète, tu t’empares de l’oeuvre d’une autre personne. C’est à toi de la faire vivre et en même temps, comment je pourrais exprimer ça ? J’avance franchement quand je m’approprie une chanson. Je prends ma place mais en même temps, je veille aussi à ce que l’auteur ou le compositeur ne se sente pas non plus dépossédé. Il est clair que la chanson m’appartient, mais j’ai quand même la délicatesse quand je ne suis pas sûr de quelque chose parce que j’ai une tendance dans ma manière de chanter et ça c’est à cause du fait que j’ai beaucoup écouté de la musique country quand j’étais petite, j’ai tendance à poser les mots après le temps. J’arrive après le temps et c’est pour ça que je me suis tourné vers Jacques parce que je n’avais pas la certitude. Mais quand j’ai la certitude, je suis indélogeable c’est-à-dire que même si quelqu’un essaie de me faire passer à côté de quelque chose, moi je suis comme une rivière, je suis mon cours et j’y vais, je me lance et je sais le chemin que je dois emprunter. Il y a des fois des choses auxquelles je tiens, je ne vais pas aller dans l’autre direction. Je vais vraiment rester sur ma ligne et je n’y vais pas. Des fois, je suis difficile à dompter aussi. Les interprètes ont aussi leurs propres personnalités ; moi j’ai une personnalité de cheval sauvage. Les chevaux sauvages, quand ils sont devant un maître, ils s’inclinent aussi bien qu’un cheval de parade. Mais c’est qu’il y a des gens avec qui tu t’abandonnes, et avec d’autres, tu n’as pas le même élan d’abandon. Mais toutes les personnes avec qui j’ai travaillé sur mon disque « Nos lendemains », ce sont des gens avec je pourrais m’abandonner totalement. C’est pour ça que j’ai voulu que Benjamin joue lui-même le piano sur la chanson parce qu’il a une manière de jouer du piano qui moi me servait dans mon interprétation. Donc je sais à peu près où je vais. C’est sûr que quand le cheval est parti, on ne peut plus arrêter le voyage.

Vous parlez de Benjamin Biolay. Justement, j’ai entendu dire qu’en fait ce n’était pas prévu qu’il joue. Il est venu aux répétitions puis finalement on l’a gardé parce qu’il y a eu comme une sorte d’alchimie et vous vous êtes dit, ça ne peut être que ça finalement. Ça ne peut être que lui ?
Ce que l’on entend sur l’enregistrement final de « Ne me dit pas qu’il faut sourire », c’est la deuxième lecture qu’on a faite de la chanson. Pour rire, comme Benjamin était à côté, j’ai dit «ah tu veux bien m’accompagner pour qu’on la fasse ensemble parce que les musiciens sont partis déjeuner». On était resté en studio comme ça. Et donc il dit «oui pourquoi pas». Il s’installe au piano et moi je me mets à chanter ; on répète une fois, puis une deuxième fois, et ce qui devait être la maquette est devenue la matrice. Puis comme je sais qu’il joue de la trompette d’une façon formidable, j’ai demandé à Dominique Blanc-Francard d’en jouer. Je lui ai dit quand je ne serais pas là, quand je serais retournée au Québec, j’aimerais que tu poses une trompette sur la chanson parce qu’il n’y a que toi pour jouer de cette façon là. Comme il a fait la chanson, je ne pouvais pas avoir quelqu’un de plus vrai et de plus sincère pour le faire.

Est-ce que vous pensez déjà à la tournée ?
Oui, je suis déjà dans la tournée. Mais dès que j’ai fini un projet, je suis déjà dans l’idée d’un autre projet. Je suis, pour mon entourage, parfois difficile à suivre. Mais j’ai une idée assez nette de là où j’ai envie d’aller ; et surtout, quand j’ai terminé un disque, c’est sur scène que j’ai envie d’aller. Dès la fin du disque, je pensais déjà au spectacle. On a commencé le travail de pré-production de la tournée bien avant de poser un orteil sur scène ; j’ai fait appel à Yves Desgagnés, un grand acteur québécois, qui a fait la mise en scène. C’est un spectacle dans lequel il y a un peu plus de théâtralité. Les décors sont de Jean Bart, les éclairages de Michel Beaulieu qui est un grand maître de l’éclairage en théâtre chez nous. Juste pour vous dire Michel Beaulieu quand il va quitter mon spectacle, il part à la Scala de Milan éclairer la prochaine pièce de Robert Lepage. C’est un vrai bonheur pour moi de travailler avec des gens comme ça parce que ils me permettent d’aller encore plus loin, d’aller dans des espaces où je ne suis jamais allée : à l’intérieur de moi-même, le travail de la lumière sur scène, toutes ces choses que je ne maîtrisais pas. J’avais appris un peu ça avec Lewis Furey quand j’ai joué dans Starmania, il y a une dizaine d’années. Mais c’est vrai qu’on a voulu créé un spectacle qui soit au service des chansons et à l’image de ces nouvelles chansons là . C’est un peu comme si on faisait entrer les gens dans une boîte à musique.

Merci Isabelle et bonne route alors !
Merci à vous et à Charts in France !

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Découvrez le clip du nouveau single d'Isabelle Boulay, "Ton histoire" :

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