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Le 20 octobre en librairies, la journaliste Chloé Thibaud proposera « une histoire pop et féministe de la musique » à travers l'ouvrage "Toutes pour la musique". D'Aretha Franklin aux Spice Girls, en passant par Angèle et son fameux tube "Balance ton quoi", Beyoncé, Anne Sylvestre, Madonna et Hildegarde de Bingen, une abbesse allemande née en 1098 décrite comme la « pionnière du féminisme musical », le livre s'intéressée à l'évolution des moeurs et au combat d'icônes féministes de plus en plus entendues dans l'espace public. Plusieurs témoignages personnelles viennent étayer le propos de l'autrice sur la place des femmes dans la société et par extension la scène musicale, notamment celui de Julie Budet, visage et voix du groupe Yelle qu'elle forme avec son compagnon, le producteur GrandMarnier.

"J'étais hyper cataloguée parce que je parlais de sexe"

Propulsée sous les feux de la rampe grâce à MySpace, réseau social des années 2000 qui accélère sa popularité, Yelle attire l'attention dès la sortie de son premier album "Pop Up" grâce à des chansons subversives prônant le désir et le plaisir féminin comme "Je veux te voir" (« dans un film pornographique, en action avec ta b*** ») ou sa reprise du titre "A cause des garçons". Mais le traitement médiatique autour de la chanteuse est superficielle voire rétrograde. « On me parlait super mal ou j'étais hyper cataloguée parce que je parlais de sexe dans mes chansons. Je pense que je n'étais pas assez "armée" pour y répondre à ce moment-là mais qu'aujourd'hui je vivrais ça différemment » se souvient l'interprète de "J'veux un chien", qui évoque son apparition dans l'émission "On n'est pas couché" de Laurent Ruquier en 2007, du temps où Eric Zemmour et Eric Naulleau campaient le rôle de "snipers". « Ils ont un discours hyper paternaliste, ils me coupent la parole » raconte-t-elle dans l'ouvrage, pour décrire le sentiment d'humiliation qu'elle a ressenti.

"Je me sentais hyper mal"

Et son passage sur le plateau de France 2 n'est pas la seule expérience qui lui a causé un souvenir cuisant. Pour promouvoir son tube délirant "Parle à ma main" en duo avec Fatal Bazooka, qui passait à l'époque en boucle sur les ondes, Yelle avait pris part à une émission radio du célèbre animateur Cauet. Sauf qu'en direct, un incident s'est produit. « Sur le plateau, à la fin de l'émission, Cauet est à côté de moi et il tend la joue en me disant genre : "Fais-moi la bise, on a terminé". Je m'approche et, évidemment, au dernier moment, il tourne la tête et m'embrasse sur la bouche » se rappelle-t-elle. Un geste qui serait jugé inacceptable après le mouvement #MeToo, hélas banalisé il y a encore 15 ans. « Sur le coup, j'ai minimisé le truc » atteste la chanteuse, qui avait préféré ne pas faire d'esclandre. « Je me disais que c'était une blague potache vraiment nulle, que c'était pas dramatique, mais en même temps je me sentais hyper mal. Parce qu'on m'avait fait un truc que je n'avais pas envie qu'on me fasse, à une heure de grande écoute, dans une émission très regardée » estime avec le recul celle qui est devenue maman pour la première fois au printemps dernier.