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samedi 15 octobre 2016 15:30

Two Door Cinema Club en interview : "Kurt Cobain et Nirvana sont nos idoles"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Let's groove tonight ! Après trois ans d'absence, Two Door Cinema Club est de retour avec "Gameshow", un troisième album rock'n'roll et funk. Rencontré dans les coulisses de Rock en Seine en août dernier, le chanteur Alex Trimble évoque la genèse difficile du projet, les influences de Prince et David Bowie, le déhanché de Justin Timberlake et sa passion pour Nirvana.
Crédits photo : WEA
Propos recueillis par Yohann Ruelle.

Cela fait trois ans que votre deuxième album, "Beacon", est sorti. Autant dire une éternité dans l'industrie ! Dans quel état d'esprit étiez-vous avant d'attaquer ce nouvel opus, "Gameshow" ?
Ignorer les règles de l'industrie, justement ! On avait besoin de prendre du temps, de s'éloigner un peu. La fin de notre dernière tournée ne s'est pas très bien déroulée, on était épuisés et lessivés. Frustrés aussi. Ce n'est pas si simple de passer autant de temps ensemble, 24 heures sur 24. Ce n'est pas sain. Donc on a pris un peu de recul, jusqu'à ce qu'on se sente prêt. Et au moment de débuter cette nouvelle ère, on était bien dans nos baskets. Des idées plein la tête ! Du coup, l'album a été enregistré très rapidement.

« C'est excitant de briser les règles »
Ces nouveaux morceaux s'imbriquent dans une mouvance très funk. C'était l'effet recherché ?
Ce n'était pas volontaire, non ! Cette pause nous a fait beaucoup de bien parce qu'on est revenu avec une approche totalement différente des deux premiers albums. C'était assez naturel, en fait. Cette vibe seventies, effectivement présente tout au long du disque, est apparue toute seule pendant les sessions d'écriture. On a pas essayé spécifiquement de coller à cette atmosphère, pour être franc. Notre seule envie, c'était de faire des chansons qui mettent de bonne humeur !

Qui sont les artistes de l'âge d'or du disco que vous portez dans votre coeur ?
Ce que je trouve fascinant avec cette période, c'est la diversité des artistes qui l'ont rendue légendaire. C'étaient des artistes uniques en leur genre. De nos jours, la musique pop s'inspire clairement de cette culture riche mais on ne peut pas vraiment dire qu'il y a beaucoup d'individualité... J'avais quelque sorte envie de rendre hommage à Prince, aux Bee Gees, aux Isley Brothers, des musiciens fantastiques qui savaient se démarquer tout en partageant la même essence, à savoir faire danser. Leurs chansons étaient incroyablement divertissantes.

Vous citez également David Bowie comme influence.
C'était un génie ! Quelqu'un à contre-courant des modes, qui ne ressemblait à personne d'autre. Personnellement, je trouve ça très excitant de briser les règles et suivre ton instinct.

Regardez le clip "Bad Decisions" de Two Door Cinema Club :



« Je n'ai pas le déhanché de Justin Timberlake ! »
J'ai une confession à te faire. Quand j'ai écouté pour la première fois le refrain de "Bad Decisions", j'ai eu l'impression d'entendre Justin Timberlake...
Vraiment ? En tout cas je n'ai pas son déhanché ! (Rires)

D'une façon générale, j'ai l'impression que tu as poussé ta voix, cherché à atteindre des notes plus hautes sur l'ensemble de l'album...
Complètement ! J'imagine que j'avais toujours rêvé de le faire... Mais tu sais ce que c'est, c'est toujours flippant de tenter de nouvelles choses. J'ai bossé très dur avec Jacknife Lee, notre producteur, qui est un très bon ami. Pendant l'écriture des morceaux, j'allais souvent le voir pour prendre la température et c'est lui qui m'a poussé à sortir de ma zone de confort, à osciller entre une voix très grave et des notes aiguës. Il a été le premier à me dire : "ça c'est cool, garde cette voix de tête !". Donc c'est resté.

Le premier single est "Are We Ready? (Wreck)", une critique acerbe de la société de consommation. Pourquoi avoir choisi de s'exprimer sur ce sujet en particulier ?
Je trouve ça inquiétant de voir à quel point la publicité envahit notre quotidien et affecte toutes les formes d'arts et de médias. On essaie constamment de nous vendre des choses, que ce soit un film, un produit... ou une chanson. Tu ne peux plus te rendre sur une page internet sans être inondé de pop-up ! Alors qu'au final, ce n'est pas important. Avoir de l'argent, acheter des biens, être matérialiste... Ce n'est pas ça qui rend heureux. Et c'est flippant de voir l'impact de cette hyper-consommation sur la jeune génération, qui débarque dans ce monde-là et suive ce mode de vie parce c'est le seul qu'on lui montre. Donc j'avais envie de souligner, avec ce morceau, qu'une alternative existe.

Et dans son clip aussi !
Tout à fait. Le message est le même, bien qu'on ait rajouté avec une petite touche d'humour et d'effroi ! J'ai adoré jouer les idiots. (Rires)

Regardez le clip "Are We Ready? (Wreck)" de Two Door Cinema Club :



« Dans ce milieu, on se sent vite piégé »
Pourquoi avoir intitulé cet album "Gameshow" ? C'est comme ça que tu vois la vie, comme un jeu télévisé ?
Plutôt notre vie dans le groupe, en fait. (Il choisit ses mots) Ce n'est pas vraiment sain, et c'est ce qu'on essaie d'éviter... Tu sais, parfois tu ressens de la compétition, tu te sens forcé de faire des choses dont tu n'as pas forcément envie, comme un showcase ou une interview à la radio, tu peux vite te sentir piégé. Ce n'est pas si simple à vivre, et tu as l'impression d'être dans un jeu télévisé... Mais du genre, pas marrant si tu vois ce que je veux dire. (Rires) C'est le cycle de vie d'un album qui devient épuisant, car tu es obligé de faire de la promotion et des fois, les journalistes ne veulent pas parler ni du groupe ni de musique mais te posent des questions douteuses, t'obligent à faire des vidéos sans intérêt juste pour faire du buzz. Je ne suis pas très à l'aise avec ça, je préfère faire de la musique plutôt que de la vendre même si ça fait partie du jeu. Mais tout n'est pas mauvais hein, je suis content de faire cette interview avec toi, promis ! (Rires)

Ouf, tu me rassures ! Ce que j'aime chez Two Door Cinema Club, c'est cette façon d'écrire des chansons immédiates et catchy. C'est quoi d'après toi le secret d'une bonne chanson pop ?
Avant tout, il faut avoir une bonne mélodie, une qui reste en tête. C'est très important ! Mais en même temps, il ne faut pas tomber dans la facilité de faire un morceau générique... Il faut conserver son univers, son unicité, sa différence. Et pour cela, il faut expérimenter. Constamment. Beaucoup de tentatives n'aboutiront à rien mais certaines, si ! C'est comme ça que tu crées des bons titres.

Vous avez travaillé avec Madeon sur l'EP "Changing of the Seasons" en 2013. Avec quel autre artiste rêverais-tu de travailler ?
J'aurais adoré bosser avec Nirvana. C'était mon groupe préféré, j'étais vraiment à fond dedans quand j'étais ado. Kurt Cobain est mon idole ! Mais bon, c'est un peu tard. (Rires) Je dirais le groupe Devo sinon, ils sont complètement fous, si créatifs. Ce serait dément.

Dernier question : pourquoi la dernière chanson de l'album s'appelle "Je Viens De La", en français ?
Oh, c'est une référence à un chef d'oeuvre du cinéma français, "La Jetée" de Chris Marker. C'est un film de science-fiction des années 60, très étrange, dans lequel le héros remonte le temps. Il rencontre une fille, très belle, et tente de lui expliquer d'où il vient. Alors il pointe l'horizon du doigt et dit : "Je viens de là". C'est une scène géniale ! ■
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