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Le virage pop amorcé avec l'album "Prendre l'air" (2010), puis confirmé deux ans plus tard avec "Caméléon", prend des allures de pétard mouillé sur "Solitaire". Shy'm est moins convaincante avec son nouvel opus - le cinquième -, pourtant annoncé en grande pompe par le single midtempo "La malice", un appel à la liberté, fédérateur, au refrain accrocheur. Malheureusement, la plupart des autres pistes de l'album sont loin d'être aussi percutantes. Là où "Femme de couleur" ou "Je sais" paraissent encore comme des hits efficaces, "L'effet de serre", "Garçon manqué" et "Inverser les rôles" nous laissent de marbre.
"Cape Town de toi" et "On s'en va" : deux bonnes surprises
Difficile de fredonner lorsque les mélodies ne sont pas entraînantes, ou alors quand elles sont inexistantes. Sur la plupart des couplets, Shy'm ne chante pas mais aligne les mots les uns après les autres avec un phrasé qui manque de relief. Et, pour compenser la pauvreté des textes qui évoquent principalement les aléas de l'amour et le dénie des conventions, la chanteuse ne fait aucun effort de voix. Elle a pourtant déjà démontré ses talents d'interprète à plusieurs reprises par le passé. D'autant plus frustrant pour l'auditeur que Shy'm réussit à nous surprendre avec des notes inattendues comme sur le titre "Cape Town de toi". L'artiste y est à vif et laisse l'émotion prendre le dessus.
De bonnes idées qui n'ont pas abouti
Sur ce nouveau projet, on comprend que son intention a été de se livrer comme jamais. C'est ce qui ressort sur trois autres titres : "Silhouettes", un midtempo eighties dans lequel l'artiste évoque sa passion pour la mode, "On s'en va" et la ballade légèrement macabre, "Comment tu vas". Shy'm a bien grandi et se définit aujourd'hui comme une femme adulte et nomade. Malgré cette apparente maturité, elle apparaît aussi comme une artiste rebelle qui confond l'amour et la haine dans "J'te déteste", un morceau dansant qui pèche par son pré-refrain agressif. Shy'm ne convainc pas non plus dans la peau d'une femme fatale qui joue sur l’ambiguïté des genres avec "Garçon manqué". « Je suis gaga / Gaga / Je suis un garçon manqué » chante l'artiste qui parvient par on ne sait quel miracle à faire rimer « fille et garçon » avec « string et caleçon »...
L'album "Solitaire" ne brille pas non plus par ses productions électro qui manquent de finesse et très ancrées dans les années 80. Il y a de bonnes idées, comme "L'effet de serre", mais elles ne sont malheureusement pas suffisamment développées pour faire décoller les morceaux et trop disparates pour que l'album soit musicalement cohérent. La dernière piste, "Mental d'acier", est représentative de l'ensemble de "Solitaire". On y retrouve de nombreuses influences, mais tout y est amené de manière très maladroite et le résultat semble un peu brouillon.
