Crédits photo : Bestimage
Depuis 20 ans, Damien Saez mène une carrière unique dans le paysage musical français. L'interprète de "Jeune et con" sort des albums souvent doubles ou triples et multiplie les concerts marathons dépassant régulièrement les trois heures. Et malgré de gros problèmes de santé en 2019, l'artiste apparaît aujourd'hui plus prolifique que jamais. Après avoir sorti l'EP "Telegram", contenant cinq chansons inspirées par la guerre en Ukraine, Saez va s'installer ce jeudi soir au Zénith de Paris pour enregistrer un double album inédit. « Ce sera acoustique, assis, en guitare-voix. La plus grosse partie, ce sont des nouvelles chansons. Mais je ne sais pas combien. Cela dépendra des répétitions, qui sont perturbées par mes problèmes à la jambe » précise le musicien au Parisien, lui qui a d'autres idées en tête : « Et puis le 1er juillet 2023, on fera un autre double album dans les Arènes de Nîmes avec un grand orchestre. En 2023, il y aura aussi un nouvel album studio, je pense en mars, disponible en NFT. Ensuite, il y aura une tournée de Zénith en novembre et décembre ».

"Je n'ai pas les moyens de vivre à Paris"

S'il a toujours revendiqué son statut d'artiste indépendant, ce n'est pas une solution très lucrative sur le plan financier, comme il l'avoue. « La musique, aujourd'hui avec le streaming payant, est viable sur six ans. Les ventes de disques ont chuté, si j'en vends 15 000, c'est bien » rappelle Saez, avant de le révéler : « Je suis endetté… ». Celui qui chantait "Manu dans l'cul" raconte au Parisien son quotidien financier compliqué : « Je ne fais que rembourser des dettes depuis quinze ans. Je n'ai pas les moyens de vivre à Paris, mais je n'ai pas baissé pour autant le salaire de l'ingénieur du son et des musiciens avec qui j'ai la chance de travailler. Ce n'est pas une complainte, c'est un fait ».

C'est l'une des raisons pour lesquelles les places pour ce concert spécial au Zénith sont vendues à 116 euros, comprenant aussi ledit double album, un recueil de textes et un abonnement à son site. S'il reconnaît que « c'est cher », le chanteur a ses raisons : « Et vous savez combien coûte la location du Zénith, combien je paye les musiciens d'un grand orchestre ? Jouer aux arènes de Nîmes avec un orchestre, c'est plusieurs centaines de milliers d'euros ! Le Zénith de Paris et la sécu, c'est pas 20 000 euros ! C'est dix fois plus ! Ma vie, c'est en studio et sur scène. C'est du cousu main, de l'artisanat, et ça a un coût ».

"Les artistes ne sont là que pour vendre des téléphones"

Car si Damien Saez est préoccupé par ces questions d'argent, il pointe du doigt l'hypocrisie de ses collègues : « Les artistes qui reversent leurs droits YouTube pour une oeuvre caritative ? Ils donnent 12 euros, c'est terrible ! Pour moi, il n'y a plus d'artiste… 99,9 % ne sont là que pour vendre des téléphones ou des streams ». Ça a le mérite d'être clair ! De plus, Saez explique également que la maladie l'ayant contraint à annuler quelques concerts en décembre 2019, était en fait le Covid « avant qu'il ne se déclare en février partout » : « J'ai eu une fin de tournée catastrophique, parce qu'il a tourné en pneumonie. Deux mois après, j'étais encore essoufflé, avec un peu d'asthme sur les sept-huit mois qui ont suivi. J'ai rechopé le Covid plusieurs fois » détaille celui qui dit ne pas s'être fait vacciner : « Vaccin ou pas, le pouvoir a séparé les gens. Leur manque d'honnêteté et leur entêtement ont fissuré la société. On a volé leurs 18 ans aux jeunes ! ».

Toutefois, l'artiste pense à ses fans et si « des places seules » seront vendues au dernier moment pour ce concert au Zénith de Paris, il leur propose aussi de reverser l'argent servant à acheter son dernier album (15,99 euros) en faveur de l'Ukraine : « Je voulais aider sans être dictatorial. Ce n'est pas Robin des Bois, tout le monde prend sa commission, sauf moi. J'ai fait ce disque en studio, j'ai joué tous les instruments, donc ça va financièrement ». Et pour Saez, les tant critiqués NFT sont « l'avenir de l'Internet » : « Je n'ai pas besoin d'argent pour faire l'oeuvre mais l'oeuvre est à vendre. Et comme pour un tableau, l'acheteur est un de ses possesseurs. Avec le NFT/Blockchain, on peut avoir un lien direct avec les gens mais aussi tracer les informations et donc combattre les fake news ». Un artiste toujours là où on ne l'attend pas.