Crédits photo : Bestimage
Régine nous a quittés... un dimanche matin, comme une amie à qui l'on aurait dit au revoir sur le trottoir d'une ruelle aux premières lueurs du jour, après une fête endiablée. « La reine de la nuit s'en va : fermeture pour cause de longue et grande carrière » indique le communiqué officiel relatant sa disparition, écrit des mains de Pierre Palmade, son grand ami, à la demande de la famille. « Partie avec sa boule à facettes et sa gouaille chaude et rassurante, Régine avait fait danser pendant plus de trente ans dans ses boîtes de nuit les stars du monde entier. (...) Son prénom est devenu l'emblème des nuits folles jusqu'au petit matin » note l'humoriste, qui a pris le temps d'écrire, dans un autre message, quelques mots plus personnels à l'adresse de "sa" Régine, sa « confidente », dont il était devenu très proche à partir des années 2000 malgré leurs 40 ans de différence.

"Tu parlais franc, tu parlais vrai"

« Tu as été la confidente de tant d'artistes et d'anonymes qui venaient raconter ou oublier leur vie dans toutes tes boites de nuit. Tu savais d'un seul coup d'oeil reconnaître les chics types des mauvaises personnes. J'adorais avoir ton avis sur mes amis , tu ne te trompais jamais » se remémore Pierre Palmade sur son compte Instagram, évoquant ses « chansons incroyables, drôles souvent, poignantes aussi » et son carnet d'adresses bien rempli : « Tu tutoyais Sagan et Marlene Dietrich, tu m'as présenté Bruce Willis et Liza Minelli pour me faire plaisir… Tu connaissais tout le monde. Tu parlais franc, tu parlais vrai, avec un humour irrésistible quand il s'agissait de tailler des costards ! ». Mais derrière cette personnalité exubérante se cachait surtout une femme de coeur. « J'étais dans tes petits papiers et j'en suis fier, tu me prenais comme j'étais sans me juger. Et ça, ça va me manquer, quelqu'un qui m'aime sans me juger. (...) Je t'aime pour toute la vie Régine » conclut l'acteur, très ému par cette disparition. Line Renaud, qui a elle aussi côtoyé les plus grands, a également fait part de sa tristesse après la nouvelle : « Régine est partie. Nos chemins se sont croisés mille fois. La Nuit est orpheline, elle a perdu sa Reine. J'adresse toutes mes condoléances à sa famille et à ses proches ».

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par Pierre Palmade (@ppalmade)

"Elle avait mille histoires à raconter"

En 2009, Régine avait publié l'album "Régine's Duets" dans lequel elle revisitait ses chansons les plus emblématiques, des "P'tits Papiers" à "Je survivrai", avec une foule d'invités prestigieux dont Fanny Ardant, Boy George, Paolo Conte ou la regrettée Maurane. C'est ce souvenir précis qui a marqué La Grande Sophie. « Elle était arrivée en studio et avait sorti son petit sac en plastique où se trouvait son maquillage. Très en forme, elle avait placé sa voix assez rapidement devant le micro qui ne l'impressionnait pas. J'avais l'impression que rien ne l'impressionnait. Les caméras sont arrivées pour le reportage, elle avait mille histoires à raconter. Rien ne l'arrêtait » se rappelle comme si c'était hier la musicienne, qui l'accompagnait alors sur "Les lumières de Belleville", un titre qu'elle avait chanté mais jamais enregistré jusqu'ici. « J'étais heureuse de la rencontrer, un sacré tempérament qui avait vu défiler le tout-Paris dans son lieu à elle. Avant de chanter, elle a pris quelques gorgées d'une potion magique qu'elle me fit sentir. "Ça renforce l'immunité, ça me maintient en forme" a-t-elle ajouté ». Le nom de ce breuvage ? Du Ribes Nigrum, des gouttes de... cassis : « Merci Régine pour ce moment à part dont je me souviendrai ».

A LIRE - Régine en interview : "J'ai été copiée dans le monde entier"

Sur le même disque, le groupe Les Wampas avait eu l'honneur d'interpréter avec Régine l'un de ses titres les plus emblématiques, "La Grande Zoa". « On s'est rencontrés à ce moment-là. Mais j'aimais déjà son côté décalé, sa façon de ne pas se prendre au sérieux » confie Didier Wampas au Parisien, qui dit avoir découvert en studio « quelqu'un de très simple, de gentil, de naturel ». « C'était drôle parce qu'après l'enregistrement, l'ingénieur du son trouvait que nous avions la même voix ! Moi qui pensais chanter comme Joe Strummer... » glisse-t-il dans un demi-sourire. Le rockeur avait recroisé la route de la diva trois ans plus tard à l'occasion d'un concert organisé par le collectif les Producteurs de Porcs. Et Régine étant Régine... « Rien que pour l'occasion, elle s'était fait faire une grosse crête blonde chez le coiffeur. Elle était bien plus punk que pas mal de groupes qui s'en réclament aujourd'hui ! ». Un personnage qui laissera un grand vide dans le coeur de ceux qui l'ont connue.