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« Je ne fais pas partie de ceux qui regrettent l'arrivée du vidéoclip, qui disent qu'ils se souviennent du temps béni où on posait soi-même ses propres images sur la musique. Je veux qu'on m'en donne toujours plus, je veux pouvoir m'émerveiller de l'univers d'un artiste, du clip qu'il a choisi pour diffuser sa chanson sur le web ou ailleurs ». Catapulté en 2013 sous le feu des projecteurs grâce au combo gagnant "Get Lucky"-"Blurred Lines"-"Happy", Pharrell Williams a toujours été un enfant de la métamorphose, anticipant les mouvances d'une industrie en recherche perpétuelle de fraîcheur. Producteur star des années 2000, le natif de Californie n'est pas que l'instigateur du succès de Kelis, Gwen Stefani, Britney Spears ou autres Robin Thicke. Il a aussi contribué à la fusion entre la musique et l'image, deux entités que ce génie créatif a toujours vu comme indissociables.

En couverture du numéro des Inrockuptibles de cette semaine aux côtés du Frenchy Woodkid, Pharrell Williams a profité des discussions nourries sur l'art de l'image suscitées par cette rencontre pour dresser la liste des vidéoclips ayant frappé son imaginaire. Une sélection éclectique qui en dit long !

Chris Isaak | "Wicked Game"

Composé en 1989, "Wicked Game" est le titre phare de l'album "Heart Shaped World" de Chris Isaak, et probablement la chanson la plus emblématique du crooner américain. C'est surtout grâce à son clip brûlant de sensualité, shooté par Herb Ritts à Hawaii et diffusé en boucle sur les chaînes MTV et VH1, que cette ballade langoureuse est entrée dans la mémoire collective... et celle de Pharrell, qui résume ainsi : « C'était en noir et blanc, on voyait Chris Isaak et Helena Christensen s'ébattre sur une plage dans une très belle lumière. Helena Christensen était absolument magnifique, elle était... Wowow... (rires) ».

A Tribe Called Quest | "Bonita Applebum"

S'il excelle aujourd'hui dans un style urbain enrobé d'une dose de funk, Pharrell baigne dans l'univers hip-hop depuis ses premiers pas avec The Neptunes, duo qu'il a formé en 1990 avec Chad Hugo. Quoi de plus normal pour le premier artiste à avoir proposé un clip de 24 heures que d'avoir été influencé par un genre qui a su, dès ses prémices, créer une identité visuelle et ses propres codes ? « Beaucoup de clips m'ont marqué, de rap évidemment : celui de "Bonita Applebum" d'A Tribe Called Quest semble se dérouler totalement au ralenti », confie Pharrell.

De La Soul | "Ring Ring Ring"

Autre clip, autre groupe lorgnant vers le jazz rap ! On aurait bien vu le génial "All Good" au panthéon du hit-maker, connaissant l'amour inconditionnel que le bonhomme porte aux voix féminines - ici Chaka Khan en l’occurrence. Pharrell lui préfère pourtant le non moins culte "Ring Ring Ring", dont la vidéo met encore à l'honneur une fois le noir et blanc, « avec tous ces objets qui volent et traversent l'écran ». « Il y a même de l'eau qui tourne sur elle-même, si je me souviens bien » lâche le musicien. Pour un homme qui a baptisé son premier groupe du nom du dieu romain des Mers et des Océans, on comprend mieux cette fascination !

Aphex Twin | "Rubber Johnny"

Quelle est donc cette créature étrange que l'on peut apercevoir dans le clip "Rubber Johnny" d'Aphex Twin ? C'est la question qu'a voulu coller sur toutes les lèvres Chris Cunningham, le réalisateur fétiche de l'artiste de musique électronique britannique. Habitué à faire frissonner les spectateurs - la vidéo de "Come To Daddy" nous donne encore des sueurs froides -, le metteur en scène a imaginé pour ce morceau psychédélique une esthétique glauque à souhait. « Cette vidéo est complètement flippante, mais tellement géniale avec sa vieille lumière verte », estime Pharrell, dont l'utilité du chapeau nous apparaît tout d'un coup beaucoup plus clair, quand ses cheveux de dresse sur sa tête !

Bjork | "It's Oh So Quiet"

La diva islandaise Björk n'a pas son pareil pour coucher ses idées visionnaires (L'amour robotique de "All Is Full Of Love") sur support visuel. En 1994, elle décide de reprendre - avec brio - le "It's Oh So Quiet" de Betty Hutton, écrit par Hans Lang et Bert Reisfeld en 1948. Bien lui en a pris : la chanson est devenue son plus grand hit (Top 4 UK, 400.000 singles écoulés) et doit son rayonnement internationale à son clip signé du cinéaste Spike Jonze. Largement inspiré des comédies musicales, baignant de couleurs et de joie de vivre, "It's Oh So Quiet" a remporté un MTV Video Music Award en 1996. C'est en visionnant ce clip que Lars von Trier a eu l'idée de proposer à Björk le rôle principal de son film "Dancer in the Dark", Palme d'or du Festival de Cannes en 2000.

Bonus : le générique de "Deux flics à Miami"

Ici, Pharrell fait court : « J'adore les flamants roses ». Tout est dit !