Crédits photo : Capture d'écran France 2 / Bestimage
Un dernier au revoir. L'émotion était vive vendredi à Paris lors des obsèques de Jean Rochefort, décédé le 9 octobre dernier à l'âge de 87 ans. Famille, amis proches et grands noms du cinéma français, de Sandrine Kiberlain à Jean-Paul Belmondo, se sont retrouvés à l'église Saint-Thomas d'Aquin pour rendre un ultime hommage au comédien, dont l'éternel sourire et la bienveillance resteront marqués dans les esprits. Parmi les invités se trouvaient également Mylène Farmer et son compagnon Benoît Di Sabatino. La chanteuse était une intime de l'acteur depuis leur rencontre en 2005. « Depuis ce jour je pense à vous comme on pense à un proche, à un être aimé (...) Vous êtes l'unique et l'irremplaçable » confiait un peu plus tôt dans la semaine l'interprète de "City of Love", bouleversée par la disparition de son ami, dans une lettre émouvante publiée dans Le Point.

"Respirer votre rire est un médicament"

Afin d'honorer la mémoire de celui qu'elle qualifie d'« irrésistible », Mylène Farmer a accepté de lire ces quelques mots dans un hommage rendu à Jean Rochefort pour l'émission "20h30 le dimanche". « Cher Jean, chaque jour, depuis des années, je monte quelques marches et je croise votre regard. Un livre, votre visage sur sa couverture, posé au milieu d'euvres d'art. Vous êtes assurément une oeuvre d’art. Chaque jour, je regarde cette autre photo, sans cadre, posée sur un cadre. De vos pieds, de votre bas de pantalon jaune poussin, de vos chaussettes jaunes, rouges et noires avec des pois et des rayures, des chaussures noires et blanches d’une autre époque. Et c'est aussi une œuvre d'art. Respirer votre rire est un médicament. Se taire et vous écouter un voyage, entendre vos silences, un pèlerinage » susurre d'un timbre grave Mylène Farmer, que l'on sent particulièrement émue derrière chaque virgule, chaque point. Sur ses paroles, des images d'archives retracent le destin de Jean Rochefort, tombé dans l'art de la comédie un peu par hasard, après avoir passé une audition pour rejoindre une compagnie de théâtre sur l'insistance de Jean-Pierre Marielle.

Mylène Farmer se souvient précisément du jour où elle a fait sa connaissance. « Un jour, Charlotte, votre Charlotte, et mon amie aussi, a réalisé un rêve, le mien, celui de vous rencontrer. Depuis ce jour, je pense à vous comme on pense à un proche, à un être aimé. Depuis, nous avons partagé des gâteaux, des éclats de rire, des effondrements, notre peur de la Grande Faucheuse, qui, elle, se moque bien des œuvres d'art » se souvient l'artiste. De leurs moments de complicité, il lui reste des souvenirs précieux, des clichés mais aussi un « trésor » : « J'ai deux lettres de votre main, mon trésor, vos mots que j’adore. Parce que vous êtes amoureux de l’autre, parce que vous êtes amoureux de la sincérité, celle qui n’échappe qu’aux vaniteux. Vous êtes l'irrésistible, vous êtes l'unique et l'irremplaçable ». Avec retenue, Mylène Farmer finit par confesser sa tristesse. « Là, vous me diriez volontiers : "Arrêtez Mylène, vous me faites rougir". Mais voilà, le jour décroît, la nuit augmente, souviens-toi. Vous me manquez déjà. Vous nous manquez, c'est ça ». Magnifique.

Regardez la séance hommage à Jean Rochefort :