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jeudi 14 avril 2022 15:37

"Bye Bye" de Ménélik : invisibilisée, la chanteuse Médina Koné sort du silence

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Il y a 25 ans, Ménélik cartonnait avec son tube "Bye Bye". Voix féminine du morceau, Médina Koné a pourtant été invisibilisée et remplacée par Myas dans le clip et les prestations live. La chanteuse revient aujourd'hui sur l'affaire, qui a débouché sur un procès qu'elle a remporté.
Crédits photo : Capture d'écran YouTube / Yard
« Reste cool bébé, sinon j'te dirai "Bye bye" ». Personne n'a oublié "Bye Bye", le tube de Ménélik. En 1997, le rappeur a cartonné dans la France entière avec ce titre, 5ème des charts et vendu à 750.000 exemplaires, tandis que son clip avec Laurent Boyer ou MC Solaar a tourné en boucle à la télévision. Sauf que ce succès cache une part sombre, que le grand public connaît peu. En effet, la chanteuse Médina Koné, qui interprète le titre culte avec Ménélik, a totalement été invisibilisée. Si c'est bien sa voix qu'on entend dans le morceau, l'artiste a été remplacée, dans le clip et pour les performances live, par une autre chanteuse répondant au nom de Myas. Aujourd'hui, pour le média Yard, après en avoir déjà parlé dans le podcast cd2titres, Médina Koné revient sur cette histoire qui a donné finalement lieu à un procès qu'elle a remporté. Au début, elle participe à un casting et rencontre le rappeur en pleine préparation de son disque. « Il m'explique son projet d'album, qu'il est en train d'enregistrer, qu'il a déjà casté des filles mais que ça n'allait pas parce que les voix étaient peut-être trop graves ou trop chantées. Ce n'était pas ça. Ça ne faisait pas rappeuse en fait, et il avait besoin de me tester pour voir ce que ça donnait » débute-t-elle, indiquant qu'à l'époque « les filles rappaient peu ».

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"Qui était derrière tout ça ? Probablement Ménélik"


La voix de Médina Koné convient parfaitement à Ménélik qui veut donc la choisir pour son titre "Bye Bye" : « Il m'avait enregistré, il m'avait dit "C'est parfait, c'est toi qu'on veut sur le titre". (...) Ils ont gardé finalement l'ensemble de tout ce que j'ai produit à ce moment-là ». Elle enregistre alors le titre en studio avant même de signer un contrat, un procédé « très courant » à l'époque précise-t-elle. Mais quelque temps après sa signature, elle apprend que la plupart de l'équipe artiste part de chez Sony pour constituer « un nouveau label ». Et c'est à ce moment qu'elle commence à tomber des nues : « Un stagiaire m'annonce que (...) le single qui est train de se préparer se fera sans moi ». « Un peu triste », elle n'avait pas compris que sa voix serait tout de même utilisée sur le single. Malgré de nombreuses demandes au personnel du label, elle avoue n'avoir « jamais été reçue » ou « entendue » suite à ses demandes. « Qui était derrière tout ça ? Probablement le seul qui connaissait la vérité, c'était Ménélik. (...) Le seul qui savait qui avait quelle voix, c'était lui » déplore-t-elle aujourd'hui.



"L'artiste avait fermé la porte"


Elle appelle Ménélik qui lui rétorque que « c'est faux », qu'il a choisi une autre artiste, avant de « couper court à la conversation ». Elle se souvient ainsi du jour où elle a entendu "Bye Bye" à la radio, avec donc sa voix : « J'étais dans un magasin, je me suis arrêtée. Première réaction, ça a été de la fierté. (...) J'étais encore dans une situation où je pensais pouvoir encore négocier ». Malgré ses appels incessants, les responsables de la maison de disques ne la croient pas, la prenant même pour sa remplaçante Myas : « La maison de disques a fermé la porté. L'artiste avait fermé la porte ». Pour faire entendre sa vérité, elle constitue un dossier en béton en collectant « chaque coupure de presse » sur la chanson et en enregistrant les émissions de télé : « On a ma voix qui sur le disque, ma voix qui est radio, ma voix qui est partout, sauf les lives. (...) Et, derrière, toute la promotion qui est faite autour de cet artiste qui se présente comme étant moi et qui n'est pas l'interprète de "Bye Bye", et c'était réglé très rapidement ».

Elle intente alors un procès, qu'elle finit par remporter : « Je pense que la maison de disques, ou en tout cas l'artiste, ne s'attendait pas à ce qu'une femme noire de quartier se défende face à un géant multi-mondial international et gagne un procès ». Malgré cela, Médina Koné avoue que certains continuent à ne pas la croire : « J'ai tout eu, que c'était une histoire de fesses, (...) j'ai dû affronter le déterminisme social, tous ces sujets-là et je le fais toujours le menton levé parce que ça n'a rien à voir avec ça. C'est juste une question de force et de personne faible ou qu'on imagine faible parce que noire, parce que de cité ». Si elle souhaite aujourd'hui passer à autre chose, la chanteuse avoue être donc très contente d'avoir gagné le procès puisque désormais, elle touche les droits quand le titre passe en radio, en streaming ou en télé, et pour prouver qu'une femme noire peut faire entendre ses droits.



Aya Nakamura choquée par l'histoire


Si l'interview de Médina Koné a beaucoup fait parler, elle a même suscité la réaction, choquée, d'Aya Nakamura. « J'aurais brûlé le label, c'est une dinguerie » a écrit l'interprète de "Dégaine" dans un tweet depuis supprimé. Ce à quoi Médina Koné a répondu : « Et oui Aya Nakamura, je les ai "brûlé" quasi seule au monde et avec 99% des gens qui disaient que ma vie serait foutue. Je continue à être #bosslady passionnée sans bling bling : animatrice tv, PIONNIÈRE afropreneuse 2.0(e magazine+7 web radio)+1 agence de com+ coach+prof ».

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