Crédits photo : Abaca
La communauté gitane est en deuil. Manitas de Plata, le célèbre guitariste flamenco, n'est plus. De son vrai nom Ricardo Baliaro, le musicien de légende est décédé, entouré des siens, dans la nuit de mercredi à jeudi, à l'âge de 93 ans. C'est sa fille Françoise qui a confirmé la triste nouvelle ce matin, après qu'un blog proche de la communauté gitane, Notre Route, a révélé l'information. L'artiste avait été placé en maison de retraite en août dernier.

Né à Sète en août 1921 dans la roulotte familiale, ce surdoué de la guitare a appris à maitriser son instrument fétiche sous les encouragements de son oncle. Dès 9 ans, et sans savoir lire une note, il commence à se produire dans les bars et terrasses des cafés. Renommé Manitas de Plata ("petites mains d'argent" en espagnol), il se met à fréquenter Cocteau, Brigitte Bardot, Picasso et Dali. Son jeu, extraordinaire et fluide, l'emmèneront jusqu'à New York, où il triomphe notamment sur la scène mythique du Carnegie Hall. En 1963, il publie son tout premier album "Juerga!". Plus de 80 autres suivront durant une flamboyante carrière, où il écoulera plus de 90 millions de disques. Depuis 1967, Manitas de Plata parcourait le monde entier entouré de sa famille et de son fils aîné, Manéro, chanteur de Camargue, avec qui il jouait sur scène.

"C'était une référence pour nous"

Avec sa disparition, c'est tout un pan de la culture gitane qui disparait. « Le grand héros de la guitare des gitans n'est plus là », regrette avec tristesse Kendji Girac. A 18 ans, le jeune chanteur révélé par "The Voice" s'est imposé comme le nouveau porte-drapeau du flamenco avec son premier album éponyme, écoulé à plus de 170.000 exemplaires en une poignée de semaines. Comme les siens, il se dit profondément ému par le décès de Manitas de Plata. « Il imposait le respect par son flamenco. Il avait une façon de jouer incroyable de la guitare, c'était une référence pour nous. Nous l'avons toujours écouté en famille. Mon père, qui est lui aussi guitariste, s'en est beaucoup inspiré. Dès qu'il y avait des fêtes, on mettait la musique de Manitas de Plata à fond. On reprenait ses morceaux à la guitare aussi, on chantait beaucoup là-dessus. On a toujours écouté ses musiques. Pour nous, c'était le roi » confie le chanteur gipsy au Parisien, juste avant de s'envoler à Barcelone pour le tournage de son nouveau clip.

L'interprète de "Andalouse" insiste sur le lien très particulier qui unissait le musicien et son instrument à cordes. « A chaque fois qu'on se promène - c'est ce que je fais maintenant et je pense qu'il le faisait aussi quand il était jeune-, on a toujours une guitare à la main. Si on va manger, on a notre guitare. Même quand on est à table, on joue, juste pour le plaisir. On a ça dans le sang, nous n'avons pas besoin de cours, cela se fait tout seul. Cela me fait beaucoup de peine de ne pas l'avoir vu avant qu'il parte », regrette Kendji. Pour lui, Manitas de Plata était un exemple à suivre pour tous. « J'ai toujours été inspiré par sa musique. La façon dont je joue aujourd'hui, elle vient de lui », explique-t-il en saluant sa mémoire.

Regardez Manitas de Plat interpréter "Por el camino de Ronda" :