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« On ne s'est jamais trop pris au sérieux ». Cette confession, anodine en apparence et livrée par Dan Rothman au cours d'un entretien à paraître bientôt sur Pure Charts, soulève tout le paradoxe entourant le succès foudroyant de London Grammar. Né sur les bancs de la fac de Nottingham, le trio mixte n'a jamais ambitionné d'endosser le rôle, prisé mais casse-gueule, de nouvelle sensation indie. Pourtant, Hannah, Dan et Dot forment bel et bien la révélation britannique la plus fascinante de 2013. Heureux hasard, le groupe caracole cette semaine en tête des ventes de disques en France, après l'utilisation du morceau "Wasting My Young Years" dans les télé-crochets "Nouvelle Star" et "The Voice". Un timing parfait puisque la bande se produisait hier soir sur la scène du Casino de Paris, avec l'objectif de séduire - de vive voix - le public français.

Hannah Reid, divine muse hypnotique

Devant un salle pleine à craquer, la timidité juvénile de London Grammar s'est très vite effacée au profit d'un moment de pure évasion, bercé par la voix cristalline de la chanteuse Hannah Reid. C'est par "Hey Now", l'un des premiers morceaux à avoir fait sensation sur la toile et l'actuel single, que le trio a ouvert une fenêtre sur son univers pop éthéré, où sincérité et mélancolie se frôlent sans se percuter, avec une fluidité parfaite. D'emblée, le constat est frappant : en plus d'être une vocaliste d'exception, Hannah Reid est une grande interprète. Tout passe dans la sobriété. Intimidée par le lieu, la foule, la frêle demoiselle se frotte maladroitement les mains et confie même, avant d'entonner "If You Wait" au piano, qu'elle est « toujours stressée » quand elle interprète ce morceau... Pourtant, les nuances graves et aériennes de sa voix imposent une autorité naturelle, un pouvoir d'attraction auquel il est difficile de ne pas succomber.

Découvrez "Hey Now", le dernier clip de London Grammar :



Ne l'oublions pas trop vite : London Grammar est un trio, et si le charisme magnétique d'Hannah agit comme un pôle gravitationnel, l'apport de Dan et Dot est tout aussi important. Derrière son look d'ado tombé du nid, ce dernier est un véritable touche-à-tout, qui s'est échappé de nombreuses fois de son clavier pour jouer les multi-instrumentistes. Au djembé sur "Flickers", l'apprenti francophone était à son aise, boîtes à rythmes en main, sur "Metal & Dust", avant de s'installer derrière la batterie pour un solo de haute voltige en conclusion. Plus en retrait, Dan n'en a pas moins assuré son rôle d'agent de l'ombre, car si la guitare électrique se fait discrète sur les compositions de la bande, elle apporte cette dimension sensuelle, comme sur l’ébouriffant "Strong" ou "Nightcall" de Kavinsky.

En tout et pour tout, London Grammar a offert une heure de set : un laps de temps court, d'autant plus que le show proposé était hypnotique... Néanmoins, le trio a eu le temps d'interpréter tous les morceaux de l'édition standard de son premier opus, en plus de "Darling Are You Gonna Leave Me". C'était, de toute façon, amplement suffisamment pour affirmer que London Grammar n'en a pas fini de conquérir les coeurs.

Setlist du concert de London Grammar au Casino de Paris :

"Hey Now"
"Darling Are You Gonna Leave Me"
"Interlude"
"Shyer"
"Strong"
"Flickers"
"Sights"
"Stay Awake"
"Nightcall" (reprise de Kavinsky)
"Wasting My Young Years"

Rappel :
If You Wait
Metal & Dust