Crédits photo : Abaca
La montre de Lauryn Hill a moins survécu au temps que son mythique album "The Miseducation of Lauryn Hill". Lauréat de cinq Grammy Awards en 1998, ce disque à l'énorme succès commercial a traversé les générations avec ses tubes neo-soul R&B de légende comme "Doo Wop (That Thing)", "Ex-Factor" ou "To Zion" avec Carlos Santana. Arraché à plus de 20 millions d'exemplaires dans le monde, il demeure à ce jour le seul album studio de Lauryn Hill, dont la carrière musicale en dents de scie a été entachée par de nombreux démêlés judiciaires avec le fisc américain. « Le truc dingue c'est que personne de mon label ne m'a jamais appelé ou demandé comment ils pouvaient m'aider pour que je fasse un nouvel album. Jamais, jamais. J'ai dit jamais ? Jamais ! Avec "The Miseducation", il n'y avait pas de précédent. J'étais, en grande majorité, libre d'explorer, d'expérimenter et d'exprimer. Après "The Miseducation", il y a eu des dizaines d'obstructionnistes tentaculaires, de politique, de plannings réprimants, d'attentes irréalistes et de saboteurs partout » expliquait en janvier l'ex-chanteuse des Fugees pour justifier cette seule et unique parution discographique, regrettant d'avoir été instrumentalisée à la suite de ces débuts en solo retentissants : « Les gens m'ont inclus dans leurs propres récits de leurs succès en ce qui concerne mon album, et si cela contredisait mon expérience, j'étais considérée comme un ennemi ».

Le bon souvenir de ses derniers concerts à Paris

C'est donc ce court répertoire et ses quelques collaborations que Lauryn Hill interprète depuis plus de 20 ans lors de ses concerts. Et au fil du temps, l'artiste américaine est devenue coutumière des retards à répétition. En novembre 2018, son concert événement à Bercy avait viré au fiasco
: l'auteure de "Ready Or Not" était arrivée sur scène avec 2h40 de retard, sous les huées du public, avant que le show de 50 minutes à peine ne soit carrément interrompu en pleine chanson, après seulement neuf titres. « Avec le décalage horaire et les restrictions liées aux couvre-feux, nous avons été confrontés à plusieurs défis pour ces premiers concerts Avec beaucoup de gratitude, je monte sur scène pour interpréter un album qui signifie tellement pour beaucoup. Tous les jours nous repoussons l'inertie du passé pour présenter quelque chose de sincère. Merci d'être venu, de me soutenir et de votre patience et compréhension » avait-elle réagi dans un communiqué, en s'excusant pour ce « démarrage tardif » presque devenu un rituel à chacune de ses tournées.

Ecoutez "Nobody" de Lauryn Hill et Nas :

"I don't need to turn myself into a parody"

Ces incidents, et les critiques qui vont de pair, Lauryn Hill les balaie d'un revers de la main dans sa nouvelle chanson "Nobody", une collaboration avec le rappeur Nas à découvrir sur le nouvel album de ce dernier, "King's Disease II", sur lequel on retrouve notamment Eminem, A Boogie wit da Hoodie et Charlie Wilson. Un petit événement puisque ce titre marque les retrouvailles tant attendues entre Lauryn Hill et Nas 25 ans après "If I Ruled the World (Imagine That)", devenu culte.

Sur "Nobody", la chanteuse déplore qu'on ne lui parle que de ses retards et non du plus important, sa musique. « My awareness like Keanu in The Matrix / I'm savin' souls and y'all complainin' 'bout my lateness » (« Je suis consciente comme Keanu dans Matrix / Je sauve des âmes et vous vous plaigniez tous de mes retards ») lance-t-elle dans le dernier couplet, réaffirmant l'authenticité de sa démarche dans une industrie qu'elle estime corrompue par le succès : « Now let me give it to you balanced and with clarity / I don't need to turn myself into a parody / I don't, I don't do the shit you do for popularity / They clearly didn't understand when I said "I Get Out" apparently » (« Maintenant, laissez-moi vous le dire clairement / Je n'ai pas besoin de devenir une parodie / Je ne fais pas, je ne fais pas la m**** que vous faites pour la popularité / Ils n'ont clairement pas compris quand je disais "Je m'en vais" apparemment »). Le message est passé !