"Born This Way" avait été annoncé par Lady GaGa comme l'album de la décennie. En faisant preuve d'objectivité, il est difficile de donner raison à la chanteuse, ce qui ne doit pas déprécier les qualités de cette pièce aux accents électro rock où la dance des années 90 ponctue des rythmiques up tempo. "Born This Way" est un savant mélange d'inspirations diverses qu'on n'avait encore jamais véritablement unifiées. C'est dans cet aspect que réside l'originalité de cet album, bien loin d'être révolutionnaire.

Des 17 titres, peu ont le profil d'un tube à la "Bad Romance" ou "Poker Face". "Born This Way" et "Judas", déjà exploités en qualités de single, sont bien produits mais ne font pas l'unanimité auprès du public, ni des fans d'ailleurs. Trop décalés pour certains, complètement novateurs pour d'autres : ils divisent. C'était l'un des souhaits de Lady GaGa dans la phase de conception : « Je ne cherche pas à faire l'unanimité » avait-elle déclaré sur le plateau du "Grand Journal" de Canal +.

"Marry The Night" ouvre le bal de ces titres ovni : les synthés plantent le décor d'un univers sombre où la religion s'inscrit comme l'une des thématiques récurrentes. Le problème, c'est que Lady GaGa débarque sur un terrain déjà maintes fois balayé, par Madonna entre autres. On remarque quelques textes quelque peu provocateurs comme "Judas" et "Black Jesus Amen Fashion", mais rien qui n'ai déjà été fait, le sujet ayant été traité sous toutes ses formes. Madonna est d'ailleurs l'une des principales sources d'inspiration de cet album. Le titre éponyme "Born This Way", vaguement ressemblant à la chanson "Express Yourself" (1989), en était la première illustration. Il est vrai que l'écoute de morceaux comme "Marry The Night" et "Black Jesus Amen Fashion" font indéniablement penser à d'anciennes productions de la Ciccone. En revanche, Lady GaGa impose un style bien particulier et bien moins abordable par le grand public que "The Fame" (2008). C'est l'exemple de "Government Hooker" et "Bad Kids" où les riffs électro sont poussés jusqu'à saturation. Autant dire qu'il faut avoir les oreilles bien accrochés pour écouter ces morceaux dans leur intégralité. Pour le coup, c'est le disco qui prendre le relais pour "Bad Kids" sur un refrain taillé pour les pistes de danse.

Les très bonnes surprises viennent des titres "Americano" et "Scheiße". Le premier laisse s'exprimer la voix de Lady GaGa avec emphase. Quelques mots en espagnol où l'électro se marient avec des guitares acoustiques pour un résultat entraînant. Quant à "Scheiße", Lady GaGa s'essaie à l'allemand. Entêtant à l'extrême, ce morceau pourrait tout à fait devenir un prochain single : un phrasé saccadé et des mots balancés sur un fond sonore très massif. Plus épuré, mais tout aussi réussi, "The Edge Of Glory" est sans aucun doute le morceau qui s'adaptera le mieux aux oreilles du grand public. Plus classique, il rassurera ceux qui n'ont pas été convaincus par "Judas" et "Born This Way". Dans le même esprit, on apprécie "Hair" qui n'a rien d'original mais supportant bien l'ensemble. Enfin, "Heavy Metal Lover" et "Electric Chapel" sont les deux titres à écouter pour se faire un avis rapide de cet opus qui, à coup sûr, ne laissera personne indifférent.

Pure Charts était hier soir aux Champs-Elysées pour le lancement de l'album "Born This Way".



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