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Il y avait du monde hier soir à la Maroquinerie, et pour cause : le groupe Juveniles, l'une des dernières trouvailles de la pop made in France, y donnait son premier concert parisien depuis la sortie de son premier disque éponyme. Un concentré de nappes électroniques trempé dans un élixir de jouvence, qui a déjà enfanté les singles "Strangers", "Fantasy" et "Washed Away". Après une tournée parsemée de festivals (Eurockéennes, Musilac etc.), il était grand temps pour les protégés de Yuksek de se lancer seul dans un bain de foule.

Retrouvez l'interview de Juveniles que nous avions réalisée l'an passé

La salle est déjà presque comble au moment où les garçons de O Safari, autre tandem émergent du vivier rennais, grimpe sur la scène. Crinières blondes au vent, les deux musiciens entonnent avec une surprenante aisance les compositions de leur premier EP "Taxi". L'effervescent jeu clavier/batterie contamine le public, déjà chauffé à blanc au moment où les lumières s'éteignent vers 21h pour accueillir Jean-Sylvain Le Gouic et Thibaut Doray, les héros de la soirée, bientôt accompagnés par Christophe Sauvaget et Ousseynou Cissé en soutien à la basse et au synthé.

Retour vers le futur

Direction les glorieuses années 80 dès les premières notes de "Through the Night". Devant son micro, Jean-Sylvain révèle tout le magnétisme de sa voix à la Morrissey, l'iconique chanteur des Smiths, inspiration plus qu'évidente qui transparaît jusque dans son look capillaire. Les morceaux s'enchaînent alors sans temps mort, ne laissant la bulle éclater que lors de rares échanges avec le public. Les guitares électriques ronflent sur "Strangers" et "Logical", deux pistes phares de l'album où les refrains et leurs choeurs fédérateurs gagnent une autre dimension lorsque repris en écho par des spectateurs enivrés par ce virage rock'n'roll.

Visionnez le clip "Strangers" de Juveniles :



C'est bien là la vraie force des Juveniles : brouiller les pistes. Surf-rock, new-wave et electropop, la palette déployée survole les frontières musicales pour surprendre. Sur "Blackout", issu d'un EP pour Kitsuné, un gimmick imparable apporte enfin ce grain de folie, celui qui manquait pour faire décoller un show aux rouages jusque-là bien huilés. La formation se détache de sa prestation pour se livrer sans retenue. "We Are Young", brûlante signature, ravive le paradoxe entre la fougueuse jeunesse du groupe et son amour pour les instruments bien plus âgés. L'ombre de New Order n'est pas loin !

Le dernier segment prend des allures de "Saturday Night Fever" avec un enchaînement de compositions pulsées d'une vibe funky, jouées pour la première fois. Un parti pris déjà expérimenté sur le réussi "Fantasy", entonné en osmose avec les quelques 400 personnes présentes. La piste instrumentale "Void (In & Out Of The)" vient clore ce joli moment d'évasion, que l'on aurait souhaité un peu plus long. Il faudra pourtant se contenter des 12 morceaux de cette setlist - rappel compris - où les ballades aériennes "Washed Away" et "Elisa" auront fait sentir le poids de leur absence. On les aurait bien vues se glisser entre deux morceaux frénétiques, histoire d'offrir un aperçu de cette mélancolie qui caractérise aussi les Juveniles. Mais les fans le savent désormais : ils peuvent courir aux futurs concerts de la bande les yeux fermés.