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Enregistré entre Los Angeles, Santa Monica et Suresnes, réalisé par Don Was (Rolling Stones, Bob Dylan), le nouvel album de Johnny Hallyday a été écrit en collaboration avec plusieurs auteurs et compositeurs de renom, parmi lesquels Isabelle Bernal, David Ford, Daran et Miossec, déjà aux crédits de son prédécesseur. Johnny n'a pas cherché à s'entourer des auteurs "stars" du moment mais s'est appuyé sur une équipe qui le connaît bien (Yodelice, Jeanne Cherhal, Pierre-Dominique Burgaud...). Ceux-là ont su trouver les mots appropriés et les tonalités justes pour mettre en forme les pensées d'un homme qui aborde la vie et la mort avec philosophie.

Un disque raccord avec son âge et sincère

Rock'n'roll et teinté de blues, cet album alterne entre des morceaux pêchus, aux sonorités légèrement rugueuses, et d'autres, downtempo, doux et parfois mélancoliques. Si "Rester vivant" n'est pas musicalement révolutionnaire, sa force réside dans ses textes, cohérents avec l'homme qu'est Johnny aujourd'hui. A 71 ans, le chanteur accepte encore de se mettre à nu et admet qu'il est héritier de ses choix et de ses actes ("J'ai ce que j'ai donné"). Indéniablement, le poids de l'âge le pousse à s'interroger. L'artiste évoque la mort quand il cite la vie dans "Seul", une ballade jouée au piano mettant en valeur une voix qui n'a rien perdu de son éclat. Serein malgré tout, il donne le meilleur de lui-même dans la chanson "Te manquer", l'une des plus percutantes de cet album, qui prend des allures de marche funèbre.

Des titres à la fois très personnels et universels

L'amour plus fort que la mort ? C'est l'une des questions existentielles que l'artiste se pose, notamment à travers le titre "A nos promesses", dont le rythme enlevé conclut parfaitement ce disque plus positif qu'il y paraît. En effet, Johnny Hallyday y affirme qu'il avance sans crainte et reste droit dans ses bottes. Ce qui nous amène à évoquer l'une des plus belles chansons de cet album pour sa mélodie : "Une lettre à l'enfant que j'étais". L'artiste enfile alors son costume de vieux sage pour prodiguer de précieux conseils à ses enfants, leur demandant d'être francs et de rester dignes, tout en admettant que les voir grandir est aussi un énième témoignage d'une fin inéluctable ("Te voir grandir").

Pour se consoler, il y a donc l'amour, comme le chante Johnny à travers les titres "Regarde-nous" et "Rester vivant", dont le pont aux cuivres est l'un des temps forts de ce disque. Et pour apporter un peu de fraîcheur à cette introspection, l'album renferme un titre un peu plus léger qui fait figure d'ovni : "Au café de l'avenir". Ce morceau enjoué évoque le rapport que l'artiste entretient avec l'alcool, avec une pointe d'ironie bienvenue. Le chanteur y exorcise ses démons sans jamais tomber dans le pathos. Finalement, on ressort nous-mêmes apaisés de ce voyage intimiste.