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A peine 18 mois séparent "L'attente", le nouvel opus de Johnny Hallyday, de son prédécesseur. Avait-il tant de choses à dire, ou souhaitait-il simplement faire oublier le semi-échec de "Jamais seul ? Pourtant, l'artiste ne tourne pas la page. Au contraire, il retourne en arrière. Son 48ème album est teinté d'une nostalgie que le titre éponyme et premier extrait laissait envisager. « J'ai tout fait contre. J'ai rien fait pour. J'ai joué la montre. J'ai perdu mon tour », chante le rockeur qui, sous couvert d'interpréter une nouvelle romance, évoque le temps qui passe.

Les souvenirs, bien souvent, sont mélancoliques. Et pour trouver les mots justes, Johnny Hallyday a fait confiance à la plume de Miossec, qui signe un peu plus de la moitié des titres. Trois femmes ont également fait preuve de leur savoir-faire : Isabel Bernal, Marie-Laure Douce et Emmanuel Cosso, associées aux textes les moins personnels de l'album. Chacun des nouveaux morceaux est le récit d'une histoire d'amour, bercée entre le regret et l'espoir, à l'instar de "A 20 ans", dans lequel Johnny chante sa joie de vivre après avoir connu « les dettes » et « les martyres », expliquant qu'à 69 ans, la vie peut encore être belle et que l'amour y concourt.

Sur des riffs de guitares puissants et un son presque saturé, plus pop, Johnny Hallyday délivre une déclaration d'amour sur "Amour à mort" et l'amour s'invite aussi dans "La femme aux cheveux longs", un titre sur lequel on a glissé un harmonica qui nous rappelle que le chanteur est fana de rock américain, remis en avant sur ce disque. Il rend d'ailleurs hommage à l'artiste naturaliste Edward Hooper dans le titre "Un tableau de Hooper", dont la mélodie et certaines intonations ne sont pas sans rappeler la chanson "Tennessee".

"L'Attente", l'album de la rédemption

"L'Attente", c'est aussi une renaissance, une rédemption. Avec dynamisme, dans la chanson "Refaire l'histoire", emplie d'amertume, Johnny Hallyday prend de la hauteur et se demande s'il ne vaut mieux pas tout recommencer : « Je rêve encore le soir en fermant les yeux / Je veux si fort refaire un jour l’histoire ». Mais pour recommencer, il faut savoir pardonner et tirer un trait sur le passé. C'est ce que Johnny chante dans "N'en vouloir à personne", très personnel, dans lequel il assume qu'il faille parfois « toucher le fond » pour rebondir. La ballade "Un nouveau jour" revient sur ces erreurs, pas oubliées, qui forgent le caractère : « Un nouveau jour / Pour tout recommencer / Pour se faire pardonner / Les fautes du passé ».

Bertrand Lamblot, directeur artistique, et Yvan Cassar, à la réalisation, ont trouvé le juste équilibre entre les ballades portées par une voix qu'on croirait retrouver, et des titres au tempo plus rapide. Ils ont offert à Johnny un disque ancré dans le blues, lorgnant sur le rock américain, et à la fois moderne. La voix de Johnny a fait le reste. Potentiel prochain tube, "Devant toi" est à l'image de "L'Attente" : un nouveau pari, une remise en question, une mise à nu.