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Le Zoulou blanc s'en est allé. A 66 ans, le musicien Johnny Clegg est décédé à Johannesburg ce mercredi 16 juillet des suites d'un long combat contre la maladie. « Johnny est décédé paisiblement aujourd'hui, entouré de sa famille à Johannesburg (…) après une bataille de quatre ans et demi contre le cancer » a annoncé son manager, Rodd Quinn, à la télévision sud-africaine. Célèbre visage de la lutte contre l'apartheid, l'artiste, dont la mère était originaire de la Rhodésie (ancien Zimbabwe), se savait condamné et avait entamé l'an dernier une tournée d'adieux à travers le monde. « Il a joué un rôle majeur en Afrique du Sud en faisant découvrir aux gens différentes cultures et en les rapprochant. Il nous a montré ce que cela signifiait d'embrasser d'autres cultures sans perdre son identité » a rappelé un communiqué relayé par l'AFP.

"La France a assuré mon succès"

Sa tragique disparition trouve un écho particulier en France, où Johnny Clegg avait connu un franc succès en 1988 avec l'album "Third World Child", son premier avec le groupe Savuka. Le disque avait connu un rayonnement international grâce au titre "Asimbonanga", une chanson en zoulou dédiée à Nelson Mandela, alors prisonnier sur l'île de Robben Island en Afrique du Sud, et "Scatterlings of Africa", inclus sur la bande originale du film "Rain Man" avec Dustin Hoffman et Tom Cruise. Mais ce fut en France que son plébiscite fut le plus considérable. A cette époque, "Third World Child" était resté numéro un des ventes durant 14 semaines, un accueil que le chanteur ne s'expliquait pas. « Jean-Marie Le Pen avait obtenu 15% des voix et les Français étaient sous le choc. Et voilà qu'un Blanc, originaire d'un pays raciste, venait leur présenter un concert multiculturel. La France a façonné ma carrière. Elle a assuré mon succès international et a été la première à reconnaître ma contribution à la lutte contre l'apartheid. L'an dernier, le gouvernement sud-africain m'a conféré la plus haute décoration. Mais c'est arrivé vingt ans après la France » confiait Johnny Clegg en 2013 au quotidien suisse Le Temps, en rappelant qu'il avait été ordonné chevalier des Arts et des lettres dès 1991 par le gouvernement de François Mitterrand.

Plus fort qu'Ed Sheeran !

Ainsi, alors que Yannick Noah, Hélène Ségara et d'autres personnalités du monde de la musique lui rendent hommage depuis hier, le répertoire de Johnny Clegg connaît un regain spectaculaire dans les charts français. Sur iTunes, l'emblématique "Asimbonanga" se classe numéro un des téléchargements depuis plus de 24h devant le tube "Old Town Road" de Lil Nas X. Le morceau est suivi de "Scatterlings of Africa", deuxième des ventes, tandis que d'autres versions de ces titres (alternatives, en live...) se positionnent 16ème, 24ème, 45ème et 52ème. Le titre "Africa" atteint quant à lui le 92ème rang. Du côté des albums, "The Best of Johnny Clegg" caracole en tête du Top digital (devant Ed Sheeran !) et une autre compilation, "The Best of Johnny Clegg (1979 - 2016)", se fraye un chemin dans le top 5. "Third World Child" est pour le moment 14ème. En tout, ce sont six projets différents qui suscitent l'émotion des Français. A noter que son répertoire est aussi plébiscité en Afrique et Afrique du Sud, ainsi que dans d'autres pays francophones comme la Suisse et la Belgique.