Il y a peu, une partie de l'équipe de la rédaction de Charts in France était invitée par Faustine Bollaert pour évoquer les chansons honteuses que l’on adore. Fort d’une analyse digne du E=MC² d’Enstein ou de l'après match d’une Mary Pierce lorsqu’elle remporta Rolland Garros, nous avions expliqué très simplement que ces chansons avaient toujours existé et que le tube de "René La Taupe" ou le single du site "Vie de merde" n’étaient pas des cas isolés. La fin du mois d’octobre 1993 en est d'ailleurs un bel exemple. En effet, à la dix-neuvième place, nous retrouvons le "Capitaine Flamme" de Pleasure Game et à la seizième le fameux "C’est okay" des Visiteurs, surfant sur le succès colossal du film qui fit plus de 13 millions d'entrées et qui fut nominé neuf fois aux Césars. Le single "L’île aux enfants" de Casimir se hisse quant à lui à la huitième place, mais le Top 50 du 24 octobre 1993, ne s’arrête pas là... C’est vrai, pourquoi s’arrêter devant de tels chefs d’œuvres ! A la quatrième place, on retrouve le groupe de reggae languedocien (tout un programme) Reg’Lyss avec "Mets de l’huile !", et à la troisième place "GO Cul-ture" avec "Darla dirladada" (appréciez le trait d’union...). Notez que le groupe Reg’Lyss, originaire de Montpellier, après une sélection au Printemps de Bourges en 1990, sort son premier album "Vive les gestes" en 1992 dont est issu "Mets de l'huile !". Il devient l'un des grands succès de l'année 1993 en France, atteignant par deux fois le numéro un au Top 50, y restant classé 32 semaines consécutives. Le groupe est par ailleurs nommé aux Victoires de la musique.

Redécouvrez « Mets de l’huile » de Reg’Lyss :


Si le Top 50 d’octobre 1993 fait la part belle aux chansons, comment dire... avilissantes, le classement se veut aussi très éclectique. A la neuvième place, on retrouve le chef d’œuvre "Everybody Hurts" de REM, repris plus tard par The Coors, et à la cinquième place Hélène Rollès avec "Je m’appelle Hélène", nous y reviendrons un peu plus loin. A la seconde place, Céline Dion pointe son nez, désespérée, folle de son ami homo avec "Ziggy", sur des paroles de Luc Plamandon. Enfin, à la première place, on retrouve Freddie Mercury et son titre "Living on my own", chanson écrite par Freddie Mercury qui apparaît sur son opus “Mr. Bad Guy” avec d'autres classiques, tel que "Barcelona". La chanson comprend des refrains très entraînants, une rythmique très présente grâce à la batterie ainsi qu’un solo de piano. En 1993, un remix dance de ce titre est réalisé et devient un succès colossal joué dans les clubs du monde entier et vendu à plusieurs milliers d’exemplaires dans le monde entier. Le remix est signé Serge Rameakers, Colin Peter et Carl Ward pour No More Brothers Productions. Le clip met en scène Freddie Mercury dans une fête costumée pour le moins déjantée. Il porte une veste de Général avec un pantalon à carreaux blanc et noir.

Redécouvrez le clip de "Living on My Own" de Freddie Mercury :


Mais si Freddie Mercury et Céline Dion caracolent en têtes des ventes de disques, si les Visiteurs cartonnent au cinéma, l’icône française du moment est une fille comme les autres : Hélène Rollès. Hélène Rollès, ou la naissance d’une icône éphémère. Une icône à tel point qu’en 1993, elle fait la une du "Sunday Times" qui l'a rebaptise "The New Bardot". Entre 1992 et 1994, Hélène a réuni chaque soir près de 6,5 millions de téléspectateurs autour de la sitcom "Hélène et les garçons" dont elle était l’héroïne. La série, jusqu’à l’arrivée de "Sous le Soleil", sera la plus vendue à l’étranger pour une production française. Turquie, Chine, Russie, tous s’arrache le programme. Puis "Hélène et les garçons" laissera place au "Miracle de l’amour" qui réunira tout de même 4 millions de spectateurs à chaque diffusion. Elle écoulera en moins de quatre ans plus de 2,5 millions d’albums, fera la tournée des Zéniths, remplira Paris-Bercy six soirs de suite, fera une tournée en Suisse, Belgique mais aussi en Norvège. Les tubes s’accumulent : "Pour l’amour d’un garçon", "Peut être qu’en septembre", "Dans ses grands yeux verts" et son plus grand hit, "Je m’appelle Hélène". Ce morceau est à l'origine d'un passage cocasse de l'épisode de "J'irai dormir chez vous" consacré à la Chine. Antoine de Maximy se rend compte que cette chanson est considérée en Chine comme représentative de la culture française et qu’elle est parfois utilisée comme musique d'ambiance lors des cérémonies de mariage. Le tourbillon Hélène a pris fin en 1995, avec la fin de la machine promotionnelle qu’était le Club Dorothée. Elle devrait d’ailleurs rejoindre Dorothée sur la scène de Bercy en décembre prochain (en savoir plus).

Redécouvrez "Je m’appelle Hélène" de Hélène Rollès :


En 1993, j’avais onze ans, j’étais fou amoureux d’une fille pas comme les autres aux cheveux longs, blonds, je trouvais qu’"Hélène et les garçons" était une série profonde avec de vrais problèmes de société. Depuis, j’ai connu la puberté et revu les épisodes d’"Hélène et les garçons" sur AB1...