Crédit photos : Sand Mulas.

C'est au festival du Chien à plumes, que la photographe Sandrine Mulas est allée à la rencontre de Cali. Le rebelle le plus déjanté de la chanson française a publié en novembre dernier son quatrième album, "La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon cœur". Si contrairement à ses précédents opus, le disque reçoit un accueil très mitigé de la part des critiques (mais aussi du public), qui, en plus de trouver le titre très étrange (« un titre qui partage le lecteur entre le fou rire moqueur et la sincère inquiétude sur la santé mentale de l'artiste », dixit "Télérama"), déplorent le goût démesuré du patho et la « théâtralité dégoulinante des mots et de la voix pour sensibiliser le public [qui] frisent souvent le ridicule », l'artiste n'en demeure pas moins heureux sur scène (son domaine de prédilection) où il fait chaque fois salle comble.





Par ailleurs, "Cantona" est actuellement le troisième extrait de ce dernier opus, succédant aux titres "L'amour fou" et "Je te veux maintenant". Une version collector, l'édition “généreuse”, est également disponible dans les bacs. Elle propose en plus de l'album, 9 cartes photos, un DVD "Tu honoreras ton erreur comme une intention cachée", le livre "Cali, l'insurgé de la République" écrit par Michel Reynaud, et un deuxième album: "Vous savez que je vous aime". Le clip de "Cantona" rend un vibrant hommage à l'ex-star de Manchester United, tourné en live au Forest National de Bruxelles ; celui que les anglais rebaptisaient King Eric, y fait une apparition exceptionnelle. Taciturne, renfrogné et placide, fidèle à lui-même... légendaire ! « Quand j’étais vivant, moi je voulais être Eric Cantona, et marquer ce but contre Sunderland, et lever les bras. », se lamente Cali dans les paroles de cette chanson. Lors d'une interview qu'il nous accordait récemment, le chanteur revenait sur les raisons qui l'avaient amené à honorer en musique celui dont il accrochait le poster dans sa chambre à l'âge de vingt ans. « L’idée c’est de présenter le héros qu’il incarne. », raconte-t-il. « Sur le refrain, j’ai voulu mettre ce fameux but qu'il a marqué contre Sunderland. C’est plus qu’un moment de sport mais un instant de grâce. Quand il marque, au lieu de faire comme tous les joueurs, c'est à dire de crier partout et de lever son T-Shirt, il lève les bras au ciel en le regardant. Une vraie vie d’homme à laquelle j’ai voulu rendre hommage. ».

Visionnez Cali live, "La fin du monde" :


L'artiste, qui est toujours en tournée dans toute la France, se produira notamment le 27 août à la foire de Chalons-en-Champagne, en septembre au festival de l'Ilophone de Ouessant, aux Musik'elles de Meaux, et le 25 novembre prochain à l'Espace Cardin de Paris.

Mèche brune et œil bleu, il chante "L'amour parfait" (titre de son album de 2003), mais pas dans le style variété sirupeuse. Bruno Caliciuri aka Cali, affiche un parcours déjà très personnel. Né près de Perpignan, de racines à la fois catalane et calabro-sicilienne, il se passionne d'abord pour le rugby tout en écoutant pêle-mêle U2, Jacques Brel, Léo Ferré, Simple Minds et The Waterboys. Après être passé par le punk et avoir intégré de nombreuses formations de sa région, il aborde véritablement la scène en 1994 avec le groupe Indy, objet de deux CD auto-produits et près de 200 concerts. Suivra une nouvelle expérience plus rock (Tom Scarlett), la participation à différents orchestres de bal, puis l'envie récente de chanter en solo, sous le nom de Cali. Entre temps, il a appris à composer des chansons, jouant volontiers du mot cru et déclinant sur voix râpeuse une sentimentalité plutôt sombre, non dénuée d'humour. Des Francofolies de La Rochelle aux premières parties de Brigitte Fontaine ou Bénabar, il commence à sérieusement tracer son chemin, bien aidé par les radios qui ont craqué pour son très opportun "C'est quand le bonheur ?". Un bonheur que l'artiste rencontre avec l’engouement d'un public grandissant. Fin 2005 sort "Menteur" un deuxième opus toujours animé par cette rage des mots, cette urgence musicale qui distinguent l'artiste de ses collègues “gnangnan de la nouvelle chanson”. On comprend alors que la quiétude chez Cali a le plus grand mal à se dissimuler derrière ses chansons/brulôts marquées autant par a vision branque de Tom Waits que le rock sulfureux de Sonic Youth. "L'espoir" en 2008 sort l'artiste de son introspection. Cali est le témoin de la violence de la dernière campagne des élections présidentielles. Une expérience qui ne trouve qu'une alternative à ses yeux; l'amour et un engagement politique qui évoque la lutte de ses grands-parents anarchistes.