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Quatre ans ! C'est le temps qui nous sépare de la parution du premier album de Berry. Depuis, "Mademoiselle" est devenue "Madame" en embarquant avec elle d'autres passagers. Son nouvel album, sorti le 23 avril, marque une évolution significative en termes de production, plus aboutie. Mais là où l'aspect plus technique de la réalisation marque des points, Berry perd en spontanéité, ce qui avait fait le charme de son premier essai.

Qu'importe, la marque de fabrique de Berry est toujours là et toujours aussi séduisante. Ceux qui ont été conquis par l'album "Mademoiselle", par la douceur de la voix de la chanteuse, par ses mots tendres et durs à la fois, ses mélodies entêtantes, le seront par l'album "Les passagers". Car la recette reste la même, sans compromis, et sans surprise. La nouvelle œuvre de Berry reste dans la continuité de la première. Il faut dire qu'elle a travaillé avec la même équipe, composée notamment de Manou qui réalise les mélodies, l'essence de ce projet : « Ce sont elles qui inspirent les textes que j'écris. Il me propose des mélodies qui amènent les mots. C'est quasiment toujours la forme qui apporte le fond de mes chansons. Après, je réécris beaucoup mes textes. Je travaille beaucoup dans les bistrots. Ce qui me donne envie de chanter, c'est cette musique. » insiste la chanteuse.

Musicalement, on retrouve les guitares et les percussions, auxquels s'ajoute l'orgue. L'artiste trentenaire, sur laquelle le temps n'a semble-t-il pas d'emprise, joue sur les contretemps en évoquant les années passantes.

Dans "Les passagers", il est avant tout question de voyage : « Nous sommes des passagers, nous ne faisons que passer, le ciel pour nous guider. ». Cet album est le récit des deux dernières années de la vie de Berry, bercée entre les scènes du Brésil et de Taïwan, et entre l'envie d'écrire de nouvelles chansons. Un voyage prenant l'allure d'une quête spirituelle pour rendre compte de l'impact limité de nos petites vies sur terre : « Si c'est la vie qui choisit… Si c'est la nuit qui mène au paradis » ("Si c'est la vie"), ou : « Je vais voir du pays sur un air liberté compagnie. » ("Voir du pays"). Presque impuissant, l'homme n'est pas libre de tous ses choix. « Nous prenons trois ou quatre grandes décisions dans notre vie. Je parle de décisions qui changent notre vie. Le reste du temps, on s'adapte à des circonstances. Certaines nous obligent à grandir et d'autres nous laissent à terre. C'est ça la vie ». confiait Berry à Pure Charts.

"Les passagers", c'est aussi un voyage amoureux. En douze morceaux, la chanteuse exprime ses sentiments et raconte entre les lignes ses histoires d'amour. Les histoires finissent souvent mal pour Berry, mais la passion dévorante vaut le coup d'être vécue, bien qu'elle appelle parfois au désespoir et à la tristesse. « Même si je le voulais / J'en ai trop dit, tu en as trop fait / Il est plus que tard / Maintenant je pars… » ("Non ne le dis plus"). L'amour, c'est à la fois la douceur des mots et des gestes, que l'on retrouve dans la voix de l'interprète et dans les mélodies, mais aussi des mots plus durs et un ton plus soutenu. Aux tendres phrases alambiquées qui se font plus rares sur cet album, Berry oppose des injures plus directes : « Non mais it's looks like le bonheur / Fuck tout ce que j'en avais dit. ». Une opposition qui rend compte de la vraie personnalité de Berry et que l'on retrouvait déjà sur l'album "Mademoiselle", notamment dans le titre "Enfant de salaud".

Finalement, Berry nous offre le moyen de décrocher le temps d'un disque, de penser à ce qui encombre notre esprit au quotidien mais avec légèreté, rappelant que nous sommes tous des passagers dans le même vol, avec une destination unique.

Seule vraie surprise de cet album, la chanson "Brune", très gainsbourdienne dans le phrasé.