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À 23 ans, Angèle caracole en tête des charts et passe en boucle à la radio avec ses tubes décomplexés, mélange de pop urbaine et d'humour. Le message féministe de son single "Balance ton quoi" a même valu à la chanteuse belge de recevoir les éloges du prestigieux New York Times. Une belle revanche pour l'artiste, qui a écrit ce titre percutant après avoir été victime de sexisme dans sa vie quotidienne. « J'étais dans le métro et je m'étais fait insulter. C'était super déplacé, j'avais une jupe et il avait fait une remarque là-dessus... C'était un gros con ! Voilà s'il se reconnaît, c'était à Bruxelles dans la ligne 6. Mais bon, j'ai envie de lui dire merci car grâce à lui j'ai écrit une chanson » raconte Angèle dans un portrait que lui a consacré l'émission "Sept à huit" ce dimanche sur TF1.

"Il sait très bien ce que je pense de ses textes"

Si ses textes grinçants se jouent des codes de la société, la chanteuse se voit fréquemment reprocher d'avoir assuré en 2018, au début de sa carrière, les premières parties du rappeur Damso, dont les textes sont souvent épinglés pour sexisme. Alors que la journaliste Stéphanie Davoigneau lui demandait si elle ne trouvait pas cette démarche « contradictoire » avec sa façon de penser, Angèle a préféré assumer. « C'est totalement paradoxal » a-t-elle d'abord concédé, avant d'expliquer en quoi ce choix lui avait permis de faire entendre son point de vue : « Bien sûr j'y ai pensé, bien sûr je me suis demandé : "Est-ce que j'ai ma place là ? Est-ce que je cautionne ses textes ?" Et puis je me suis dit, arriver en première partie seule sur scène avec mes textes, avec mes chansons, j'avais un peu l'impression d'aller sur le terrain. Je me suis dit que j'allais aller face à des mecs qui ne savent peut-être même pas ce qu'est le féminisme, qui ne se rendent pas très bien compte que, même s'ils se disent que les paroles c'est pour rire, c'est pas bien (…) D'arriver moi, en tant que jeune fille toute seule, c'était une manière de me dire "Moi aussi j'ai des couilles et je suis là !" ».

VIDÉO - Angèle en interview : "Le second degré me permet de garder le recul"

Sa collaboration avec Damso, qui s'est ensuite étendue au titre "Silence" extrait de l'album triple platine "Lithopédion", s'est inscrite selon Angèle dans une prise de conscience plus large : « Si Damso fait appel à moi, c'est que peut-être aussi parce qu'il est en train de se remettre en question, peut-être qu'il a aussi envie lui de s'ouvrir (...) Il sait très bien ce que je pense de ses textes ». Ainsi, pour la chanteuse, « on ne peut pas demander du jour au lendemain à un rappeur qui a ses codes, même s'ils sont basés sur le sexisme, de changer et de le blâmer ». « Par contre, j'espère que ces choses-là vont changer (…) Je ne crois pas que c'est moi qui vais l'aider à changer, je pense qu'on change tous ensemble » a conclu l'interprète de "Tout oublier".