Le succès mondial et phénoménal de "21", le dernier album d'Adele, en inspire plus d'un. Récemment monté au créneau concernant l'utilisation de plus en plus récurrente de l'image des femmes en tant qu'objets sexuels dans l'industrie musicale, Richard Russell, fondateur de XL Recordings, voit en Adele l'annonce d'un changement possible. Selon lui, le recours systématique au sexe par les artistes féminines actuelles a conduit à une musique « ennuyeuse, grossière et peu originale ».

La performance de la chanteuse, qui a passé 15 des 17 dernières semaines en position de numéro un des charts avec son deuxième album, "21", pulvérisant le record de Madonna (neuf semaines en tête) et bien d'autres encore « relève du postulat politique et même radical. » a-t-il ajouté. « Le message avec [Adèle], c'est que c'est juste de la musique, c'est vraiment de la bonne musique », poursuit Russell qui décidément ne tarit pas d'éloges sur sa protégée. « Il n'y a rien d'autre. Il n'y a aucun truc, pas de vente de la sexualité. Je pense que sur le marché américain en particulier, ils en sont arrivés à la conclusion que c'est la chose à faire pour réussir ».

Pourquoi une telle virulence ? Cette attaque fait suite à des chansons récentes, telles que "S&M" de Rihanna, dont les paroles sont explicites : « des bâtons et des pierres peuvent briser mes os, mais les chaînes et les fouets m'excitent ». La chanson a été critiqué par certains pour l'utilisation extensive de l'imagerie sadomasochiste dans sa vidéo. « Mais maintenant, vous voyez que Adele est numéro 1. C'est une bonne chose, c'est stupéfiant ! Non seulement les jeunes filles, mais aussi les gens de l'industrie qui sont derrière toutes ces vidéos, vont le voir. Cela va les amener à réfléchir sur ce qu'ils devraient faire ». Qu'une femme artiste puisse réussir sans céder aux pressions de se conformer à un type de physique, ou à une instrumentalisation de sa sexualité, « c'est tout simplement incroyable » conclut-il.



Adele pour sa part s'exprimait ouvertement à ce sujet dans les colonnes de nos confrères de "Q magazine", insistant sur le fait qu'une image sexualisée ne cadrait pas avec sa musique : « Si vous avez le physique pour et que cela cadre avec cotre musique, en faire étalage pourquoi pas ? Mais je ne peux pas imaginer arborer des armes, de la crème fouettée sortant de mes seins. Même si j'avais le corps de Rihanna, je ferais encore la musique que je fais ».